Le projet de salle « KARMA La Villette », porté par la FFME, fait débat !
Le nouveau projet de salle de bloc « KARMA La Villette », porté par la fédération française de la montagne et de l’escalade, fait débat auprès des salles de bloc privées.
Le contexte
Depuis plusieurs années, le Parc de la Villette, situé dans le 19e arrondissement de Paris, cherche à rénover l’ancien cinéma dynamique connu sous le nom de « Cinaxe ».
Début 2020, le Parc lançait un nouvel appel à projet en précisant que celui-ci devait être « consacré à des activités culturelles, sociales, sportives et/ou de loisir » et en ajoutant que « les nouvelles disciplines sportives et culturelles urbaines, notamment dans la perspective du déroulement, sur le parc de la Villette d’épreuves des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 seront privilégiées ».
La FFME a répondu à cette consultation en proposant l’aménagement d’une salle de blocs sur une surface de plus de 1000 m², remportant ainsi l’appel d’offre. Le but ? Ouvrir une salle de bloc fédéral.
L’Union Des Salles d’Escalade, qui regroupe 90 salles d’escalade du secteur privé, soit 75% du secteur s’oppose fermement à ce projet fédéral. D’après eux, il s’agit d’une sévère concurrence déloyale de la part de la FFME.
Le communiqué de presse de l’UDSE :
« La FFME sort de son rôle
Fédération délégataire pour la formation, elle n’arrive pas à fournir à ses propres clubs et à nos salles les personnels nécessaires à notre croissance. Ayant perdu son agrément en 2021, aucune formation de moniteur n’a pu être organisée.
Fédération délégataire pour les falaises, elle est incapable de remplir sa mission, des collectifs de grimpeurs se fédèrent aujourd’hui pour prendre le relais des défaillances de la FFME (à l’image du Collectif Grimpe Outdoor)
Fédération délégataire pour les compétitions, elle n’arrive pas susciter l’intérêt du public ni même des athlètes.
Absente durant toute la crise sanitaire, elle fût incapable d’aider, de soutenir ses clubs, sans parler de nos salles. Les informations vitales dont nous avons besoin, nous avons dû les trouver ailleurs, en nous constituant en syndicat et en rejoignant l’Union Sport et Cycle.
Et maintenant, La FFME veut ouvrir des salles privées, gérer des restaurants et cela dans des conditions honteuses de concurrence déloyale.
AVEC LE NOUVEAU PROJET KARMA DE LA VILLETTE la fédération sort totalement de son cadre.
1/ PARIS N’A PAS BESOIN DE SALLE D’ESCALADE FÉDÉRALE PRIVÉE
Paris est la ville française la mieux équipée en structures d’escalade indoor avec des dizaines de gymnases équipés de murs de difficulté accessibles aux clubs fédéraux et que la FFME ferait bien de rénover et d’entretenir.
Depuis quelques années, nos salles d’escalade privées ouvertes tous les jours sur des plages horaires étendues ont permis de faire connaître ce sport au plus grand nombre. Paris n’a pas besoin d’une salle fédérale pour démocratiser l’escalade, en revanche de très nombreuses petites villes de province mal équipées en réclament.
2/ LA FFME GASPILLE l’ARGENT PUBLIC ET FAIT UNE CONCURRENCE DÉLOYALE À NOS SALLES
En cherchant à s’implanter dans le centre de Paris avec une salle comparable aux salles privées, la FFME fait concurrence aux acteurs qu’elle est censée au contraire aider.
Parce qu’elle investit de l’argent public pour créer une salle commerciale, il y a une totale confusion des genres. La FFME n’hésite pas à gommer la frontière entre une fédération à vocation de service public et à but non lucratif et une entreprise commerciale. Elle fait profiter à une entité purement commerciale les ressources internes de la fédération, sa notoriété, et même ses sources de financement public.
3/ UNE INCROYABLE GABEGIE
Nos salles ne coûtent rien au contribuable, nos salles sont des contributeurs positifs pour la collectivité. Pour la FFME c’est exactement l’inverse.
Parce que le projet qu’elle vient de faire voter dans le huis clos de son assemblée générale est totalement irresponsable d’un point de vu financier :
- Un investissement total de 3,35M€, porté par un prêt bancaire adossé à une caution de la Ville de Paris à hauteur de 50%.
- Un linéaire d’escalade ridiculement petit (30m en bloc, 60m en voie) soit 37 000€ par mètre d’escalade, une véritable gabegie financière qui ne s’inscrit absolument pas dans les ratios du secteur qui sont 3 fois inférieurs.
- La FFME s’aventure sur un terrain qu’elle a prouvé ne pas maîtriser : Karma La Villette sera la seconde salle mixte publique-privée de la FFME. La première née, Karma Fontainebleau malgré des conditions locativàs ultra avantageuse n’a pas su montrer une rentabilité en ligne avec les ratios du secteur. Avec sa zone d’escalade réduite à une portion congrue et un immense restaurant qui – sauf erreur – n’est pas le cœur de métier de la Fédération Française de la Montagne et l’Escalade, Karma La Villette présente tous les signes avant-coureurs d’un échec commercial cuisant.
- Parce que cet équipement ne permettra même pas à la FFME d’organiser des compétitions de niveau national : en effet, les murs de 11m de haut en difficulté et le fronton de bloc trop court ne sont pas aux normes pour y organiser des compétitions de niveau national… Dans la capitale française qui aurait mérité au contraire des infrastructures d’un niveau international.
Toutes ces raisons ont donc motivé l’UDSE à s’opposer fermement à ce projet, à préparer dès à présent les recours juridiques ad-hoc pour le bloquer, et à réfléchir aux contours d’une fédération concurrente réellement centrée sur les besoins du développement de l’escalade indoor et outdoor en France. »
La réponse de la FFME
Il nous semblait légitime d’interroger la FFME sur cette affaire, afin d’avoir leur point de vue. Voici une première réponse de leur part, avant un retour plus complet point par point :
La FFME est extrêmement surprise de cette prise de position violente et totalement approximative de la part de l’UDSE. Un syndicat professionnel n’est pas légitime à juger ou à intervenir dans les choix d’une fédération sportive.
Nous ne manquerons pas de répondre point par point à cette communication indigne d’une organisation telle que l’UDSE. D’autant plus que la décision de l’assemblée générale de la fédération, ici stigmatisée par l’UDSE, n’est que la suite logique d’un choix du Parc de La Villette à Paris, ce dont l’UDSE avait connaissance depuis près d’un an.
Nous sommes tous des acteurs du même milieu, celui de l’escalade, et nous aspirons à des relations plus respectueuses et plus constructives. »
Affaire à suivre donc…