Le défi fou de Symon Welfringer: Bike to Climb en Solo auto assuré
À l’heure où l’urgence climatique est dans tous les esprits, à l’heure où chacun doit apporter sa pierre à l’édifice, de nombreux projets éco-responsables voient le jour dans le milieu de la grimpe. Souvenez-vous, il y a quelques mois, nous vous parlions de Bike to Eight, un projet où l’objectif était de relier cinq 8a à vélo à la journée dans la région grenobloise. Plus récemment, Hugo Parmentier et Seb Berthe se sont lancés dans le projet des 100 7A bloc à Bleau dans la journée, et le tout en vélo, que ce soit pour les 2 artistes ou pour l »équipe de tournage qui les a accompagné.
Aujourd’hui, Simon Welfringer pousse le concept encore plus loin: Bike to Climb en solo. Mais kesako ? Très simple, l’idée était de réaliser la grande voie « Recto Verso », 7b max, en solo auto-assuré, avec comme seul moyen de locomotion pour y aller depuis Grenoble, son vélo.
Voici le récit de ce projet:
Épisode 1 : Le Pestel
Les projets vont et viennent dans la tête. Comme une plante qu’on arrose ou non, certaines germent et d’autres s’effacent. J’ai toujours eu du mal à arroser les plantes de manière assidue et beaucoup moins de mal à imaginer des projets dans ma petite tête. En rentrant du Pakistan cet été, j’ai eu du mal à me remettre à l’entrainement pour retrouver un bon niveau en escalade, ma motivation était ailleurs. Et plus je pédale sur ma bicyclette, plus je me dis que j’aime ça. Cette année, j’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de combiner la grande voie, l’alpinisme et la grimpe de manière plus générale, avec le vélo.
Immersifs, intenses et stimulants, ces combos ont éveillés mes sens et m’ont permis d’envisager des projets difficiles de grande ampleur en démarrant de la porte de mon appartement grenoblois.
J’imagine alors une nouvelle association possible avec comme caractéristique principale, une autonomie totale. Peu habitué à faire des activités seul, j’ai bien envie de découvrir cette solitude immersive pour quelques instants.
En imaginant grimper des grandes voies en solo auto-assuré, je peux paqueter toutes mes affaires sur mon vélo et grimper ce qui me plait sans aide extérieur ni compagnon de cordée.
Pour une première expérience, je choisis une voie équipée et dans un niveau que je suis censé maîtriser, je choisis tout de même une ligne que j’ai bien envie de grimper. Nous sommes fin août, et la météo est capricieuse, de la neige à moyenne altitude m’oblige à changer mes plans.
Je prends la direction du Sud, du Diois, pour grimper « la plus belle formation calcaire de France » selon les amis de camptocamp ahaha, j’ai nommé le Pestel ! Je choisis la voie « Recto Verso », ouverte par monsieur Mussatto dont j’ai entendu le plus grand bien. 7b max, je devrais pouvoir m’en sortir seul, du moi je l’espère.
110km de vélo et 2300m de déniv avec un vélo à 34Kg, moi qui pensais que les routes du Sud étaient plates, mes cuisses soutiennent le contraire …
Après une nuit à la belle étoile sous le clocher de l’abbaye de Valcroissant, je reprends ma route vers le monolithe. La première longueur en 7a est particulièrement engagée, c’est la première longueur que je grimpe en technique d’auto-assurage et j’avoue ne pas être rassuré du tout, j’ai clairement l’impression de faire du solo intégral et dans ma tête la chute est interdite. Transi par la peur mais également par le froid, j’atteins le relais de la première longueur avec de nombreux doutes sur la suite de mon aventure. Hormis quelques tutoriels sur Youtube, je n’ai aucune connaissance de cette technique d’assurage, j’aurais mieux fait de m’y entrainer avant en falaise. Mais c’est aussi ça l’aventure que je suis venu chercher.
Heureusement, la suite est plus déroulante ; pour me rassurer je me laisse tomber au début de la deuxième longueur, le système a l’air de fonctionner, je peux aborder la suite avec plus de sérénité.
Cette journée intense est jouissive, je découvre de nouvelles sensations d’escalade : grimper de cette manière m’oblige à être concentré au maximum, à ne prendre aucun risque et à assurer chaque mouvements. Ainsi, après avoir enchainé le 7b, j’ai le sentiment d’avoir dépensé plus d’énergie qu’il n’en faut. Certes, la chute n’est pas fatale comme en solo intégral, mais on envisage une chute de manière très différente que lorsque nous sommes assurés par une autre personne.
Chaque geste prend une importance différente et l’erreur n’est pas envisageable. Tout se déroule à merveille et pas à pas, je gravis ce beau Pestel pour la première fois. Les longueurs sont sublimes et je prends un grand plaisir à les grimper. Une fois en haut, je suis comblé. Mais le chemin est encore long jusqu’à Grenoble pour arriver à la fin de mon aventure …
A suivre au prochain épisode !!!
Un grand merci à Léo, venu sur place ce jour-là pour faire ces belles images, merci aussi pour le petit raccourci sur le chemin du retour. Hâte des prochaines aventures ensemble !!!