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La malédiction de l’argent : Oriane Bertone et Mejdi Schalck, l’or échappé du bout des doigts

© IFSC

L’histoire semble se répéter… À Berne, en 2023, Oriane Bertone et Mejdi Schalck étaient montés sur la deuxième marche du podium des Championnats du Monde de bloc, frôlant déjà l’or.

Deux ans plus tard, à Séoul, le scénario a pris une tournure presque irréelle : les deux prodiges français ont rejoué exactement la même partition. Ils ont dominé, brillé, avaient le titre au creux de la main… puis ont vu, au dernier instant, leur rêve se dérober.


Oriane, le goût amer d’un or effleuré

Samedi soir, Oriane Bertone a illuminé la finale féminine. Concentrée, imperturbable, elle a survolé les trois premiers blocs, prenant les devants devant la légende Janja Garnbret. Très largement en tête avant d’attaquer le dernier passage, elle avait son destin entre ses mains. L’or semblait écrit pour elle.

Mais le destin, capricieux, s’est amusé à la faire trébucher deux fois, la main sur la dernière prise, l’objectif à portée de doigts. Deux fois, elle a frôlé le top, sa main effleurant la dernière prise. Deux fois, la victoire lui a échappé. Garnbret en a profité, reprenant la couronne mondiale. Oriane, elle, se contente d’une nouvelle médaille d’argent.

© Coll. Bertone

Un podium teinté de frustration, qu’elle a exprimée avec force et sincérité sur ses réseaux : « Pour la première fois depuis mes débuts en Coupe du Monde, j’avais vraiment le niveau, la force, la capacité de gagner. J’ai touché l’or du bout des doigts. Je n’ai pas su saisir cette opportunité, et ça restera en moi… Jusqu’à ce que je gagne. »

Mejdi, le même destin, 24 heures plus tard

Dimanche, c’est Mejdi Schalck qui s’est présenté sur le tapis. Comme Oriane la veille, il a dominé la finale masculine. Solide, précis, impressionnant de combativité, il a enchaîné les trois premiers blocs et s’est élancé sur le dernier passage avec une longueur d’avance sur ses adversaires.

Le titre était là, suspendu à ce bloc ultime. Il suffisait de le valider dans ses deux premières tentatives pour décrocher le Graal.

© IFSC

Mais comme dans un miroir cruel, le scénario a basculé… Incapable de maîtriser le mouvement en compression, Mejdi a vu le jeune japonais Sorato Anraku le dépasser au classement. Résultat : encore une médaille d’argent, encore ce sentiment d’avoir tout donné… mais pas assez.

Une “malédiction” en argent ?

Que deux grimpeurs, de la même équipe, connaissent deux années de suite un destin identique paraît presque irréel. La probabilité est infime, et pourtant, c’est bien ce qui s’est produit à Séoul. Deux prodiges français, deux finales dominées, deux fois l’or effleuré… et deux deuxièmes places.

Certains y verront une malédiction, une ironie cruelle du sport. Mais derrière cette frustration, il y a une vérité éclatante : Oriane et Mejdi sont aujourd’hui parmi les meilleurs grimpeurs du monde. Toujours au rendez-vous, toujours capables de rivaliser avec les plus grands noms de la discipline, toujours au bord du sacre.

© Rems_Nadeuge

Le sport aime les histoires fortes, celles où l’échec prépare la victoire, où l’attente rend le succès plus beau encore. Oriane et Mejdi n’ont pas encore touché l’or mondial, mais leurs médailles d’argent, en miroir, résonnent comme la promesse d’un futur triomphe… Et lorsque ce jour viendra, il aura une saveur incomparable !

Comme le conclut Oriane : « Je me rappellerai du sentiment écrasant de déception dans lequel je me suis noyée après mon dernier essai, jusqu’à ce que je gagne. Je me rappellerai du travail éreintant et des sacrifices que j’ai consentis pour atteindre l’objectif de devenir chaque jour la meilleure version de moi-même, jusqu’à ce que je gagne. Je me rappellerai de ces quatre blocs de finale et de la pression que je me suis imposée pour ne rien laisser filer, chaque jour, jusqu’à ce que je gagne. Et je me rappellerai comment l’escalade a changé ma vie, mes rêves et moi-même, avant toute autre chose ».


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