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Les lauréats 2016 des Bourses Expé : de la Suisse au Kirghizstan en passant par le Pérou, l’Alaska et la Chine…

Être lauréat d’une Bourse Expé n’est ni difficile, car tout un chacun, même sans pedigree d’aventurier, peut postuler, ni évident : alors que l’on croit la planète complètement explorée, on demande aux candidats de nous présenter un projet original, qui sorte des sentiers battus et de nous prouver qu’ils sont capables de le mener à bien…

« Étonnez-nous ! » exige le jury quand il se penche sur la pile de dossiers reçus au siège d’Expé pour attribuer les Bourses et leurs dotations.
Le jury des Bourses Expé 2016 s’est réuni le mardi 15 mars, au siège de la société Expé, avec la diffi- cile tâche de choisir les six équipes lauréates parmi la cinquantaine de dossiers reçus, et un très bon niveau général cette année…

Rappelons les critères demandés pour être sélec- tionné :

  • un projet original réalisé dans des conditions amateur, dans les sports de montagne et sans mo- torisation,
  • un engagement sur le terrain,
  • une démarche volontaire de témoigner de son aventure, en ramenant photos et vidéos.

Voici les lauréats et leurs projets, dans l’ordre chronologique de leur départ:

1 – Línea blanca en Cordillera Blanca | Pérou 20 avril au 25 mai 2016

Capture d’écran 2016-04-20 à 14.37.47L’objectif de Robin Coullet et ses trois amis est d’ouvrir une ligne très esthétique, dans la face sud-ouest du Taulliraju (5830 m), raide et impressionnante. Ce pic situé dans la Cordillera Blanca est l’un des som- mets les plus connus du Pérou, mais cette directis- sime, qui demande une grande polyvalence tech- nique et promet une bonne dose d’engage- ment, reste vierge…

Le Taulliraju est le sommet le plus photographié du Pérou. Sa face sud-ouest, très esthétique, est accessi- ble via un trek très fréquenté. Cette face concave est bordée par deux éperons – éperon des Italiens (1980) et Fowler/Watts (1982) – mais une ligne centrale, dé- finie par un placage rectiligne divisant la face reste à parcourir (c’est une ligne convoitée, tentée entre autres par Corominas/Baro en 2011 et en projet pour House/Prezelj en 2005).

Cette ligne directe de 700 m s’annonce technique et variée (placage 90°, artif, mixte et neige), elle repré- sente leur objectif principal et la durée de l’ascension est estimée à 4 ou 5 jours. Les deux premiers tiers de la face sont extrêmement raides : bivouac en hamac lors des tentatives précédentes.

L’équipe : Robin Coullet, 27 ans, Simon Cauty, 28 ans, Antoine Avenas, 25 ans, Jonathan Isoard, 25 ans, tous jeunes guides de haute montagne ou aspirant guides, et domiciliés dans le département des Hautes-Alpes.

2 – Kayak en territoire sauvage | Canada/USA 11 juillet au 11 septembre 2016

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C’est une expédition engagée dans un territoire sau- vage. 1 000 km en kayak, depuis le lac Meziadin, au cœur de la chaîne côtière en Colombie-Britannique, jusqu’à Juneau sur les bords de l’océan Pacifique via la Nass river et le parcours côtier du « passage inté- rieur ». Itinéraire sauvage en autonomie complète et en interaction permanente avec la nature qui fournit l’eau, la nourriture (pêche, cueillette), l’énergie (so- laire), la chaleur

(bois) et le décor de cette aventure « totale ».
Leurs motivations sont multiples et prennent leurs racines dans leur passion commune pour la vie sau- vage, les défis sportifs, l’aventure et une curiosité in- satiable :

– Le défi sportif : réaliser 1 000 km en kayak dans des conditions variables (lac, rivière puis mer) et exi- geantes notamment le long de la côte pacifique (eaux froides, courants, conditions climatiques difficiles)

– Apprentissage des techniques de survie : vie en au- tonomie en milieu naturel avec la nécessité de se nourrir, de se déplacer chaque jour par leurs propres moyens.

– Interaction permanente avec la faune et la flore.

L’équipe : Clément LEJEALLE, médecin, 29 ans et Alexandre JACQUET, 30 ans, blogueur aventure web, tous deux de la région parisienne.
Blog : http://www.coureurdesbois.fr

3 – Les montagnes sacrées du Tibet oriental | Chine Expédition 100 % féminine 1er août au 1er octobre 2016

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Linda Bortolleto est du genre femme d’action. Ex-mi- litaire de l’armée de l’air, puis capitaine de gendarme- rie, elle a envoyé balader l’uniforme pour se réaliser pleinement en menant des expéditions solitaires, de l’Asie Centrale à l’Alaska, à la rencontre des peu- ples nomades.
Son nouveau projet consiste à tra- verser à vélo deux régions du Tibet, le Kham et l’Amdo, récemment ouvertes aux étrangers, et de se joindre aux pè- lerins bouddhistes dans leurs hommages aux mon- tagnes sacrées, dont ils font le tour dans le sens horaire.

Partant de Chenggdu, elle rejoindra Xining, 2 200 ki- lomètres plus loin, en rajoutant quelque 800 kilomè- tres à pied durant trois lieux de pèlerinages : autour du pic Minyak Konkar (7 556 m), du monastère de Pal- pung et du pic Amnye Machen (6 282 m)…

Au rythme lent et régulier de la marche ou du vélo, elle va rendre hommage à la ferveur de ces popula- tions, en s’inspirant de l’énergie de ces lieux sacrés, entre 3 000 et 4 000 m d’altitude.

4 – Pérou on commence ? | Pérou 25 juillet au 30 Aout

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L’objectif tient en une ligne: tentative d’ouverture d’un big wall sur le Puscanturpa Sur (ou Cuyoc, 5 500 m) au Pérou.

Ces trois grimpeurs pratiquent le terrain d’aventure en Espagne, un peu partout en Europe et ils souhai- tent découvrir des parois plus grandes afin d’y ouvrir des itinéraires rocheux. Aimant le voyage et la décou- verte d’autres cultures, c’est parti pour le Pérou ! Leur acclimatation se fera d’abord sur des voies d’escalade sportive à Hatun Machay, puis par la répétition d’une grande voie, “Cruz del sur”, sur El Esfinge ou Cero Paron, dans la Cordillère Blanche.

Viendra alors le Puscanturpa, au cœur de la cordillère Huayhuash, une impressionnante paroi rocheuse re- pérée lors d’un précédent voyage, où ils rêvent d’aller ouvrir des big wall. Deux jours de marche accompa- gnés de mules dans une vallée encore sauvage seront nécessaires pour parvenir au camp de base. 5 itiné- raires seulement y sont ouverts, ce terrain de jeu est donc riche de promesses !

Habitués à l’escalade dans leurs chères Pyrénées, ils apprécient l’isolement des vallées encaissées. Parti- sans de l’escalade naturelle, ils essaieront au maxi- mum de se passer de l’emploi des spits. De plus, ils tiennent à respecter l’environnement, tant au niveau naturel qu’humain.

L’équipe : Lara Amoros, 28 ans, Mélaine Camou- Juncas, 23 ans, Benoît Montfort, 34 ans, tous trois professeurs des écoles et des Pyrénées. Blog : http://laraamoros.blogspot.fr

5 – Ouverture dans le Tian Shan | Kirghizistan 1er août au 4 septembre 2016

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Deux très jeunes grimpeurs niçois, membres de l’équipe espoir du CAF 06, partent au Kirghizstan ou- vrir une voie sur le Peak Gorky. Il se situe sur la Tengri Tag, l’arête où se trouvent de nombreux sommets ayant pour point culminant le fameux Khan Tengri.

Ils se rendront au camp de base de ce massif isolé, situé à 4 100 m, entre les pics Pobeda et Khan Te- ngri, mais ils comptent y rester le moins de temps possible, pour s’acclimater sur des lignes mixtes et des arêtes, parfois vierges, dans les alentours du Khan Tengri.

Leur objectif prin- cipal est donc le Peak Gorky (6 050 m) qui pro- pose de belles faces notamment la sud-est. Une ligne y a été ouverte récemment tandis que la formi- dable face sud, plus à gauche, est encore vierge. Ils y ont repéré une belle ligne où ils s’attendent à des diffi- cultés en mixte et glace, entrecoupées de pente de neige raide, ainsi qu’une descente technique (arête cornichée et pente de neige raides par un itinéraire différent).

En plus de cet objectif, de nombreuses ouvertures sont envisageables (autres lignes possibles au Peak Chapaev) sur les autres sommets de la Tengri Tag qui sont très peu fréquentés, le Khan Tengri attirant tous les regards. D’ailleurs, si l’occasion se présente, ils ten- teront le Khan Tengri, 7 010 m, pour approcher la très haute l’altitude, encore inconnue de leur cordée.

L’équipe : Olivier Vigouroux, 22 ans, étudiant en géophysique, et Mathias Édouard Safa, 20 ans, étudiant en STAPS, région niçoise et tous deux membres du groupe espoir du CAF 06.

6 – Mille et un Pas sous la Glace | Suisse 8 au 16 octobre 2016

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De la spéléologie au cœur des glaces ! Cette discipline qui cumule le milieu du glacier et les techniques spé- léologiques permet de descendre au cœur des gla- ciers, d’en explorer les recoins pour en rapporter les traces des circulations d’eau en son sein.

L’Eldorado européen de la spéléologie glaciaire est, après celui du Gorner, le glacier d’Aletsch, en Suisse. Il est le glacier majeur d’Europe et pourtant il reste peu connu des glaciospéléologues et peu de données ont été rapportées de cet univers.

Ils espèrent explorer l’intégralité d’un méga moulin parcouru dans les années précédentes, et dans lequel ils avaient dû s’arrêter à 40 m de profondeur devant un fort rideau aquatique. Même en explorant de nuit, le débit dépassait encore les 200 litres d’eau glacée à la seconde. Ils espèrent atteindre grâce à cet important et impressionnant “moulin” le cœur du glacier vu sa position.

Aux alentours, ils devraient retrouver une vingtaine d’autres moulins. Chaque exploration fera l’objet d’une topographie, et certains moulins étudiés selon des protocoles développés avec les scientifiques associés que sont Luc Moreau, glaciologue indépendant, et Marjorie Perroud, de l’Université de Ge- nève C3i.

L’équipe : Barnabé FOURGOUS, 37 ans, Nicolas BAUDIER, 34 ans, Laura BONNEFOIS, 29 ans, Anthony BRIGANT, 32 ans, Thomas CORNU, 34 ans, Pierre- Bernard LAUSSAC, 43 ans, Tristan GODET, 38 ans, Isadora GUILLAMO, 29 ans, Aurélie PAULET, 32 ans et Émilie REBREYEND, 35 ans, tous spéléologues, résidant dans le Vercors.

Publié le : 20 avril 2016 par Charles Loury

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