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Jacopo Larcher enchaîne « Bon Voyage » (E12 / 9a), l’une des voies de trad les plus dures au monde

© Andrea Cossu

Jacopo Larcher a réalisé la quatrième ascension de « Bon Voyage », l’une des voies de trad les plus exigeantes au monde, ouverte par James Pearson en 2023 à Annot. Avant lui, seuls Adam Ondra et Seb Berthe étaient venus à bout de cette ligne d’exception.

Larcher, grimpeur de trad accompli travaillait « Bon Voyage » depuis plus de deux ans. Une aventure jalonnée de doutes, de blessures… et de beaucoup d’obstination.


Ouvert par James Pearson en 2023, « Bon Voyage » partage ses premiers mètres avec « Le Voyage » avant de s’échapper à gauche dans une muraille de petits trous et de sections très techniques, avec un crux atypique : un monodoigt de l’auriculaire…

Je me souviens quand James m’a parlé pour la première fois de « Bon Voyage ». Il travaillait encore la voie à ce moment-là et m’avait montré des photos de ces trous parfaits. Je me suis dit immédiatement : “Quelle ligne dingue !”. C’est incroyablement rare de trouver quelque chose comme ça.

Ce mouvement aura été le premier gros obstacle du projet. Dès son premier trip en 2023, Larcher se blesse au petit doigt en tentant la séquence. Retour à zéro, changement de méthode… puis un second voyage sans réel progrès. En 2024, nouvel espoir : après un solide cycle d’entraînement, Jacopo commence enfin à apprivoiser ce fameux mono. Mais un autre coup dur l’arrête net : une blessure au cou qui le prive d’un mois complet d’escalade.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais cet automne, alors qu’un séjour prévu au Yosemite tombe à l’eau, « Bon Voyage » revient hanter l’esprit de Jacopo. Il reprend l’entraînement du petit doigt, retourne à Annot mi-novembre… et surprise : le crux passe, presque comme par magie.

Je m’améliorais chaque jour un peu plus, mais au lieu de ressentir de la frustration ou de la pression (comme c’est souvent le cas) j’avais juste envie d’essayer encore et encore. C’est exactement ce qui m’avait manqué ces derniers mois ! Ça faisait du bien de pousser, de partager ces moments, d’être dans un bon état d’esprit.

© Andrea Cossu

L’Italien enchaîne alors les essais, retrouvant cette motivation qui lui avait tant manqué durant une année 2025 compliquée mentalement : « Je cherchais le feu sans le trouver. Et en arrêtant de le chercher, il est revenu », écrit-il.

Essai après essai, il tombe de plus en plus haut, parfois bien après le crux. Le 29 novembre, tout s’aligne. Ce jour-là, Jacopo entre dans ce fameux état de flow que tous les grimpeurs rêvent d’atteindre : les mouvements s’enchaînent naturellement, l’esprit se vide… et le sommet arrive presque sans qu’il ne s’en rende compte.

Au final, ce n’est qu’un morceau de rocher, mais je suis reconnaissant pour tout ce que cette voie m’a appris. Elle m’a montré qu’il vaut toujours la peine de persévérer, peu importe combien tu galères. Elle m’a rappelé l’importance de partager le processus, m’a reconnecté avec un pays où j’ai vécu tellement de bons moments, et surtout, m’a reconnecté avec ma propre grimpe.


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