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Le poids de l’or olympique : Toby Roberts et Janja Garnbret à l’épreuve de l’après-JO

© IFSC

Six mois après avoir été sacrés à Paris, les champions olympiques Toby Roberts et Janja Garnbret traversent une période de transition contrastée. Quand le Britannique peine à retrouver son rythme sur le circuit international, la Slovène a, elle, préféré faire un pas de côté et s’éloigner de l’univers des compétition.

Deux trajectoires bien différentes, mais qui révèlent une même réalité : décrocher l’or olympique, c’est aussi apprendre à en porter le poids.


Toby Roberts : de l’or aux doutes

À 19 ans, Toby Roberts a écrit l’Histoire en s’adjugeant le tout premier titre olympique au combiné bloc/difficulté à Paris. Un rêve devenu réalité, suivi d’une saison post-olympique bien plus rude que prévue.

Présent sur les premières étapes de la Coupe du Monde 2025, le Britannique n’a pour l’instant atteint aucune finale. Trois compétitions, trois classements hors du top 10 : une 15ème place à Keqiao, suivie d’une 20ème place à Prague, avant une décevante 51ème place à Berne le week-end dernier. Des résultats bien loin de ses standards habituels…

Sur ses réseaux sociaux, Toby a partagé une réflexion sincère et poignante :

Je ne me sens pas comme un champion olympique. Mentalement, les dernières compétitions m’ont touché d’une manière que je n’avais jamais connue.

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Il évoque un sentiment de décalage, proche du syndrome de l’imposteur, comme si sa victoire passée ne collait plus à ses résultats actuels. Avec lucidité, il confie aussi avoir négligé “l’après” :

J’avais un plan pour décrocher l’or à 19 ans… mais aucun pour mes 20 ans. »

Son équipe l’a encouragé à “réapprendre à aimer la compétition”, un conseil qui, sur le moment, lui paraissait superflu. Mais aujourd’hui, il en comprend le sens : revenir à l’essentiel, grimper avec légèreté, sans la pression du statut.

Janja Garnbret : la retraite (temporaire) volontaire

À l’inverse, Janja Garnbret a choisi une stratégie bien différente : celle du retrait. Double championne olympique — Tokyo 2020 et Paris 2024 — la Slovène a mis la pédale douce sur les compétitions internationales. Elle n’est apparue qu’à Koper en septembre dernier (victoire à domicile), et ne prévoit de revenir qu’à Innsbruck fin juin, avant de participer au Championnat du Monde à Séoul en septembre.

Dans un message publié au début de la saison, elle expliquait son choix :

Après des années de compétitions intenses et un cycle olympique particulièrement exigeant, j’ai ressenti le besoin de faire une pause.

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Un besoin de respirer, de se reconnecter à l’essence de l’escalade : la falaise. Janja passe désormais davantage de temps sur le rocher, elle qui avait dû délaisser ce terrain pendant des années au profit du haut niveau. Une manière pour elle de prendre du recul, de recharger les batteries et de revenir, peut-être, plus affûtée encore.

Et Janja n’est pas la seule à avoir mis la compétition entre parenthèses cette saison. Brooke Raboutou et Natalia Grossman, toutes deux finalistes à Paris et figures incontournables du circuit international, brillent elles aussi par leur absence en ce début de saison.

Une pause nécessaire pour ces athlètes qui, après des mois d’intensité, semblent avoir ressenti le besoin de souffler, loin des projecteurs et du rythme effréné des compétitions.

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Le revers de la médaille

Ces deux approches, si différentes soient-elles, soulignent un même constat : l’olympisme, avec ses enjeux médiatiques et émotionnels, laisse des traces profondes. Dans un sport aussi exigeant que l’escalade, où le mental est un pilier aussi fondamental que la force ou la technique, la gestion de l’après-succès devient une épreuve en soi.

Roberts et Garnbret l’illustrent chacun à leur manière. Mais nul doute que ces deux champions, forgés par l’expérience et portés par un amour sincère pour leur sport, sauront retrouver le chemin vers les sommets !


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