Louna Ladevant coche son premier 9a avec « Sang Neuf » à Pierrot Beach
Les frères Ladevant, vous connaissez? Si ça ne vous parle pas encore, sachez que ce nom devrait revenir à vos oreilles régulièrement dans les années qui arrivent. Amateurs de sports de montagne et donc d’escalade, Tristan (23 ans) et Louna (20 ans), grimpent depuis une dizaine d’années maintenant et depuis quelques années un peu plus de manière pro entre la falaise, les grandes voies, les compétitions internationales de cascade de glace, l’alpi, le ski, et depuis peu le parapente. Leur rêve? Jouer avec la pluridisciplinarité au plus haut niveau possible. Et ça commence bien puisque le plus jeune des deux, Louna, vient de réaliser son premier 9a avec « Sang Neuf » à Pierrot Beach!
Voici le commentaire qu’il nous a laissé pour PG:
Il y a presque un an et demi j’essaye « sang neuf » pour la première fois sous un soleil caniculaire, je demande à un pote en bas si c’est bien cette voie ! Je ne comprends pas comment cela peut être 9a.. et je me dis que je peux essayer d’enchainer. Très vite je ne fais plus qu’une pause et je me dis que c’est pour bientôt. Je crois que je me suis retrouvé face au plus gros paradoxe de ma courte vie de grimpeur: plus les runs passaient plus je tombais haut, plus la pause que je faisais au milieu était courte etc… mais plus en fait je me sentais loin de l’enchaînement. Je suis rendu compte, notamment en voyant des machines dedans, qu’ il fallait être complètement « rando » dans la voie pour pouvoir ne serait ce qu’avoir une chance dans les derniers mouvements dans l’effort de l’enchaînement. Puis l’été dernier j’ai été capable de mettre des gros runs en tombant tout en haut. Je me sentais finalement me rapprocher d’un éventuel enchaînement.
Puis Johnathan Crison m’appelle et m’annonce que l’épaule du dernier crux à cassé. Je suis persuadé que c’est une blague mais il s’avère que non ! Romaric Gefroy me dit que ça passe toujours avec un genou obligatoire et que pour lui ça ne changerait pas la cotation. L’hiver passe avec les compétitions de cascade de glace qui s’enchaînent et j’ai peur d’y retourner, d’éventuellement ne pas du tout arriver à passer la nouvelle méthode après déjà autant de travail.
Les premières séances sont dures et je mets du temps à comprendre la nouvelle méthode puis j’ai un déclic, je trouve les calages parfaits qui me permettent une bonne décontraction avant le dernier pas de bloc devenu pour moi plus dur. Je suis sûr que je vais enchaîner juste après… et non ! Faux espoirs encore et encore, décidément elle ne se laissera donc pas faire comme ça. Encore des runs, des runs, des runs et des runs avant d’arriver enfin au dernier plat final, vaché pour une fois ! Et je sais que cette fois c’est la bonne… un petit rire nerveux et le bruit du mousqueton du relai que je clippe masqué par les cris de joie et de folie partagé avec Damien Largron (qui était pendu au relai pour faire des images) et Tristan qui m’assurait et qui venait de réaliser son premier 8c avec “smoke” juste avant mon run c’est pas beau ça ?!? Plus de 2 ans après son accident en montagne il est de retour plus fort que jamais ! Je ne sais pas comment c’est possible d’avoir réalisé nos deux meilleures performances comme ça le même jour, un run après l’autre, incroyable destin…!
Pour parler cotation …
Et Puisque c’est bien le sujet du moment, je vais m’exprimer sur la cotation. Je pense que c’était peut être un 9a soft ? Que la casse de la prise à peut être assis la cotation ? Même si la décontraction trouvée est meilleure ? On le saura sûrement grace aux prochains répétiteurs qui auront de la légitimité dans cette cotation contrairement à moi. Mais bref faire 9a était un rêve de gosse qui me paraissait encore inaccessible il y a quelques années, dire que je n’y suis pas allé pour la cotation serait mentir. Je pense même que c’est ce qui m’a poussé à y mettre autant d’investissement, à traverser les pleurs, la colère, la joie etc. au moins jusqu’à ce que mon ego prenne le relai et en fasse une “affaire personnelle”. Mais au final, 9a ou pas, la réalité c’est que ce condensé d’émotions fortes et incroyables vient bien d’un combat avec soit même et ce foutu caillou… et pour moi c’est le plus beau et bon combat que j’ai gagné.
Côté projets?
On part dans une semaine au Kirgi pour faire du big wall en altitude, essayer de faire la première répétition d’un des plus durs dans ce style du Kirgi apparemment.. (8a à plus de 5000, 900m ) et puis au Brésil pour essayer de libérer un autre big wall présumé extrême ! (8b/+, 850m) . Du coup si au moins des deux réussi ça sera une année de dingue avec ce qu’on a réussi à faire avant (le double podium en glace, le trip à vélo grimpe parapente, l’eurotest en ski pour moi même et de belles réalisations en ski de pente raide)