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Les employé(e)s de Climb Up Aubervilliers en grève

Pour la première fois en France, les portes d’une salle d’escalade sont restées fermées suite à la grève des employé(e)s. Pour être plus précis, c’est à Climb’Up Aubervilliers que le ras-le-bol général a conduit à cette situation, avec un personnel à bout qui dénonce des conditions de travail très difficiles.

Voici pour commencer l’appel à la grève de la CGT:

 

Avant d’y consacrer un dossier complet où nous serons en contact avec la direction de Climb’Up France qui pourra certainement nous éclairer sur cette situation (dans un soucis de neutralité, il sera important pour nous de donner la parole à tous les protagonistes), nous vous communiquons également la pétition des salarié.e.s moniteurs.trices (à destination des décisionnaires de Climb’Up France) accompagnée de leurs différentes revendications.

 


Nous, Salarié.e.s moniteurs.trices de Climb’up Aubervilliers, nous nous mettons en grève afin de porter à votre attention plusieurs revendications, qui ont déjà été discutées avec la direction par le passé, mais qui restent sans réponse ou sans changement notable.

Nous déplorons le fait qu’une entreprise qui prône l’écoute et l’échange afin de tirer l’entreprise vers le haut reste sourde et muette quant à nos multiples demandes et alertes concernant nos conditions de travail. Notre mouvement souhaite aborder les problématiques suivantes.

1-Conditions de Travail

L’ambiance de travail est devenue extrêmement anxiogène. Le nombre énorme de personnes en arrêt de travail/maladie ou ayant donné leur lettre de démission sont autant d’indicateurs de l’état de la salle d’Aubervilliers. Nous rejoignons nos collègues hôtes.ses d’accueil pour signifier que les prises de positions managériales récentes et le climat instauré par la direction ne sont plus acceptables. Nous demandons à la direction d’agir dans les plus brefs délais afin d’assurer un climat sain et une pratique sereine de notre métier. Le dénigrement des collaborateurs par la direction doit cesser, et ce, quel que soit le corps de métier (Hôte.sse d’accueil, Moniteur.rice, Ouvreur.se, …). Notre fonction d’éducateur/formateur exige une attention de tous les instants lors de nos encadrements, et l’atteinte psychologique et morale peut grandement nuire à notre efficacité et notre capacité à gérer nos différents groupes. Par ailleurs, les conséquences des comportements de la direction à l’égard des différents salariés de la salle de Climb’up Aubervilliers sur notre monitorat vont bien au-delà de l’aspect sécuritaire (qui représente déjà une composante stressante) de notre métier. Nous avons tous à cœur de mettre en avant l’aspect développemental et social de l’escalade dans nos encadrements. Malheureusement dans ces conditions il est difficile de tenir un discours qui est en opposition avec la réalité de notre entreprise, qui se dit défendre ces mêmes valeurs. Certains parents d’élèves ont déjà commencé à s’enquérir de notre bien être, ressentant eux-mêmes le changement radical et récent de climat à Aubervilliers. Nous tenons enfin à rappeler à la direction sa responsabilité quant à la préservation de la santé physique ET mentale de ses salarié.e.s.

2-Rémunération

Dans la continuité des revendications portées par la CGT lors de la NAO 2025 (négociation annuelle obligatoire), nous demandons une augmentation des salaires de tous, quel que soit le poste, de 200 euros bruts mensuels. Ce qui revient à 156 euros net. Et ce quel que soit le diplôme du moniteur (CQP, STAPS, DE,….). Nous estimons que ce sujet, a maintes fois été évoqué avec nos supérieurs, et qu’aucun changement n’a eu lieu. Cette demande reste raisonnable, compte tenu des salaires proposés dans les salles concurrentes et cohérente avec l’évaluation faite par la CGT sur la situation de l’entreprise et le contexte économique.

3-Tickets Restaurant

Nous demandons à ce que tous les salarié.e.s puissent bénéficier de tickets restaurants. Cette demande date de l’ouverture de la salle le 21 Avril 2022 et reste sans réponse claire depuis. La réponse qui nous a été donnée est qu’à Aubervilliers nous pouvons profiter de la cuisine avec la promotion -30% collaborateurs. Il est regrettable que dans une activité qui prône le respect du corps et défend une certaine forme de nutrition saine la seule nourriture proposée aux salarié.e.s soit des burgers/frites et un plat de pâtes avec une sauce qui ne peut pas être considérée comme légère. Au-delà de l’aspect santé et sans faire offense à la qualité de la restauration ciblant la clientèle, nous estimons que les salarié.e.s doivent pouvoir avoir le choix d’utiliser leur ticket restaurant comme bon leur semble, que ce soit à la salle où à l’extérieur. Notre demande s’inscrit d’autant plus dans le cadre de la fonction de moniteur.trice d’escalade. Nous avons tous des amplitudes horaires où nous passons des cours du matin aux cours de l’après midi et/ou des cours de l’après midi à ceux du soir. Il ne nous semble pas exagéré de demander à la direction un moyen de manger deux choses différentes entre le midi et le soir autrement qu’en changeant notre choix sur la carte.

4-Restructuration de certains encadrements

Nous pensons, en tant que formateurs.trices diplomé.e.s et grimpeurs.euses de longue date, que certaines formules d’encadrement ne correspondent absolument pas à la réalité de la pratique. Nous parlons spécifiquement ici des “Cours de grimpe en tête”. Il est tout simplement impossible de rendre des gens autonomes en escalade de tête en deux heures. Même dans un cadre absolument parfait (grimpeurs confirmés dans un niveau minimum de 6a, ayant assuré régulièrement en moulinette et ayant déjà effectué des chutes en tant que grimpeur et assureur dans leur pratique personnelle), il est compliqué d’assurer la formation de tous les aspects complexes de l’escalade en tête en deux heures de temps (assurage, escalade dans les différents types de profil, chutes, et compréhension des dangers périphériques). Maintenant, quand le cadre idéal se confronte à la réalité des encadrements, l’exercice devient impossible en deux heures. En l’absence de vérification du niveau d’autonomie en moulinette des inscrits au cours, nous pouvons nous retrouver avec des individus ayant passé leur cours découverte il y a deux semaines, des grimpeurs n’ayant plus grimpé depuis plusieurs années ou pire n’ayant pas assuré depuis plusieurs années. Notre cours en tête se retrouve à devenir un casse tête à gérer ceux qui ont l’expérience suffisante et revoir l’assurage en moulinette de base pour les autres. Cela entraîne une charge morale et un questionnement éthique pour les moniteurs.trices. Nous demandons tout d’abord de descendre le nombre maximum d’inscrits aux cours de grimpe en tête à huit personnes. Il s’agit ici d’une revendication soutenue par la CGT Climb Up / SNAPEC. Nous proposons une façon de repenser le cours d’escalade en tête. Une clause certifiant que le client a assisté à un cours d’escalade en moulinette assuré par un moniteur.trice diplômé, et ayant un bagage d’escalade en moulinette suffisant : chute, assurage de chute, et plus de 6 mois à exercer la pratique.

5-Espaces Personnels

Nous demandons à la direction de Climb’Up Aubervilliers de faire un peu plus concernant notre confort et notre besoin d’avoir des espaces dédiés dans un état acceptable. Nous rejoignons les revendications générales concernant l’état du vestiaire du personnel. Ce dernier est dans un état calamiteux. Il sert de zone de stockage. Les douches ne sont pas utilisables et dans un état d’hygiène déplorable. Il en va de même concernant l’hygiène des lavabos, dont l’accès peut représenter un danger avec le matériel entourant ceux-ci et les vis au sol.

6-Revendications NAO 2025

Nous souhaitons signifier à la direction que nous nous inscrivons dans une démarche propre à la salle de Climb’Up Aubervilliers, et que nos revendications sont propres à notre métier de moniteur.trices. Cependant nous nous positionnons en soutien indéfectible à tous nos collègues grévistes, ainsi qu’aux revendications de la CGT lors des NAO 2025, que nous joignons à nos revendications. Nous demandons à la direction de prendre en compte ces revendications avec sérieux et de réagir urgemment afin d’améliorer nos conditions de travail et d’assurer un environnement plus juste, respectueux, sécurisé, professionnel, et serein au sein de son entreprise.

Publié le : 30 mars 2025 par Charles Loury

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