Interview : Alex Megos nous raconte son trip à Flatanger et son projet « B.I.G. »

© Coll. Patagonia
Toujours à la recherche de nouveaux défis, Alex Megos, l’un des meilleurs falaisistes de la planète, a passé une partie de son été en Norvège, dans la mythique grotte de Flatanger, haut lieu de l’escalade extrême.
S’il visait avant tout « B.I.G. » 9c, libéré l’an dernier par Jakob Schubert et considéré comme l’une des voies les plus dures au monde, la météo capricieuse a bouleversé ses plans. Megos en a profité pour explorer d’autres lignes, notamment la rare « Kangaroo’s Limb » 9a+, qu’il a finalement enchaînée.
Quelques jours après son retour, il nous a accordé un entretien exclusif pour revenir sur ce trip norvégien, ses impressions sur « B.I.G. », mais aussi ses futurs projets.
Une météo capricieuse, mais de précieux enseignements
Si l’Allemand était arrivé début août avec en ligne de mire le 9c libéré par Jakob Schubert, la météo l’a contraint à revoir ses plans.
« C’est frustrant de voir son programme dicté par la pluie, mais ça fait partie de notre sport et surtout de Flatanger. C’est bien connu que les conditions dans la grotte sont très imprévisibles », confie-t-il.

© Sotik Photo
Malgré tout, ce premier contact avec « B.I.G. » lui a permis de prendre ses repères :
« C’est une voie incroyable, vraiment cool… et vraiment dureeeee, comme on peut s’y attendre d’un 9c ! Je savais que je ne l’enchaînerais pas ce trip, mais j’ai maintenant une bonne idée de la voie et de ce qu’elle requiert, ce qui m’aidera beaucoup pour préparer mon prochain trip. « B.I.G. » comporte de nombreux mouvements vraiment difficiles et cela prendra du temps ».
« Kangaroo’s Limb », une parenthèse explosive
En attendant que « B.I.G. » sèche, Megos s’est tourné vers « Kangaroo’s Limb », une voie plus courte, ouverte par Adam Ondra en 2013 et rarement répétée.
« Je pense que si peu de grimpeurs l’ont essayée, c’est justement parce qu’elle est courte, ce qui dénote par rapport aux autres lignes de la grotte. Mais c’est ce qui m’a motivé : ça me permettait de rester dans une forme un peu “bloc” et d’y consacrer des sessions rapides le soir, après avoir travaillé une voie plus longue ».

© Mark Postle
Il a également profité de ce séjour pour tester « Iron Curtain », une ligne également libérée par Adam Ondra et encore plus rarement répétée que « Kangaroo’s Limb ». Si cette dernière compte deux répétitions (Jakob Schubert en 2016, puis Stefano Ghisolfi en 2023), « Iron Curtain » n’en compte qu’une seule : celle de Seb Bouin, en 2022.
Initialement cotée 9b par Ondra, Seb avait décoté la ligne à 9a+, après avoir utilisé des genouillères. « Mais même avec des genouillères, ça ressemble plutôt à du 9a+/b pour moi », analyse Alex, après être reparti bredouille dans cette voie.

© Sofiia Tymchenko
Les trois 9c de la planète dans le viseur !
Megos garde évidemment « B.I.G. » comme objectif principal, mais ne cache pas son intérêt pour les deux autres 9c existants, « Silence » d’Adam Ondra à Flatanger et « DNA » de Seb Bouin dans le Verdon.
« Bien sûr que je compte mettre les doigts dans les deux autres 9c ! J’ai même pensé essayer « Silence » lors de mon trip, mais je crois qu’un seul gros projet dans la grotte suffit pour l’instant. « DNA » est aussi sur ma liste, ce serait cool de découvrir cette ligne un jour. »

© Petr Bara
Interrogé sur sa façon de se préparer à des voies d’un tel niveau, l’Allemand mise sur un entraînement équilibré : « Un entraînement qui mélange puissance et résistance, ça reste la meilleure combinaison pour des voies de cette intensité selon moi ».
Et la suite ?
Après ce voyage, retour à la maison pour s’occuper de son nouveau projet personnel : la Frankenjura Academy, sa salle en Allemagne, où il organise une compétition amicale le 20 septembre.
Quant à Flatanger, il y retournera sans hésiter l’année prochaine : « Peut-être un peu plus tôt qu’en août, histoire de maximiser les chances d’avoir des conditions sèches ».

© Coll. Megos
Et côté compétitions ? L’incertitude demeure, après deux décevants résultats cette saison (21e à Innsbruck et 17e à Chamonix).
« Je ne sais pas encore ce que je ferai l’an prochain. Peut-être quelques étapes de Coupe du Monde pour voir où ça mène, mais mon focus restera clairement en extérieur », assure-t-il.
Lire aussi
Une rareté de Flatanger tombe sous les assauts d’Alex Megos !