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Louna Ladevant enchaîne « Wogü », l’une des grandes voies les plus dures des Alpes

© Damien Largeron

Après plus de onze heures de combat acharné dans cette paroi mythique du Rätikon (Suisse) le Français Louna Ladevant a clippé le relais de « Wogü », signant un exploit magistral : seuls quatre autres grimpeurs parmi les plus grands noms de la discipline avaient réussi cette performance avant lui.

Le double champion du Monde d’escalade sur glace est ainsi devenu le premier Français à être venu à bout de ce cette grande voie mythique, un condensé de difficultés extrêmes sur 350 mètres (8c max), contenant plusieurs pas de blocs infâmes et nécessitant un engagement constant dans la voie.

Cette réalisation a pu être possible grâce au soutien sans faille de son frère et binôme de coeur Tristan Ladevant, qui l’a assuré tout au long de cet enchaînement. « Pour pouvoir m’aider au mieux, Tristan a dû faire et apprendre chaque mouvement difficile de la voie, c’était une vraie performance de cordée », raconte Louna. D’autant plus que rien ne s’est passé comme prévu hier lors de l’enchaînement : « J’ai chuté plusieurs fois à la troisième longueur, celle du 8c. J’ai perdu beaucoup de temps et d’énergie plus tôt que prévu », explique Louna. Mais le jeune grimpeur de 23 ans ne lâchera rien et finira par passer la dernière longueur difficile… à la frontale au début de la nuit ! C’est finalement à 22h00 que Louna atteindra le sommet de « Wogü ».

© Damien Largeron

Cette ligne, située au cœur du massif du Rätikon en Suisse, s’est inscrite dès son ouverture parmi les grandes voies légendaires de l’escalade. Beat Kammerlander, ouvreur iconique des années 90, a équipé « Wogü » en 1997 en utilisant une méthode d’équipement appelée « tamponnoir. » Cette technique l’utilisation de protection (spit ou plaquette) enfoncée directement dans la roche, ce qui rend l’escalade plus exigeante en termes de protection et ajoute un élément de danger. En raison de la méthode d’équipement peu conventionnelle de Beat Kammerlander, l’escalade de « Wogü » est décrite comme « folklorique. » Les grimpeurs qui se lancent dans cette voie doivent s’attendre à des mouvements extrêmes et à des sections où les protections sont espacées. Un piment supplémentaire là où l’erreur n’est déjà pas permise !

© Damien Largeron

C’est le grimpeur tchèque Adam Ondra qui a libéré « Wogü » en 2008. Depuis, seuls trois autres grimpeurs avaient réussi l’enchaînement : Edu Marin, Roland Hemetzberger, Cédric Lachat et maintenant Louna Ladevant. Tous ont noté que l’escalade de Wogü est non seulement physiquement exigeante, mais aussi redoutable pour les doigts. Les prises minuscules et les mouvements violents mettent à l’épreuve la résistance et l’endurance des grimpeurs, ainsi que la peau de leurs doigts, ce qui ne laisse à chacun qu’un nombre de tentatives extrêmement limité pour réussir.

Wogü en chiffres : 350 mètres, 8c max, ouverture 1997 par Beat Kammerlander, 9 longueurs (6c, 6c+, 8c, 7c+, 8b+, 8b, 8b+, 8a+, 7c+).

Les frères Ladevant ont déjà marqué l’Histoire de l’escalade sur glace en remportant plusieurs titres internationaux, dont le Championnat du Monde en 2022 pour Louna et une place sur le podium pour Tristan. Le binôme de choc s’était déjà également illustré l’été dernier en réalisant l’enchaînement express des trois voies d’aventure les plus dures de Corse. Leur succès sur « Wogü » confirme leur capacité à s’exprimer au plus haut niveau aussi bien sur rocher que sur la glace !

© Damien Largeron

Publié le : 14 octobre 2023 par Nicolas Mattuzzi

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