Le contenu

Jakob Schubert dénonce les dérives des compétitions d’escalade

© IFSC

Dans une récente interview, Jakob Schubert s’est exprimé sans détour sur l’état des compétitions d’escalade. Avec un palmarès impressionnant – deux médailles de bronze olympiques, des titres de Champion du Monde et des réalisations hors normes comme un 9A en bloc et un 9c en falaise –, l’Autrichien est une figure respectée du monde de l’escalade. Il déplore que les compétitions s’éloignent de plus en plus de l’essence de l’escalade sur rocher, un point qu’il considère central.

Une nouvelle vidéo de Bloc House, célèbre salle d’escalade autrichienne, a récemment été mise en ligne, dans laquelle Jakob Schubert aborde ouvertement ses préoccupations concernant l’état des compétitions d’escalade. Il critique particulièrement l’excès de mouvements dynamiques et exprime son souhait de voir le style proposé en compétition plus proche de l’escalade sur rocher. Selon lui, l’escalade de bloc est devenue bien trop aléatoire.

Une pratique qui s’éloigne de l’essence de l’escalade

Jakob observe que le bloc en compétition a beaucoup changé ces dernières années. Les volumes sont devenus plus grands et plus complexes, ce qui a radicalement modifié les styles d’ouverture, tandis que les prises modernes favorisent les mouvements dynamiques et les coordinations.

Dans l’interview, Jakob Schubert critique l’évolution des styles d’ouverture, notamment en bloc. Selon lui, les mouvements dynamiques, les coordinations complexes et les mouvements aléatoires dominent, au détriment des blocs demandant gainage, puissance ou force dans les doigts.

J’aimerais que l’escalade en compétition soit le prolongement naturel de l’escalade sur rocher, et non un sport à part entière !

Jakob Schubert

© IFSC

Il regrette que les blocs modernes favorisent souvent la lecture et la chance de trouver la bonne méthode, plutôt que des qualités fondamentales comme la puissance ou la technique. Cela donne parfois une impression d’aléatoire dans les résultats, loin des standards qui, il y a une décennie, mettaient en avant la constance des grimpeurs comme Kilian Fischhuber ou Dmitrii Sharafutdinov.

Selon lui, les blocs devraient inclure un mélange équilibré de dalles techniques, de mouvements dynamiques, mais aussi de blocs plus basiques, nécessitant puissance et force dans les doigts. Trouver cet équilibre entre sport traditionnel et show est selon lui, l’une des grandes missions des années à venir.

Une organisation perfectible

Au-delà du style des blocs, Jakob pointe du doigt des problèmes organisationnels, notamment des déséquilibres dans la difficulté des tracés. Certaines voies sont trop faciles, d’autres trop difficiles, ce qui nuit à la fluidité et à l’équité des compétitions.

Selon lui, impliquer davantage les athlètes dans la prise de décision pourrait améliorer la qualité des épreuves et renforcer la crédibilité du circuit international. Bien que des progrès aient été réalisés par l’IFSC, il estime que la structuration des compétitions reste en chantier.

© IFSC

Des résultats trop imprévisibles

Jakob s’inquiète également de la variabilité des résultats, particulièrement en bloc, ce qui réduit l’engouement du public. Un athlète peut remporter une étape de Coupe du Monde, puis échouer à se qualifier pour les demi-finales à la suivante. Cette instabilité, amplifiée par les styles d’ouverture modernes, rend difficile l’émergence de figures emblématiques et nuit à l’intérêt du public.

À titre de comparaison, des sports comme le tennis ont gagné en popularité grâce à la régularité des performances de champions comme Djokovic, Federer ou Nadal. Dans le monde de l’escalade, seuls quelques athlètes, tels que Janja Garnbret ou Sorato Anraku, parviennent à maintenir une constance exceptionnelle, mais ils restent des exceptions. Bien que les mouvements dynamiques et les blocs visuellement impressionnants soient captivants pour le public, l’absence de régularité parmi les favoris peut rendre le sport moins excitant pour les fans qui suivent les athlètes.

© IFSC

Vers un équilibre entre tradition et spectacle

Jakob milite pour que l’escalade de compétition reste un écho de l’escalade naturelle, tout en intégrant des éléments spectaculaires pour séduire un public plus large. Trouver cet équilibre entre tradition et modernité, entre performance athlétique et dimension visuelle, est selon lui l’un des plus grands défis des années à venir.

L’interview complète à voir ici :


Lire aussi

Comment Jakob Schubert est-il devenu le grimpeur le plus accompli au monde ?

Publié le : 28 novembre 2024 par Nicolas Mattuzzi

# Actualités PG

jakob schubert