le mystère des cotations
1. Les cotations en escalade: présentation.
Comme dans d’autres sports (comme le canoë par exemple), les voies d’escalade sont répertoriées, régis et classées suivant un nom et une cotation. L’échelle des cotations pour l’escalade en France oscille entre le 3 et le 9, avec des intermédiaires que sont les lettres a, b et c et le signe +. Ainsi on obtient cinq grand groupes:
– Du 3 au 5a ——- Facile
– Du 5b au 6a+ —– Perfectionnement
– Du 6b au 6c+ —– Difficile
– Du 7a au 7c+ —– Très difficile
– Du 8a au 9b —— Très haut niveau, nous sommes dans l’extrême difficulté!
Comme vous l’aurez compris, les cotations qui régissent notre sport sont un peu comme une langue vivante. Elles se déclinent de différentes manière, et varient souvent d’un pays à l’autre (Allemagne, France, Angleterre, États-Unis…) et même se spécialisent parfois, pour le bloc par exemple.
De plus, en escalade, les niveaux de difficulté sont assez difficiles à juger, surtout dans le haut niveau, et beaucoup de facteurs (peut-être même de trop), sont à gérer et à prendre en considération. C’est facteurs sont aussi nombreux que diverse: la taille (car certains pas de blocs peuvent être morphologiques, même si monsieur Wolfgang Güllich affirmait le contraire avec sa très célèbre réplique: il n’y a pas de problèmes de tailles, il n’y a que des problèmes de force), les méthodes (qui sont parfois bien camouflées et parfois très difficiles à trouver, d’ailleurs, les deux voies de Fred Rouhling répétées en Charente que sont « Kami » et « Archipel », ont été répéter par des méthodes différentes…), le style de préhensions dominant dans la voie ou tout du moins dans le crux (car le grimpeur peut parfois jouer avec ses « + », comme l’avoue Klem Loskot qui est le « roi » des micro réglettes), et même parfois, le facteur douleur, qui fait parfois parti intégrante de la difficulté, comme dans Kami est son mono doigt quelque peu douloureux!… De plus, si vous rajoutez à cette longue liste des facteurs comme les conditions climatiques, vous obtenez un joli brouillon, et il peu parfois arriver que l’ouvreur se fasse rectifier de plus d’un degré sa cotation proposé… Mais le plus souvent, cette cotation est surestimée par l’ouvreur et non l’inverse!…
2. L’ouvreur n’a pas un métier facile…
Depuis que notre sport existe, des gens crée des itinéraires, et d’autres, un peu plus « consommateurs » les répètes… (mais il y a également le deux en un!!) Mais voila, tout le jeu consiste en une seule règle: l’ouvreur ouvre (comme son nom l’indique!!), fais (souvent) la première réalisation, propose une cotation, puis un répétiteur doit ensuite juger de la vraisemblance, comparer avec son expérience, ses acquis, et rectifier s’il le faut la cotation. Je pense que vous l’aurez compris, tous se joue sur un seul mot: l’expérience des grimpeurs. Et on peu également ajouter à ce mot, une échelle qui se doit être le plus fiable possible… Mais parlons en, car on peu y déceler quelques « hic »!…
Et pour un « hic », en voici un joli; la voie de référence du très haut niveau , « Action Direct », voie de 12 mètres situé dans le Franken Jura et qui sert de voie de référence du neuvième degré n’en est peut-être pas un! Arrêtez de me regarder avec votre petit air Béa, cette cause défendu par des grimpeurs comme Sébastien Hémery, est tout à fait cohérente, et à la base, part d’une mauvaise traduction, interprétation des cotations. Voici la petite histoire:
Wolfgang Güllich, papa de l’escalade de l’époque (nineties), et véritable investigateur de l’extrême difficulté a ouvert et coté des voies en Allemagne. Il s’est pour cela servit de son échelle nationale qui est celle UIAA. Il ouvre et libère les premier X+ et XI- du monde, ce qui nous donne respectivement les premiers 8b+ et 8c. Mais voila, quand il ouvre « Action Direct » (voir les deux dernières photos de cet article), il là trouve plus dure que tout ce qu’il a déjà fait auparavant, et la cote singulièrement XI. Mais le « problème » arrive alors que tout le monde traduit cette cotation par 9a! Pourquoi sauter une cotation?! Tel est le problème, et à vous de vous faire votre propre idée!…
3. Le répétiteur: entre orgueil et honnêteté.
C’est le confirmateur, le juge en quelque sorte. Comme nous le disions tout à l’heure, il doit arriver à se faire idée de la cotation en se détachant complètement du bonheur de la réussite, et doit avoir un souci d’objectivité absolu… il doit être rationnel et avoir un esprit de comparaison avec les différentes difficultés rencontrées dans son passé. Il ne doit ni se contenter d’une cotation injuste mais qui le valoriserait (d’un point de vue médiatique, sponsors…), et ne doit pas non plus descendre une cotation injustement, car il pourrait alors tout simplement fausser le jeu!! Il doit laisser parler ses sentiments, ses premières impressions… il a en ses mains une très grande responsabilité, et ne doit jamais agir par vengeance (envers une personne qu’il voudrait dévaloriser), et ses paroles, positives ou négatives jouent forcément dans l’Histoire de la ligne, qui sera par cette même occasion plus ou moins attractive!…
4. Inégalités entre certaines falaises
Il est reconnu (et donc forcément vrai!!) que certaines falaises, ou certaines régions cote plus sévèrement leurs voies que d’autres. Ne citons que quelques noms comme Buoux, Le Saussois ou même la région de Briançon. Il est réputé que dans ces quelques falaises, l’obtention d’une cotation est symbolique, et très mérité! Mais je pense personnellement que plus que cela, c’est est un problème d’évaluation des différents facteurs. Petite explication: Il semble évident qu’un grimpeur habitué à un style (sur bi ou mono doigt par exemple), cotera ses voies pour lui normalement, mais d’autres personnes plus étrangère à ce style, auront beaucoup plus de difficultés, n’arriveront peut-être pas à s’habituer à ces préhensions, trouveront l’ouvreur prétentieux et hallucineront totale dans des voies de leur niveau habituel!… Si on ajoute à ce phénomène l’usure des prises (sur calcaire, elles deviennent très vite patinées), la cotation peut effectivement paraître usurpé… alors qu’au tout début l’ouvreur avait vu juste!
5. Le bloc et autres V.
Dans certains sites de blocs (comme Hueco, en Australie, en Afrique…), l’échelle varie de V1 à V15 soit 8c bloc qui est la cotation proposé par Fred Nicole pour « Dreamtime ». L’échelle en bloc se détache en un seul point à celle de la falaise, s’est qu’elle est pour nous en France environ d’un chiffre inférieure. Je m’explique: Un 7a bloc équivaut à une difficulté de 8a falaise. Mais voila, certains grimpeurs ne sachant pas vraiment coter, ne voulant pas trop prendre de risques et/ou ne voulant pas trop se faire haïr par d’autres, s’inventent leur propre échelle de cotation. Nous avons vu l’éclosion du V Sharma, du V Rouhling et de personnes comme Pierre Bollinger qui cotent leur bloc en fonction de leur style et de leur petit jardin personnel, alors forcément, quand on sort de chez soi, on modifie les cotations des autres… De plus, depuis peu, aux Etats-Unis, une nouvelle lettre, le J a fait son apparition, et s’échelonne de 1 à 3. Cette cotation est exclusive aux jetés!! Alors faisons attention!!
6. Les vieux de la vieille.
Dans ce paragraphe, je voulais simplement faire un petit clin d’oeil à tous ces grimpeurs qui nous ont servis de précurseurs et qui sont encore aujourd’hui passionnés comme à leur première sortie en falaise il y a 60 ans!! (j’exagère peut-être un peu quand même!!). A leur époque, les cotations variaient entre le facile et le TD alias le Très Difficile, soit environ entre le 4 et le 6b/c. Mais il faut tout de même avouer qu’ils cotèrent des voies 6c alors qu’elles valaient bien plus, mais pour eux, il ne fallait pas être anti-conventionnel et ne pas déranger. Il ne pouvait pas y avoir plus dure que le TD!! Mais voila, des gens comme certains Patrick (Edlinger et son compère Bérhault), ont fait évoluer notre sport dans des laboratoires comme Buoux, au Verdon ou même au Saussois. Le Saussois qui fut à son époque la mecque incontestée du haut niveau grâce par exemple à « La Dudule » le deuxième 7a de France ouverte par Jean Claude Droyer en 1978, « Chimpanzodrome » (alias « La Voie Du Refuge ») qui fut l’un des tout premiers 8a de France par Jean Pierre Bouvier (maintenant 7c+ car autre méthode), ou encore sa voie voisine, « le Bidule », premier 8a+ de France en 1984!! Hommage!
8. Conclusion
En guise de conclusion, je voulais insister sur le fait qu’une cotation ne valorisera jamais une ligne exceptionnelle, et qu’elle n’est qu’une indication qui peu varier très étrangement, nous l’avons vu! Alors je pense sincèrement qu’il ne faut pas se prendre la tête pour une lettre et un chiffre, et vaut mieux se focaliser sur les mouvement qui se cachent derrière… La meilleure cotation est comme le dis (je crois) Ludovic Laurence: Ca passe ou ça passe pas!!
Texte: Thibault Bayard