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Janja Garnbret s’exprime vivement sur les problèmes de poids en escalade

Une semaine avant le début des Championnats du Monde à Berne, Janja Garnbret a réalisé une déclaration poignante sur ses réseaux sociaux, concernant les troubles alimentaires et les problèmes de poids en escalade.

« Voulons-nous élever la prochaine génération de squelettes ? », a vivement commencé la championne olympique. « Cheveux cassants, expressions ternes, tentant de montrer à tout le monde que tout va bien, mais est-ce vraiment le cas ? La sous-alimentation n’est pas un motif de fierté ou un emblème de réussite. Être léger ne signifie pas être fort. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu quelqu’un dire qu’il détestait son corps ou qu’il voulait être plus mince. Cela me brise le cœur d’entendre des jeunes filles dire que si elles perdaient quelques kilos, elles pourraient être aussi fortes que d’autres filles. Je souffre de voir tant d’exemples au sein de la communauté des grimpeurs », poursuit-elle.

« Nous avons tous le pouvoir de changer la culture des troubles alimentaires dans le sport. Cela commence par la façon dont nous parlons de notre rapport à la nourriture, de notre corps et de la façon dont nous définissons la forme physique. J’encourage les entraîneurs à engager des diététiciens ou d’autres professionnels pour parler de nutrition à leurs athlètes et former les entraîneurs sur les troubles alimentaires dans le sport. Les dépistages RED-S* devraient être obligatoires pour tous les participants à la Coupe du Monde et aux compétitions continentales. Et oui, je crois qu’il faut des sanctions si les seuils fixés par les experts ne sont pas atteints. Ceci étant dit, je suis sceptique quant à l’idée de confier cette responsabilité aux fédérations nationales car, pour des raisons compréhensibles, il peut y avoir un lien trop fort pour voir la vérité ou une trop grande dépendance à l’égard du succès d’un athlète pour prendre les décisions qui s’imposent », déclare Janja.

« Je l’ai déjà dit et je le répète : la lutte contre la malnutrition et le RED-S doit être menée sans plus attendre. Empêcher les athlètes et notre sport en général de subir d’autres dommages devrait être dans notre intérêt à tous et en haut de la to-do list de l’IFSC. Soyons vigilants et veillons à ce que l’escalade ne devienne pas un environnement obscur », termine-t-elle.

Il y a un mois, les docteurs Volker Schöffl et Eugen Burtscher, membres de la commission médicale de l’IFSC, ont démissionné en signe de protestation suite à l’inaction de la fédération internationale concernant les problèmes de RED-S chez les grimpeurs. « En conséquence du manque d’action de la part de l’IFSC, je démissionne de mon poste au sein de la Commission médicale de l’IFSC avec effet immédiat », avait déclaré le Dr Volker Schöffl il y a quelques jours.

Lui et son équipe ont travaillé sans relâche au cours des deux dernières décennies pour développer des moyens de détecter, d’évaluer et d’aider les athlètes qui souffrent de troubles alimentaires. Pourtant, bien qu’ils disposent « des données les plus approfondies sur ce sujet parmi toutes les disciplines sportives », ils estiment que l’IFSC n’a pris aucune mesure concrète pour préserver la santé de ses athlètes. En tant que médecins, ils ne pouvaient plus accepter l’inaction de la fédération internationale pour traiter sérieusement ce sujet, d’où leur démission.

* Le RED-S est le déficit énergétique relatif dans le sport. Il est le résultat d’un apport calorique insuffisant et/ou d’une dépense énergétique excessive et peut avoir un impact profond et durable sur la santé des athlètes, quel que soit leur sexe.


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Publié le : 28 juillet 2023 par Nicolas Mattuzzi

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