Le contenu

Interview: Nina Arthaud, une championne en devenir…

- Le 01 août 2019 -

© FFME

Nous étions allés à la rencontre de Nina Arthaud en début d’année histoire présenter cette grimpeuse en pleine progression. Aujourd’hui, du temps est passé, et nous ne nous étions pas trompés sur le potentiel de cette (jeune) grimpeuse puisque Nina a décroché son ticket pour participer à ses premiers championnats du monde seniors à Tokyo mi Aout.

C’est donc tout naturellement que nous sommes de nouveau allés à sa rencontre, histoire de papoter un peu de tout ça…


Hello Nina, peux-tu te (re)présenter en quelques mots à nos lecteurs ?

Salut à tous, je m’appelle Nina Arthaud, j’ai 19 ans et je suis sportive de haut niveau en escalade.

Raconte-nous ta vie avant l’escalade, quand tu étais dans le ski… 

Originaire des Carroz, une station de ski en Haute-Savoie, j’ai été skieuse avant d’être grimpeuse. Jusqu’à l’âge de 14 ans, la classe sport-études de mon collège me permettait de m’entraîner 5 fois par semaine en ski et je faisais un peu d’escalade pour garder la forme pendant l’été.

Comment passe-t-on du ski à l’escalade ? Quel a été le déclic ?

En minime première année (14 ans), j’ai décroché un peu par surprise le titre de championne de France jeune de difficulté. Cette performance m’a permis d’aller jouer au niveau Européen et par la suite j’ai décidé de m’investir pleinement dans l’escalade et de profiter du ski sur mon temps libre pour le plaisir.

Ce qui me plaît en escalade c’est la variété de mouvements que l’on peut y trouver. Il y a toujours quelque chose de nouveau à inventer ou à apprendre. Il a été aussi plus facile pour moi de dépasser mes limites en escalade et c’est ce qui, je crois, m’a rendu accro à ce sport !

Pour re-situer un peu le contexte, tu t’es blessée il y a deux. Peux-tu revenir sur cette blessure ? Comment as-tu vécu cette blessure et comment es-tu passée au-dessus de ça ?

En effet il y a maintenant 2 ans et demi je me suis blessée au genou lors d’une chute en bloc. Le bilan était assez important pour un sportif : rupture du ligament croisé antérieur + fissure du ménisque.

Cette blessure a été dans un premier temps très dure à encaisser, mais je crois surtout maintenant, avec du recul, qu’elle m’a été aussi très bénéfique. En fait, elle m’a vraiment fait mûrir, elle m’a permis de me rendre compte à quel point l’escalade était important pour moi et je suis revenue à l’entraînement et sur les compétitions en sachant exactement pourquoi j’étais là, pour atteindre mes objectifs.

As-tu modifié des choses dans ta façon de t’entraîner pour éviter de revivre une blessure ?

J’ai énormément travaillé la musculation du bas du corps pendant l’année de ma blessure avec le préparateur physique Mathieu Carpentier que je remercie vivement. Depuis cette blessure je suis très vigilante sur la qualité de mes échauffements avant les séances et je fais de temps en temps de la proprioception pour prévenir d’éventuelles nouvelles blessures!

D’ailleurs en parlant d’entraînement, comment s’organise le tiens ? (coach ? mode de vie ? nombre de séances ? ce que tu aimes ? ce que tu aimes moins ? etc…)

Je m’entraîne depuis 4 ans maintenant au pôle France de Voiron où je suis suivie par mon coach Mike Fuselier. Je dirais que le nombre d’heures passées à l’entraînement tourne autour de 4h par jour à raison de 4/5 fois par semaine mais cela peut vraiment varier suivant les périodes de l’année. Plus on se rapproche des compétitions, plus le nombre d’heures diminue, mais l’intensité augmente et inversement. J’adore l’entraînement en général, j’aime rentrer chez moi le soir après avoir donné le meilleur de moi-même ! Et puis au milieu de tout ça je fais aussi un peu de préparation mentale.

Toujours motivée à 200% pour t’entraîner ou es-tu comme tout le monde avec des coups de mou, des remises en question ou encore une perte de motivation ?

Forcément, je connais des périodes de doute et parfois de remise en question lorsque je ne me sens pas au niveau auquel je comptais être. Mais j’essaye toujours de rester positive et de faire les choses au mieux. Mon entraîneur est toujours présent dans ces moments là pour m’aider à trouver ce qui ne va pas et me remettre dans le droit chemin.

Est-ce que tu suis un régime alimentaire particulier ?

Je fais attention à mon hygiène de vie et l’alimentation en fait partie. J’essaie de manger équilibré et d’avoir les apports nécessaires pour pouvoir bien m’entraîner mais je ne suis pas de régime alimentaire spécifique. Disons que je considère de temps en temps les gâteaux au chocolat comme un super apport pour l’entraînement…

Aujourd’hui, si je te dis que tu fais partie de la relève de l’équipe de France seniors, tu en penses quoi ?

Je suis dans ma dernière année jeune et je fais en sorte d’être prête au mieux pour les compétitions seniors l’année prochaine. J’adore concourir en senior et j’ai hâte de remettre ça !

Nina Arthaud sur l’étape de coupe du monde de Chamonix | © Planetgrimpe

Quels sont les secrets de la réussite en escalade selon toi ?

S’entraîner à muerte !!! Non plus sérieusement je ne crois pas qu’il y ait une recette miracle mais s’entraîner me semble être une bonne solution…

Tu es partie au Japon en novembre dernier, tu as pu découvrir un peu le style d’entraînement des japonais, qu’en as-tu retenue ?

Durant mon voyage au Japon en novembre dernier j’ai pu voir le nombre impressionnant d’heures qu’ils passaient à l’entraînement. La qualité de leur entraînement m’avait aussi marquée, ils sont capables de s’entraîner longtemps dans une intensité élevée.

Suite à tes très bons résultats cette année, avec notamment une finale sur la coupe du monde de Briançon, tu décolles dans quelques jours pour le Japon afin de participer aux championnats du monde, comment le vis-tu ? 

En effet je décolle pour le Japon dans deux petites semaines et je vais participer à l’épreuve de difficulté. Cette sélection est l’occasion de venir prendre une fois de plus mes marques chez les seniors, et c’est mon principal objectif. J’ai vraiment hâte de participer à ce superbe événement !

Du coup, comment va se passer la dernière ligne droite de préparation ?

En ce qui concerne ma préparation d’ici là je vais passer encore une semaine à Voiron avec mon entraîneur ce qui va me permettre de retrouver ma petite routine, et puis direction l’Autriche (Innsbruck) dans la plus grande salle du monde avec l’équipe de France jeune pour quelques jours avant de décoller pour Tokyo…

Cette année on a pu découvrir de nouvelles têtes sur le circuit de difficulté, avec de très jeunes grimpeuses, c’est inspirant pour toi ?

Oui les nouvelles jeunes grimpeuses (même si je ne suis pas très vielle !) qui arrivent sur le circuit international sont très impressionnantes. Chacune a un style particulier, du style de Janja Garnbret très rapide et engagé au style de Natsuki Tanii plus lent et contrôlé, et je pense qu’il y a beaucoup de choses à tirer de leur manière de grimper. Une grande source d’inspiration et de motivation !

J’imagine que tu as en vue les JO de Paris 2024 ?  D’autant que pour 2024, il y aura un combiné bloc/difficulté, et une épreuve de vitesse à part, c’est une bonne nouvelle pour toi ?

Effectivement, les JO de Paris 2024 qui se présentent sous forme d’un combiné bloc/difficulté me font rêver, et comme beaucoup de sportifs, c’est un événement pour lequel je voudrais m’entraîner dans le futur. En ce qui concerne les JO de Tokyo 2020, j’avais fait le choix de rester concentrée sur le bloc et la difficulté, n’ayant jamais fait beaucoup de vitesse !

On n’entend pas souvent parler de toi en falaise… manque de temps, ou manque d’envie ?

J’adore la falaise mais il est vrai qu’avec tous les entraînements et toutes les compétitions à préparer je n’ai pas beaucoup de temps pour en profiter. J’espère prochainement…

Tu as quand même des spots fétiches ou des spots où tu aimerais aller grimper ?

La falaise de Céuse est ma préférée. Je trouve qu’on se sent vraiment bien là bas et le cadre est imprenable. J’aime aussi beaucoup Saint-Léger, quand les premiers jours de beau temps arrivent, et j’adorerais aller grimper dans les longues voies d’Oliana… 🤩

Enfin, si tu as un dernier mot à ajouter, c’est le moment…

Je me sens vraiment reconnaissante de vivre tout ce qu’il m’arrive aujourd’hui et je tiens à remercier ma famille, mes amis, mes entraîneurs, les kinésithérapeutes qui s’occupent de moi ainsi que mes sponsors (PlanetGrimpe, Petzl, Les Carroz, Myléore et Super U Magland) pour leur soutien.