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Les impressions à chaud de Sam Avezou et Paul Jenft, qualifiés pour les J.O de Paris 2024 !

Encore sous l’émotion de leur qualification, nous avons recueilli les impressions à chaud des grimpeurs qui représenteront la France lors de l’épreuve combinée d’escalade aux Jeux Olympiques de Paris : Sam Avezou et Paul Jenft.


Paul Jenft : « C’est certainement la journée la plus stressante de ma vie ».

Après avoir réalisé la meilleure performance tricolore à Shanghai, Paul Jenft a réalisé la moins bonne à Budapest. Il s’est classé neuvième des demi-finales, à seulement une place de la finale. C’est donc depuis le banc des spectateurs qu’il a assisté aux finales hier après-midi, laissant son destin entre les mains de Mejdi Schalck et Sam Avezou.

« C’est certainement la journée la plus stressante de ma vie, dix fois plus lors des OQS de Shanghai, raconte Paul. C’était vraiment très dur à vivre. L’attente était terrible, je n’arrêtais pas de stresser. Samedi soir, je n’ai pas réussi à m’endormir avant 2 heures du matin. C’était horrible. Puis je me suis réveillé à 6 heures du matin en me disant : « Bon sang, quand est-ce que la compétition commence ?! ». C’était terrible ».

Durant la nuit de samedi à dimanche, Paul a eu le temps d’établir tous les scénarios possibles et inimaginables du lendemain. « J’ai fait mes calculs. Je savais exactement ce que les gars devaient faire pour se qualifier ». L’équation était plutôt simple pour le Chambérien : si Mejdi Schalck et Sam Avezou terminaient respectivement troisième et quatrième de la finale (ou faisaient mieux), alors c’est eux qui iraient à Paris. Sinon, c’est bien Paul qui décrocherait sa place pour les Jeux. « J’ai regardé tout le bloc et c’était vraiment stressant, parce que tout était possible après cette première épreuve. Rien n’était encore acté », confie Paul.

Paul Jenft laissait exploser sa joie lors des demi-finales samedi © IFSC

Quelques minutes plus tard, au moment où Mejdi Schalck est tombé dans la voie de finale, Paul a compris qu’il venait de décrocher sa place pour Paris, au détriment de son ami et partenaire d’entraînement, avec qui il partage le même rêve olympique depuis quatre ans : « Ça a été un moment très dur parce que pour la première fois je savais que Mejdi n’irait pas aux Jeux Olympiques, explique Paul. Ça a été dur à accepter car c’est en partie de ma faute. C’est vraiment difficile de se sentir responsable de cela. Vraiment très difficile ! On s’est entraîné ensemble pendant trois ans et c’était le pire scénario possible », déplore-t-il.

Les larmes ont commencé à couler sur le visage de Paul. C’est comme s’il n’arrivait plus à contenir toutes les émotions qu’il venait de vivre ces dernières 24 heures. « Je ne sais même pas pourquoi je pleurais, raconte le nouveau grimpeur olympien. C’était sûrement le relâchement de la pression après une si longue attente. Toute la journée avait été incroyablement stressante, même tous les jours depuis le début de la compétition à Budapest. Et hop, en une seconde, tout s’est arrêté. C’était quelque chose d’étrange à vivre ».

Au moment où il était interviewé, Paul et Mejdi ne s’était encore pas parlé : « Nous ne nous sommes encore rien dit. On sait tous les deux ce qu’il vient de se passer. C’est difficile pour moi et pour lui », avoue Paul.

Maintenant, Paul va pouvoir envisager le futur. Dans un peu plus d’un mois, il disputera les premiers Jeux Olympiques de sa carrière : « Le plus dur est fait. Il ne me reste plus qu’à profiter des Jeux Olympiques et voir ce qui va se passer, conclut-il avant d’aller manger : « Je n’ai rien pu avaler depuis ce matin, j’ai vraiment faim maintenant ! ».

Sam Avezou : « Je reviens de loin ! »

Sa qualification pour Paris, Sam Avezou est allé la chercher avec toutes ses tripes. Après avoir terminé huitième à Shanghai, il a débuté la compétition le couteau entre les dents à Budapest. Cinquième des qualifications et des demi-finales, il a mis tout le monde d’accord lors des finales hier après-midi, en s’adjugeant la médaille d’or de la compétition. De quoi remporter son ticket pour les Jeux Olympiques de Paris, et rejoindre sa soeur Zélia, qui décrochait également sa place pour Paris samedi.

« Je n’ai jamais aussi bien réagi à la pression, commente Sam, juste après être redescendu du podium. Pourtant, je reviens de loin, car on a pu voir à Shanghai que ce n’était pas génial [il a zippé dès les premiers mouvements dans la voie de finale]. Je suis super content d’avoir pu gérer la pression ici. Je n’ai jamais aussi bien grimpé sous la pression qu’aujourd’hui ».

Bien grimpé ? C’est le terme. Après être ressorti en tête de la première épreuve des finales (Sam a atteint la deuxième zone de tous les blocs et a été l’un des deux seuls finalistes à enchaîner le dernier bloc à vue), il a réalisé la troisième meilleure marque dans la voie de difficulté, atteignant la prise 35. Avec 105,6 points, il s’est offert la première place de la compétition et a entonné la Marseillaise aux côtés du Coréen Dohyun Lee (deuxième) et du Tchèque Adam Ondra (troisième).

« C’est super bon de gagner cette compétition, réagi le vainqueur tricolore. Les autres gars en finale étaient déjà sûrs d’être qualifiés, donc ils n’avaient aucune pression  et ça s’est vu je pense. Mais je suis quand même super content d’avoir réussi à remporter cette compétition. C’est très prometteur pour Paris. Je ne fais évidemment pas partie des favoris, alors j’espère que la pression sera moins forte là-bas. Je vais tout donner et me concentrer sur ma grimpe, sans regarder ce que feront les autres ».

Sam Avezou a fondu en larmes au terme de la compétition © Lena Drapella

Mais comme Paul, Sam a du mal à savourer complètement sa qualification pour les Jeux Olympiques. Pour décrocher sa place à Paris, il a dû se battre tout au long de la compétition contre ses coéquipiers de l’équipe de France. Pour être sûr de se rendre à Paris, il devait terminer devant Mejdi, l’un de ses meilleurs amis. Au terme de sa prestation dans la voie de finale, Sam a su qu’il en avait fait assez pour remporter ce cruel duel. Pourtant, au moment où il a regagné le sol, il a été incapable de relever la tête et de savourer son exploit, malgré les acclamations et les applaudissements de la foule. Ses premières pensées allaient directement à son ami Mejdi, pour qui l’aventure olympique s’arrêtait là.

« Je n’ai pas apprécié cette journée, avoue Sam, visiblement marqué par la dure loi de la compétition. Grimper à côté de Mejdi, comme ça, dans ces circonstances…  C’est terrible qu’il n’y ait pas trois places par nation et que l’on ne puisse pas grimper ensemble aux Jeux. S’il vous plaît, mettez nous trois places aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028 ! », supplie-t-il.

En attendant 2028, Sam va déjà participer à ses premières olympiades dans quelques jours à Paris. Et comme Micka et Bassa Mawem l’avaient fait à Tokyo, le jeune Parisien de 23 ans va avoir la chance de vivre cette expérience en famille, aux côtés de sa petite soeur Zélia, qui a également décroché son ticket pour les Jeux. « C’est incroyable, j’étais tellement heureux pour elle samedi soir, s’exclame-t-il. C’est génial, j’ai hâte de vivre ce dernier mois d’entraînement et d’être aux Jeux Olympiques de Paris. Ça va être quelque chose de dingue. »


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