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James Pearson frôle l’exploit en Écosse : un E10 au deuxième essai

© Coll. Pearson

Quelques jours à peine après avoir signé l’ascension de « Crac yr Meistri » (E9 8b), James Pearson et Caroline Ciavaldini poursuivent leur périple familial au Royaume-Uni. Cette fois, cap sur Inverness, la ville la plus au nord du pays, avec en ligne de mire un projet ambitieux : tenter un flash de « What We Do in the Shadows », une voie trad cotée E10 7a, signée Robbie Phillips, et nichée sur la falaise de Loch Duntelchaig.

 « J’avais vu il y a quelques années les vidéos de Robbie lors de la première ascension, et de Dave MacLeod pour la première répétition, explique James. J’avais noté que ça pourrait être une bonne candidate pour un flash, car elle semblait relativement sûre et que les difficultés arrivaient seulement après avoir placé toute les protections. »

Cette ligne spectaculaire, qui reprend le départ de « Nosferatu » (E8 6c) avant de tracer tout droit vers le sommet, est un condensé de puissance et de technicité : un premier crux très physique sur des inversées mène à une section finale explosive, en compression sur petites prises, ponctuée d’un dernier jeté.

Un défi rarissime dans le monde du trad

Le flash d’un E10 est un exploit rarissime dans le monde de l’escalade traditionnelle. La liste des grimpeurs l’ayant tenté ou réussi est très courte. James se souvient : « Je peux penser à « Muy Caliente » (E10 à l’époque, aujourd’hui E9) que j’ai failli flasher en 2011, « Something’s Burning » (E9) en 2014, « The Path » par Alex Megos en 2016, « La Fuerza de la Gravedad » par Pete Whittaker en 2022, « Le Voyage » par Seb Berthe en 2023 – le premier flash d’un E10 à ma connaissance – et plus récemment « Lexicon » (E11) par Adam Ondra en 2025

© Raphaël Fourau

Flasher une voie de trad aussi difficile est véritable exercice d’équilibriste. « Une grande partie de la difficulté est liée au danger, explique James. Même si une voie est “sûre” techniquement, placer les protections efficacement pendant des mouvements physiques demande énormément d’énergie. Sur ce type de projet, tu dois prendre le temps de placer chaque coinceur à la perfection et risquer de te griller avant le crux, soit avancer vite et prendre des risques excessifs… qui se soldent souvent par une peur panique et du sur-serrage ».

Un plan de route précis… mais une erreur fatale !

Bien préparé grâce aux vidéos détaillées de Robbie Phillips et Dave MacLeod, et aux indications précises de Caroline, Pearson pensait avoir toutes les cartes en main.

Mais lors de son essai, tout bascule plus tôt que prévu : un mouvement maladroit pour sortir d’un coincement de genou dans le toit, avant même d’attaquer la partie la plus dure, lui coûte la chute.

Dire que j’étais déçu est un euphémisme. Les occasions pour un flash sur une voie de ce niveau sont si rares que j’ai eu l’impression de la gâcher…

© Coll. Pearson

Heureusement, la frustration laisse place au soulagement au deuxième essai : James grimpe la voie du bas en deux tentatives, sans repérage préalable, ce qui reste une belle performance. « La voie est incroyable, exactement ce que j’espérais. Après avoir placé la protection et atteint les inversées du mur final, tout s’accélère : un pas de bloc physique et technique sur petites prises, des contrepoinets, et un dernier jump pour conclure. Rien à voir avec une voie de trad classique ! ».

Avec cette ascension, James Pearson signe la troisième répétition connue de « What We Do in the Shadows », et confirme, une fois encore, qu’il reste l’un des plus grands spécialistes mondiaux du trad extrême… même quand la perfection du flash lui échappe de peu !


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Publié le : 14 août 2025 par Nicolas Mattuzzi

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