Mattéo Soulé vient à bout de « La guerre des Wolf », 9a+
Mattéo Soulé n’a que 16 ans, et pourtant, il vient de valider son premier 9a+ après avoir déjà enchaîné quatre 9a. Originaire de l’Aveyron, Mattéo grimpe depuis l’âge de ses 8 ans. Et ce n’est pas un hasard, son père, Pierre Soulé, étant un équipeur et un grimpeur émérite.
Actuellement au pôle France de Toulouse, Mattéo s’entraîne pour perfer en falaise, mais également pour la compétition. Cette année il signe plusieurs bons résultats chez les jeunes dont un titre de vice champion de France ou encore une 15ème place sur les championnats du monde, toujours en difficulté.
Vous l’aurez compris, Mattéo Soulé n’en est pas à ses débuts, il s’entraîne dur pour concrétiser ses projets, et le dernier en date n’est autre que la première ascension de « La guerre des Wolf« , 9a+ sur le spot de la Verrière. Il nous décrit la voie ainsi: « c’est la connexion entre « la guerre des nerfs » et « black wolf » (une voie encore en projet, équipée par mon père). C’est une voie de 30 mètres très rési.On peut la décomposer par un 9a d’approche suivi d’un mauvais repos pour finir par un 8a bloc Si on rentre dans les détails, la ligne comporte 3 cruxs, le premier principalement à force des doigts se trouve à la 4e dégaine; le 2e est une remontée de plusieurs inversées qui se trouvent après un bon repos sur des genoux à peu près à la moitié de la voie; le 3e se trouve tout en haut de la voie et consiste principalement à serrer une petite colonnette pour dynamiser sur une règle plate »
Il poursuit en expliquant que le côté mental joue énormément dans l’enchaînement: « en plus de la difficulté physique de devoir marcher le 9a d’approche et de délayer sur une grosse écaille inversée juste avant le crux final, le côté mental joue aussi puisque ce dernier mouv est LE plus dur et qu’il est bien aléatoire car il faut arriver parfaitement sur la préhension pour la tenir. En plus de ça les prises sont très abrasives, donc la peau est un facteur limitant »
Voilà un an et demi que Mattéo avait ce projet en tête, mais il était très loin de la réussite car ne réussissant déjà pas à enchaîner la première partie en 9a à tous les coups. Mattéo a alors changé de stratégie en travaillant « Sonawolf« , une version plus courte (un 8c en moins), et les progrès ont rapidement payé: « après avoir fait cette voie j’ai réessayé l’intégrale, c’était déjà mieux, je réussissais à monter me battre dans le dernier crux presque à tous les coups. Mais encore loin puisque je n’arrivais pas à me refaire un petit coup avant le crux final et donc j’étais vraiment mort pour faire ce dernier mouvement dur. »
Cet été, un petit break dans ce projet s’est imposé, compétitions internationales oblige, avec notamment les championnats du monde qui se tenaient en août. Après ce petit break, Mattéo était de retour aux affaires début septembre. « J’ai senti une grosse avancée puisqu’à mon premier run je suis tombé avec la main sur la dernière prise du crux mais trop en arrière, et surtout, c’était la première fois que j’arrivais à mettre 2 gros runs dans une séance. »
La croix se rapprochait, et chaque weekend en rentrant de sa semaine à Toulouse, l’aveyronnais allait mettre des runs dans son projet, pour finalement enchaîner lors de la 2ème journée des vacances de la Toussaint: « C’était le dimanche des vacances, 2e jour à la falaise. J’avais choisi de ne mettre qu’un run la veille pour garder de la peau. Je m’échauffe, je sens que c’est plus humide que la veille et en plus de ça je n’arrive pas à faire le mouvement final à 2 reprises, chose qui ne m’était presque jamais arrivé ou du moins récemment et ça m’a fait douter. J’ai quand même décidé de mettre un run: je pars et les conditions étaient plutôt bonnes au début, toute la première partie se passe parfaitement bien, bonne sensation et je suis efficace. J’arrive au repos du genoux et là plus aucun nuage et le soleil tapait vraiment fort sur la face et il faisait vraiment chaud. Je me dis que de toute façon maintenant je suis parti et que je ne peux rien y changer, donc que j’ai juste à forcer un max et on verra bien. Je repars du repos, je passe le 2e crux sans problème et j’arrive à l’écaille inversée. Là je me sens vraiment bien, j’arrive à souffler un coup avant de m’engager dans le dernier crux. Je me lance et ça avance vraiment bien, j’arrive à la prise qui marque la partie vraiment dure du crux, je lâche un petit cri pour m’énerver fort, je vais chercher la mini colonnette, bouge mes pieds et déclenche le mouvement en lâchant un grand cri et je parviens à attraper la prise pile au bon endroit ! Je prends le balan et replaque les pieds, j’envoie rapidement sur le plat d’après, je tiens par je ne sais quel miracle et j’allonge jusqu’au bac du réta. Après ça il reste 2 dégaines en dalle qui font je pense 7a même pas… et bien je n’ai jamais autant délayé pour faire un 7a dalle »
Une belle bataille mentale et physique que Mattéo aura mené avec brio, d’autant que es doutes commençaient à prendre le dessus lors de ses derniers essais… « Il s’agit de ma meilleure performance en falaise, mais c’est surtout un projet qui me tenait à cœur et que je voulais concrétiser avant le début de ma saison de compétition »
Quand on lui demande de nous expliquer le choix de ce projet, il n’hésite pas: « j’ai choisi de m’y investir pour sa difficulté mais aussi parce que la voie est vraiment pure, les prises sont neuves, les mouvements atypiques et variés et le cadre est paisible et classe ». Dis comme ça, effectivement ça donne envie ! Pour la suite, il souhaite s’investir dans « Black wolf » qu’il considère comme la voie plus dure qu’il n’ait jamais visité: « c’est lunaire, pour moi bien sûr. On peut la décomposer de la sorte : un 8c+ d’approche suivi d’un 8a+/8b bloc puis à nouveau un 8b bloc et là tu rejoins l’écaille inversée, donc un mauvais repos et il faut finir par un 8a bloc. Il n’y presque pas de repos dans la voie ce qui la rend extrêmement rési et soutenue dans des pas de bloc aux alentours du 8a+ en moyenne ».
Mais Mattéo ne se contentera pas de projets en falaise puisqu’il se fixe également de gros objectifs pour l’année prochaine en compétition: le titre de champion de France de difficulté chez les jeunes, et une finale au championnat du monde, toujours chez les jeunes.