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« J’ai envie de me battre ! » – Agathe Calliet se livre avant le Championnat de France de bloc 2025

© Fabrice Anterion

À quelques jours du Championnat de France de bloc 2025, nous sommes allés à la rencontre de l’une des prétendante à la couronne : Agathe Calliet. Cette jeune grimpeuse française s’est révélée sur la scène nationale et internationale en 2024 et s’est confié en exclusivité sur sa préparation, ses ambitions et l’état d’esprit avec lequel elle aborde cette saison 2025. Entre détermination, passion et lucidité, elle nous plonge dans les coulisses de son parcours et des défis qu’elle s’apprête à relever.

À quelques jours du Championnat de France de bloc 2025, Agathe Calliet se prépare à relever un défi de taille. Après une 7ᵉ place en 2023 et une 6ᵉ place en 2024, la Valentinoise de 21 ans aborde cette édition avec une ambition grandissante, portée par une préparation rigoureuse et une belle dynamique de progression. « Peut-être une 5ᵉ place ? Non, je plaisante », lance-t-elle avec humour, avant d’affirmer sa détermination : « C’est un événement intense et excitant chaque année. J’espère que le travail effectué cet hiver portera ses fruits ».

Cette année, l’absence de plusieurs grandes favorites place Agathe parmi les prétendantes au titre national. Mais loin d’être une pression supplémentaire, elle voit plutôt cela comme une motivation : « J’aurais aimé grimper avec elles, mais au final, chacun son chemin. Je préfère me concentrer sur ma compète ».

Forte de son expérience acquise sur la scène internationale l’an dernier, notamment avec une finale en Coupe du Monde à Séoul et une médaille de bronze aux Championnats d’Europe, elle sait que tout peut se jouer sur des détails. Cette maturité et cette confiance nouvellement acquises pourraient bien être les atouts qui lui permettront de franchir un cap cette saison.

Entretien avec Agathe Calliet, qui nous plonge dans les coulisses de sa préparation et son quotidien d’athlète.


Sur le Championnat de France de bloc 2025


Après une 7ᵉ place en 2023 et une 6ᵉ place en 2024, comment te sens-tu à l’approche de cette édition 2025 ?

Peut-être une 5ᵉ place ? Non, je plaisante. Je suis super motivée pour cette compétition ! C’est un événement intense et excitant chaque année. J’espère que le travail effectué cet hiver portera ses fruits. C’est un grand rendez-vous national, alors je vais tout donner !

En 2023, tu disais que « le fait que les Championnats de France se déroule chez moi, à Valence, m’a mis une pression horrible ». Te sens-tu donc moins stressée de disputer la compétition à Anse cette année ?

Ah bon, j’ai dit ça moi ? Je ne m’en souvenais plus… (rires). C’est vrai que grimper à domicile a ses avantages et ses inconvénients : on connaît mieux les lieux que les autres, mais forcément il y a plus de pression à cause des amis et de la famille dans le public. Surtout deux ans de suite ! En même temps, ça pousse aussi à se dépasser. À Anse, ce sera différent, mais au final, ça reste de l’escalade, alors je ne m’inquiète pas trop.

© Aurèle Bremond

L’absence d’Oriane Bertone, Naïla Meignan et Zélia Avezou te place parmi les grandes prétendantes au titre. Est-ce une pression supplémentaire ou une motivation particulière ?

C’est vrai que l’absence de ces grimpeuses laisse un peu plus d’espace, mais je trouve ça dommage. Ce sont des filles très fortes qui m’inspirent, et j’aurais aimé grimper avec elles. Honnêtement, cela ne change pas grand-chose dans mon approche. Je préfère me concentrer sur ma compète. J’aime bien dire : « chacun son chemin » ! Mais, bien sûr, savoir qu’il y a une chance d’aller chercher le titre, c’est une belle motivation.

As-tu tiré des leçons spécifiques des éditions précédentes pour mieux te préparer cette année ?

Grâce aux saisons précédentes, j’ai gagné en expérience. Je gère mieux le stress, la pression et l’enjeu. J’ai développé des routines, des habitudes, et j’aborde les grandes compétitions avec plus de sérénité qu’avant. Bref, je grandis, quoi !

© IFSC

Qu’est-ce qui fera, selon toi, la différence pour décrocher le titre cette année ?

En bloc, les scénarios sont souvent imprévisibles. Pour maximiser ses chances, il faut rester lucide, concentrée, et saisir chaque opportunité. Ne pas s’affoler, chercher les solutions et se battre bloc par bloc, en prenant les choses une étape à la fois. Comme on dit : « la stratégie des petits pas » (merci Laurent). Vivre le moment présent et rester focus.


Sur son entraînement hivernal


Peux-tu nous parler de ton entraînement hivernal ? Quelles ont été tes priorités ces derniers mois ?

Cet hiver, j’ai beaucoup travaillé sur mes points faibles, mais aussi sur mes points forts. C’était intense, mais je fais confiance à mon coach et au staff. Je n’ai pas eu de grosses blessures, je suis restée en bonne santé, et mentalement, je vais bien. J’espère que tout ça portera ses fruits pour les étapes nationales et le début de la saison de Coupe du Monde ! Puisque j’ai déjà ma sélection pour les trois premières étapes, j’ai pu voir un peu plus loin et m’assurer d’être prête pour la première Coupe du Monde en Chine.

© Aurèle Bremond

As-tu travaillé spécifiquement sur des points faibles identifiés lors des compétitions de l’année dernière ? Si oui lesquels ?

Oui, j’ai travaillé sur des aspects qui semblent parfois secondaires, mais qui font la différence : ma condition physique, bien sûr, mais aussi des détails comme la souplesse des poignets pour mieux tenir les inverses. Je me suis forcée à utiliser des prises et des préhensions qui me mettaient en difficulté, pour ne plus les « redouter » quand je les retrouve en compétition.

Comment as-tu géré l’équilibre entre l’entraînement physique, mental, et la récupération cet hiver ?

Je crois avoir trouvé un bon équilibre. J’essaie de m’écouter, de prendre soin de moi avec des séances chez le kiné, de m’entourer des bonnes personnes et de bien gérer mon temps entre l’entraînement, la famille, les amis et l’école. Cet équilibre est essentiel, surtout en hiver avec la fatigue, le manque de soleil et les jours courts. Il faut s’accrocher. Mais il n’y a pas à se plaindre.

© IFSC


Sur sa saison en 2024


Tu as connu une belle saison à l’international l’année dernière, avec notamment une finale à Séoul et une médaille de bronze aux Championnats d’Europe. Comment analyses-tu cette progression ?

C’était une énorme satisfaction. Je savais que j’avais progressé, mais voir mon travail se concrétiser, malgré les défis, a été très gratifiant. En 2022, j’avais de bons résultats en jeunes et en senior. En 2023, j’ai subi une blessure (une poulie), ce qui m’avait ralentie. Mais en 2024, j’ai réussi à revenir plus forte, à enchaîner les demi-finales et à m’affirmer sur la scène internationale. Ça a été un vrai déclic pour moi ! C’est une année où j’ai vraiment senti que je pouvais m’exprimer dans les blocs.

© Planetgrimpe

T’attendais-tu à de tels résultats ?

Honnêtement, je savais que j’avais le potentiel pour faire une demi-finale, surtout en Coupe du Monde où les blocs sont souvent plus physiques qu’au niveau national. Mais aller aussi loin, avec une finale à Séoul et une médaille européenne, c’était au-delà de mes espérances.

Ta 6ᵉ place à Séoul lors de ta première finale en Coupe du Monde a marqué les esprits. Que retiens-tu de cette expérience ?

C’était fou ! C’est un rêve d’enfant qui se réalise, et cette sensation est indescriptible. Je souhaite à tout le monde de ressentir ça un jour. Par contre, une fois en finale, j’ai eu du mal à gérer mes émotions : j’étais tellement heureuse que mon escalade s’en est ressentie. Je n’étais pas à mon meilleur niveau, et sur le moment, j’ai eu un peu honte de ma performance. Mais avec le recul, cette finale m’a énormément appris. J’ai été très heureuse en plus de la partager avec Zélia, avec qui j’ai grandi en compétition et qui a fait son premier podium. Cette finale m’a donné envie de me surpasser et de revivre ces moments d’exception.

© Vanessa Winter

Quel a été ton moment le plus marquant en 2024 ?

C’est difficile de choisir entre la finale à Séoul et mon podium aux Championnats d’Europe. Séoul, c’était une première finale mondiale, un rêve pour beaucoup de grimpeurs. En plus, la ville est spéciale pour moi : j’y avais eu ma blessure en 2023, donc c’était une revanche personnelle.

Mais émotionnellement, les Championnats d’Europe en Suisse étaient encore plus intenses. Tout était familier : le public parlait français, Christopher au micro, mes amis étaient là, ma sœur aussi… Et c’était juste après les JO, qui m’avaient inspirée.

Sportivement, je dirais Séoul ; pour les souvenirs et l’émotion, la Suisse reste inoubliable.


Sur ses objectifs pour 2025


Quels sont tes objectifs principaux cette saison, aussi bien au niveau national qu’international ?

Cette année, j’aimerais revivre l’excitation d’une finale en Coupe du Monde, et pourquoi pas un podium. Me qualifier pour les Championnats du Monde à Séoul en fin d’année est aussi un objectif. Au niveau national, j’aimerais montrer une belle escalade, assumer mon statut de prétendante au titre aux Championnats de France et réussir à gérer ma compète.

© IFSC

Que signifierait pour toi un titre de championne de France cette année ?

Ce serait une immense fierté. Gagner un titre, c’est quelque chose qui reste pour toujours, c’est symbolique. Mais rien n’est acquis. Même si certaines grimpeuses manquent cette édition, il reste des concurrentes très solides qu’il faudra aller chercher. Je m’entraîne souvent avec les filles et je sais qu’elles sont en forme !

Ton rêve en 2025, c’est… ?

C’est de continuer à grandir dans l’escalade, à m’épanouir dans ce sport. J’aime la compétition, les sensations qu’elle procure, les gens qui m’entourent dans ce milieu. Mon objectif est de vivre cette saison pleinement, sans regrets, en restant en bonne santé et avec l’énergie de profiter de chaque instant. Bien sûr, je ne dis pas non à un petit podium en Coupe du Monde. Mais au-delà des résultats, je veux garder les pieds sur terre et savourer les choses simples : grimper, progresser, partager des moments forts.

© Planetgrimpe


Un peu de fun pour finir !


Quel est ton péché mignon après une grosse séance d’entraînement ? Et non, « des pâtes » ne compte pas comme une réponse originale !

Franchement, j’adore manger alors c’est dur de choisir… Je dirais des Michokos (le paquet entier !). J’aime tellement me faire plaisir 🙂

Si tu pouvais ajouter une règle complètement folle aux compétitions, ce serait quoi ?

Mmmmh… Pourquoi pas une manche où on ouvre nos blocs et les autres doivent les essayer ? Chacun pourrait jouer sur ses points forts, un peu comme dans le panneau !!

© Marvin Gourdol

Quel est l’objet le plus bizarre que tu transportes dans ton sac d’escalade ?

Je ne suis pas trop superstitieuse, du coup je n’ai pas de grigri, mais j’ai une prise de pied que Victor m’a donnée un jour. Elle ne me sert à rien, mais elle reste là.

Quelle est la chanson la plus improbable qui te motive à bloc avant un run ?

Purée, y’en a plusieurs et elles sont toutes un peu honteuses… Il y en a pour tous les goûts ! Mon top 3 : Zoo de Kaaris, Unwritten de Natasha Bedingfield, et Sur Paname de PNL.
Bonus : Être le premier de Goldman.

Tu es obligée de choisir : grimper en chaussettes ou grimper sans magnésie pour le reste de ta vie ?

Horrible dilemme, mais vu mes mains moites, je choisis les chaussettes !

© IFSC

Quelle est ta routine ou ton « porte-bonheur » avant un run décisif ? Est-ce que tu as un petit rituel un peu secret à partager ?

Je prends un moment pour respirer profondément et penser à tout ce qui me fait plaisir : les gens que j’aime, le jardin de ma mamie… Je me dis que j’ai de la chance d’avoir l’opportunité de tuer ce bloc. Ça m’aide à me recentrer. Ensuite, je fais un petit “reset mental”, comme si je mettais mon cerveau en mode off. Et j’y vais !

Quel serait ton plat rêvé à savourer après la finale pour célébrer (ou te consoler) ?

Un passage obligatoire à la boulangerie pour des pâtisseries. Rien que d’y penser, j’ai faim !

Imagine que tu sois l’ouvreuse d’un bloc pour le Championnat de France 2025. Quel style de bloc ouvrirais-tu : une coordination aléatoire, une dalle vicieuse ou un bloc de force pure pour ruiner les bras de tes concurrents ?

Un bloc avec des bacs ou de bonnes arquées bien loin, des fermetures de bras, un peu d’épaules et un mouvement électrique au milieu… Le rêve !


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