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La maison de la grimpeuse iranienne Elnaz Rekabi détruite

La grimpeuse iranienne Elnaz Rekabi faisait la une de l’actualité après avoir participé sans son voile à une compétition internationale d’escalade cet automne. Sans nouvelle d’elle depuis plus d’un mois, nous apprenons maintenant que sa maison familiale a été détruite. Des médailles d’escalade auraient été retrouvées parmi les ruines.

Le 16 octobre, la grimpeuse iranienne Elnaz Rekabi s’élançait dans sa voie de finale sans hijab lors des championnats asiatiques à Séoul. À ce moment, des manifestations anti-régime balayaient l’Iran après la mort de Mohsa Amini, 22 ans, alors qu’elle était détenue par la police des mœurs pour ne pas avoir porté correctement le voile. Le geste d’Elnaz Rekabi avait donc été interprété comme un soutien à ce mouvement anti-régime.

Devenue un véritable symbole auprès des protestataires, Rekabi était accueillie en héros par des supporters à l’aéroport international Imam Khomeini de Téhéran. Elle a ensuite posté sur son compte Instagram : « Je suis infiniment reconnaissante pour le soutien que vous m’avez apporté, vous, tout le peuple iranien, les gens les plus décents de la planète, athlètes et non-athlètes, et tout votre soutien dans la communauté internationale. » Mais après son retour à Téhéran, elle apparaissait devant les caméras de la télévision d’État et déclarait alors que le fait de concourir sans son hijab était « une inadvertance ». Cependant, étant donné que l’Iran a l’habitude de punir les dissidents, beaucoup pensent que ses déclarations ont été faites sous la contrainte.

Depuis, la jeune femme de 33 ans a mystérieusement disparu. Elle aurait été placée en résidence surveillée et n’aurait plus le droit d’utiliser son téléphone portable. Nous apprenons maintenant que sa maison de famille a été démolie. Le frère d’Elnaz, Davood, a posté une photo sur les réseaux sociaux montrant le jardin détruit, et a demandé : « Justice, où es-tu ? ». Suite à ce post, Davood, qui a remporté plusieurs médailles dans des compétitions d’escalade nationales et internationales, a été condamné à payer l’équivalent de 5 000 euros pour une « violation non divulguée ».

Elnaz Rekani et son frère Davood.

Les images de la maison détruite montraient des médailles d’escalade jonchant le sol. Ni les autorités ni les médias iraniens n’ont commenté publiquement la situation d’Elnaz depuis plus d’un mois.

Des manifestations ont éclaté dans tout l’Iran en septembre, à la suite de la mort de Mahsa Amini, 22 ans. Arrêtée pour avoir enfreint le code vestimentaire islamique, Mahsa Amini est morte en détention trois jours plus tard. L’indignation publique a éclaté, alimentant une protestation qui s’est transformée en révolution menée, peut-être pour la première fois de l’Histoire, par des femmes. D’après les derniers chiffres, plus de 400 manifestants ont été tués, dont au moins 58 mineurs. 16 813 manifestants ont été arrêtés, dont 524 étudiants.

Depuis le début des manifestations, plusieurs grands sportifs iraniens et personnalités publiques de premier plan, dont la star du football Ali Daei, ont été convoqués ou arrêtés par les autorités et se sont vus confisquer leur passeport après avoir manifesté leur soutien aux manifestations antigouvernementales.

Le hijab (le couvre-chef porté par les femmes musulmanes) est devenu obligatoire en public pour les femmes et les filles iraniennes âgées de plus de neuf ans après la révolution islamique de 1979.


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Publié le : 03 décembre 2022 par Nicolas Mattuzzi

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