L’incroyable quête de Didier Berthod pour enchaîner « Cobra Crack » 8c !
Le grimpeur suisse de 43 ans a mis fin à un projet qu’il avait débuté en 2005, lorsqu’il avait commencé à travailler « Cobra Crack », une voie qui allait devenir son ennemi juré. Dix-neuf ans plus tard, et après avoir mystérieusement disparu dans un monastère, il en est venu à bout au terme d’une quête sans précédent !
Si quelqu’un méritait d’enchaîner « Cobra Crack », c’est bien Didier Berthod : « Je ne sais pas si c’est un chapitre qui se ferme ou un chapitre qui s’ouvre », écrivait le Suisse de 43 ans en annonçant sa répétition de la fissure la plus emblématique de Squamish au Canada.
Nous sommes en 2005. Au début de l’été, tout aussi pluvieux que notre printemps actuel, Didier Berthod, l’un des meilleurs grimpeurs de fissure au monde, passe quelques mois à Squamish, pour tenter de venir à bout de « Cobra Crack », une ligne encore invaincue.
Une équipe de tournage de Big Movie Production accompagne sa course avec Sonnie Trotter pour la première ascension de la voie, ce qui fera l’un des sujets du célèbre film First Ascent (Sender Films, 2006). Après deux mois de travail, une mauvaise chute met un terme aux essais de Didier, qui se rompt le genou. 1 – 0 pour « Cobra Crack ». La première ascension reviendra finalement à Sonnie Trotter, qui enchaînera la voie un an plus tard, faisant d’elle la fissure la plus dure de la planète.
Une disparition mystère pendant plus de dix ans dans un monastère
Contre toute attente, Didier décidé d’abandonner l’escalade et se retire dans un monastère du canton du Valais, en Suisse, où il devient moine franciscain. « Lorsque mon genou m’a lâché, j’ai su que je ne grimperais plus, que je ne retournerais pas à ce chagrin », expliquait Berthod.
Mais alors pourquoi avoir décidé de se réfugier dans un monastère ? « Pour retrouver l’amour que j’ai perdu en tant que grimpeur ces dernières années. L’amour pour le monde et pour la vie », racontait le grimpeur devenu moine. Didier poursuit ici sa quête : quatre heures de prière par jour, étudiant la théologie et vivant en étroite collaboration avec ses frères et sœurs.
La grande surprise suivra à l’automne 2022 : de manière aussi inattendue que son cloitre en 2006, Didier quitte sa vie de moine. Il retourne à Squamish pour tenter de se réconcilier avec sa fille, qu’il n’a jamais rencontrée, et sa mère.
Il décide de renfiler ses chaussons d’escalade. Très vite, le Suisse se remet en forme et les performances ne se font pas attendre. Il enchaîne rapidement des voies jusqu’à 8c et en juin 2023, à Squamish, il s’offre la première ascension de « The Crack of Destiny » 8c.
De retour dans « Cobra Crack » : la malédiction le frappe de nouveau !
Quelques semaines plus tard, il décide de retourner dans « Cobra Crack ». Cela fait quinze ans qu’il n’a pas mis les doigts dedans. Mais une nouvelle fois, la malédiction le frappe : alors qu’il tenait le bac final dans la main, son bras est trop engourdi pour le serrer et Didier lâche prise. S’ensuit une violente chute, où il s’écrase contre le mur, poignet en premier, et le casse. 2 – 0 pour « Cobra Crack ».
Décontenancé, Berthod déclare alors que sa relation avec cette voie est peut-être maudite. Face à ce nouvel échec, beaucoup pensaient que le grimpeur suisse allait retourner se réfugier dans un monastère. Mais Didier refuse : « Pour rassurer certains d’entre vous, non, je n’irai plus dans un monastère… Mais je ne sais pas si je retournais dans cette voie »
Mais il l’a fait !
Pourtant, Didier est retourné dans la voie. Mardi dernier, il a vaincu ses démons en atteignant le sommet de « Cobra Crack », dix-neuf après ses premiers essais dans la voie. En ce qui concerne son essai victorieux, il a déclaré qu’il s’agissait d’un essai comme les autres : « Je suis monté là-haut tellement de fois… Cette fois-ci, c’était pareil, sauf que je ne suis pas tombé ».
K.O pour « Cobra Crack », Didier Berthod ressortait vainqueur de ce combat sans précédent !
« Cette voie a considérablement marqué ma vie. Après de nombreux essais et des doutes à n’en plus finir, j’ai enfin enchaîné « Cobra Crack ». Ce jour restera gravé à jamais. Je pense que je vais voir la vie un peu différemment maintenant. Il ne faut jamais cesser de rêver », conclut-il, encore sous le choc de son ascension.