Première ascension féminine de « Histoire sans Fin » (8b+, 200m) dans le massif du Mont-Blanc

© Andrea Cossu / Onsen Productions
C’est l’une des lignes de granit les plus convoitées d’Europe. « Histoire sans Fin », nichée sur les parois du Petit Clocher du Portalet, dans le massif suisse du Mont-Blanc, vient de connaître une ascension remarquable : l’Italienne Camilla Moroni a réussi la première ascension féminine en libre de cette grande voie longue de 200 mètres, accompagnée de Pietro Vidi.
Une ligne prestigieuse
Ouverte dans les années 2000 par Didier Berthod et François Mathey, puis finalisée deux décennies plus tard grâce aux contributions de Fabien Borter, Bertrand Martenet et de nouveau Berthod, « Histoire sans Fin » propose huit longueurs, avec une cotation maximale de 8b+.
Ce n’est qu’en 2021 que cette grande voie de 200 mètres fut enchaînée pour la première fois en libre par le duo belge Seb Berthe et Siebe Vanhee, qui n’hésitèrent pas à la qualifier de « meilleure voie de granite de ce niveau en Europe ».
Un combat à deux sur 200 mètres
Camilla Moroni et Pietro Vidi arrivent au pied du Petit Clocher du Portalet le 1er juillet. Entre les averses orageuses, ils travaillent les longueurs pendant trois jours, avant de revenir les 9 et 10 juillet pour peaufiner les méthodes. Le 12 juillet, la cordée lance enfin sa tentative d’enchaînement intégral.
Pietro Vidi réalise une ascension parfaite, menant chaque longueur en tête, sans chuter. Camilla, elle, se heurte à plusieurs reprises aux sections les plus dures, notamment la quatrième longueur cotée 8b+, qu’elle enchaîne après trois essais, et la terrible arête de la sixième longueur (8b), qu’elle réussit au deuxième essai. Elle termine ensuite la voie en beauté, franchissant le dernier 8a+ en dalle à vue, en tête.
Une transition express des compétitions au rocher
Camilla Moroni, 24 ans, est loin d’être une inconnue dans le monde de l’escalade : habituée du top 10 en Coupe du Monde de bloc, elle brille également sur le rocher avec des blocs jusqu’au 8B, et plusieurs grandes voies à son actif.
Cette ascension marque un nouveau tournant dans sa carrière : « Après la saison de compétition, j’avais besoin d’un break. J’ai décidé d’aller en falaise trois semaines, sans préparation spécifique. Ça faisait six mois que je n’avais pas mis de baudrier », confie-t-elle.

© Andrea Cossu / Onsen Productions
« Je dois avouer que deux jours avant notre tentative finale, je ne me sentais pas très confiante. Mais après une journée de repos, j’ai basculé en mode « compétition » », poursuit-elle.
Le soutien sans faille de Pietro Vidi
Pietro Vidi a été un compagnon de cordée idéal pour Camille. Il est resté sur la paroi pendant près de 12 heures pour accompagner Camilla dans ses combats successifs.

© Andrea Cossu / Onsen Productions
« Dès que Camilla m’a montré une photo de cette arête l’an dernier, j’ai su que je voulais l’essayer. La voie est aussi belle qu’exigeante », raconte-t-il.
Le grimpeur trentinois n’en est pas à sa première réalisation d’envergure, avec des blocs tels que « Dreamtime » 8C, Roadkill 8C, ou encore « Flow State » 8C+ à son actif.
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