Interview spéciale entraînement avec Mickaël Mawem !
Salut Micka, peux-tu te présenter rapidement pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore ?
Salut les grimpeurs/grimpeuses ! J’ai 26 ans et je suis en équipe de France d’escalade de bloc. Cela fait maintenant 14 ans que je grimpe sur de la résine… et j’adore ça !
Pour commencer, parlons de tes débuts : étais-tu l’un de ces jeunes doués dès le plus jeune âge ou bien le talent n’y est pour rien et c’est à force de travail et d’entraînement que tu es arrivé à ce niveau ?
J’ai commencé l’escalade avec mon frère Bassa, et nous n’étions pas surdoués de ce sport, mais plutôt du sport en général. On adore le sport et on a toujours eu une grande facilité à s’adapter à ce qu’on faisait. Donc les débuts en escalade étaient assez simples, mais pour arriver jusqu’à ce niveau, il a fallu beaucoup d’heures d’entraînement. Mais ce n’est que le début…
Raconte-nous un peu comment est organisé ton entraînement : suis-tu une planification où tout est détaillé jour par jour ? Qui organise tes séances de préparation physique ? Ton entraînement en escalade… ?
Je m’entraîne 5 jours par semaine et je fais 2 séances par jour.
Par exemple, je fais du spécifique le matin (2h30), puis une séance de grimpe l’après-midi (3-4h).
Cela me fait entre 25 et 30h d’entraînement dans la semaine en tout.
Mes séances de préparation physique et d’escalade sont planifiées et faites par Nicolas Januel (entraîneur de l’équipe de France), et bien sûr, j’adapte l’entraînement à ma manière, en fonction de mon ressenti physique.
Pendant mes jours de repos, je vais courir, faire des abdominaux, travailler ma souplesse, faire des séances de cryothérapie, du kiné, de l’ostéo…
Et d’une manière plus détaillée, peux-tu nous expliquer comment se structure ton entraînement tout au long de l’année ?
Comme chaque année, je fais au moins un cycle de PPG (préparation physique générale) pour remettre les choses en place et attaquer doucement la reprise après le repos. Sinon le reste de l’année je vais travailler énormément mes points faibles car ils sont tellement faibles que chaque petit progrès que je fais est énorme pour mon escalade.
Et puis mes points forts, je fais en sorte de les garder au même niveau, car ils sont vraiment forts 😉 [divider]
C’est très simple, j’ai un gros objectif depuis que j’ai commencé l’escalade: être CHAMPION DU MONDE. D’année en année le niveau des grimpeurs monte, donc pour être plus fort qu’eux, il faut que j’en donne plus !
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Puisque tu en parles, quels sont tes points forts et tes points faibles ? Révèle-nous tes petits secrets pour les travailler ?
Mes points forts :
- Physique général : blocage, compression, gainage
- Tenue de prise : plat, pince, volume
- Style de grimpe : dalle et bloc à volumes ou coordination ou dynamique
Mes points à améliorer :
- Souplesse : à chaque fin de séance je fais des assouplissements
- Tenue de prise : les arquées : je fais beaucoup de cycles variés en suspension sur petites prises, sur pan Güllich, poutre ou motherboard
- Précision dans les pieds : il suffit d’y penser à chaque séance, et je grimpe à Fontainebleau pour ça.
Comment se déroule l’une de tes journées type ?
- Je me lève 3h avant d’aller à l’entraînement.
- Petit déjeuner: 4 oeufs / Flocon d’avoine / Compote / Fruit / Eau
- J’arrive à la salle, un café 🙂
- Je me lance dans l’échauffement sur le pan Güllich, avec mes élastiques et sans mettre les chaussons
- Puis j’attaque mon programme de suspension, 2h environ
- Après la souffrance je vais manger (Légumes et protéines naturels fait par mon sponsor ADVANCE NUTRITION )
- Puis je vais faire une séance d’après travail, donc si les conditions sont bonnes je vais à Fontainebleau, sinon je vais dans une salle d’Île de France pour faire une grosse séance.
- Je vais à la cryothérapie… Pfiouu il fait froid !
- Je rentre, je mange mes légumes du soir et mon dessert 🙂
- Puis je me mets un bon film
- Et hop au DODO 🙂
Tu as accès au pôle France de Fontainebleau. Combien d’heures par jour y passes-tu ?
Oui j’ai accès au pôle France de bloc, j’y suis au moins 3h par jour, pour m’entraîner /grimper / ou m’échauffer avant d’aller en forêt.
Comment ton entraînement a-t-il évolué au fil des années ?
Au début, j’ai travaillé énormément mon physique à base de tractions et de no-foot, mais maintenant, je suis sur une optique d’améliorer ma tenue de prise à fond, pour pouvoir utiliser mon physique au bon moment.
Mon entraînement est beaucoup plus organisé et surtout, je fais attention à tous les critères pour être un sportif de haut-niveau.
Comment fais-tu pour progresser encore plus, d’année en année, en repoussant toujours tes limites ?
C’est très simple, j’ai un gros objectif depuis que j’ai commencé l’escalade: être CHAMPION DU MONDE. D’année en année le niveau des grimpeurs monte, donc pour être plus fort qu’eux, il faut que j’en donne plus, que je me donne un maximum de moyens pour y arriver.
Sans compétition je ne ferais pas d’escalade. La seule chose qui me motive c’est le résultat ! Et je sais que pour arriver à faire quelque chose de bien, il faut faire des sacrifices ! Tout est dans la tête.
Pour toi, c’est quoi une bonne séance d’entraînement ?
Chaque séance est bonne ! L’essentiel c’est de se donner un maximum sur chaque exercice !
Penses-tu qu’à force d’entraînement et de volonté, n’importe quel grimpeur puisse atteindre le haut-niveau en escalade ?
Avec ces 2 critères, c’est sûr que tout le monde y arrive !
Comment fais-tu pour gérer la fatigue, et ne pas te blesser, malgré tes grosses charges d’entraînements ?
Je gère à fond la récupération car on ne peut pas progresser si on gère mal ce paramètre.
Je fais également énormément attention à mon régime alimentaire, pour avoir les nutriments dont mon corps et ma tête ont besoin.
Et je fais de la cryothérapie, des séances de kiné, etc…
Et le mental dans tout ça ? Comment le travailles-tu ?
Je fais pas mal de visualisation pour être plus efficace dans ma grimpe et plus précis.
Je m’exerce avant de grimper, dans chaque bloc. C’est à force de répétition que je progresse.
Et pour m’accompagner, je vais voir Cristophe Bichet à partir du mois de février, pour commencer à me préparer aux Coupes du Monde.
Les JO 2020… Tu y penses ? Est-ce une source de motivation supplémentaire pour toi à l’entraînement ?
J’y pense beaucoup. C’est les JO, le rêve de n’importe quels compétiteurs. « Je veux être plus fort » c’est ma seule source de motivation. J’ai déjà de gros objectifs en bloc, et c’est seulement après les avoir réalisés que je m’occuperai des JO 🙂
Pour terminer, quels sont tes objectifs pour cette saison à venir ?
Cette saison, je m’entraîne pour aller chercher des podiums, et pour ça, je dois être préparé à fond, et avoir une belle grimpe. À partir de là, tout est possible.