Plutôt connu pour ses performances en compétitions chez les jeunes, Nao Monchois n’en reste pas moins un adepte du rocher également. Et cette fois, c’est dans l’objectif d’équiper (et de grimper un peu aussi bien sûr) que le Franc Comtois s’est envolé pour le Maroc. Récit.
Nouvelle saison, nouvelle année, nouveaux projets ! En compagnie de deux bons copains de falaise, Romaric Geffroy et Guillaume Colin, nous décidions cette année de troquer le foie gras et le mauvais temps français pour un trip plus exotique : direction le Maroc pour un dépaysement total ! L’idée de ce projet vient de Théo Denier; équipeur et grimpeur aussi fort que discret toujours prêt à se plier en 4 pour aider les jeunes franc-comtois motivés. Il nous parlait depuis bientôt 2 ans des « Gorges du Tarn marocaines » au potentiel incroyable, il fallait bien aller voir ça quand même !
En bon compétiteur toujours en quête d’objectifs, c’était une première pour moi de faire un voyage de grimpe qui n’était pas axé sur la performance. En effet, le but était de contribuer au développement de l’escalade dans les gorges d’Oued el Abid tout en grimpant les lignes déjà équipées. Ainsi, après une journée à se faire alpaguer dans les rues de Marrakech en achetant des babouches trop chères, nous rejoignions le calme de la ville campagnarde de Tiski, accueillis par notre hôte Fatiha. La première constatation en comparaison à notre mode de vie « occidental » est que nous étions amenés à vivre beaucoup plus simplement.
Fini le bain et le chauffage, ici c’est douche au seau et plaid! ! Nous n’étions également pas préparés à tant de bienveillance : a contrario du tourisme parfois « rustre » de Marrakech, les habitants de la région d’Ait Attab sont d’une sympathie et d’une simplicité rare envers les touristes.
Accompagnés de notre contact local Abd Elkhalak, nous décidions de consacrer les premiers jours à grimper et prospecter dans les différents secteurs déjà équipés afin de s’habituer au rocher et de repérer quelques lignes qui pourraient nous inspirer. Nous apprenions par la même occasion les automatismes à avoir en grimpant dans du rocher neuf qui « croustille ». Avant chaque prise, il faut la sonder rapidement pour évaluer sa solidité tout en essayant de garder du relâchement, sous peine de finir très vite explosé en rési ! Et c’est plus difficile qu’on ne le pense, croyez moi…
Le 3ème jour, nous nous lançons enfin dans l’équipement de notre première voie ! Bien heureusement, Romaric et Guillaume avaient de bonnes bases enseignées lors du RAP (programme mis en place par la FFME) contrairement à moi qui n’avait pas la moindre idée de comment fonctionnait un goujon. L’équipement se décompose globalement en 3 phases : le repérage de la ligne, la purge du rocher fragile et le plantage des goujons (ou spits). Lorsque le haut de la face est accessible, il est plus facile d’équiper « du haut », c’est à dire en installant une corde statique dans l’axe de la ligne. En effet, équiper « du bas » nécessite de poser des points tout en grimpant dans du rocher non nettoyé : c’est bien plus physique et fastidieux, Romaric et Guillaume peuvent vous l’attester. La principale difficulté dans l’équipement (et également ce qui rend la discipline très intéressante) est d’avoir le flair pour trouver les bons itinéraires, le bon placement des points. Pour la même ligne, un bon équipeur mettra une demi-journée contre plusieurs jours pour un débutant, avec des placements moins optimaux.
Ainsi, accompagnés d’une belle troupe de français, une petite routine s’installa au fil des jours alternant grimpe, tajine, et équipement jusqu’à la tombée de la nuit. Au final, nous avons équipé une dizaine de lignes à nous 3 et accumulé beaucoup d’expérience d’escalade sur du rocher neuf tout en grimpant de très belles voies. Un grand merci à Abdel, Fatiha et tous les locaux d’avoir soulevé ciel et terre pour nos moindres « Mouchkils » et sans qui j’aurai perdu un œil. Merci également aux initiateurs du projet d’avoir découvert et fait partager ce magnifique site; aux copains sur place pour la bonne ambiance; à Beal pour avoir sauvé nos vies; à La Sportiva pour avoir empêché d’amocher mes pieds moches; À Planetgrimpe pour m’avoir permis de partager ce trip; À la Fondation INP pour leur soutien; Et à tous mes autres partenaires qui m’apportent beaucoup au quotidien. Yallah !
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