Hugo Parmentier, le nouveau (et futur) performer qui monte …
Si plusieurs noms de grimpeurs français résonnent dans le milieu de la compétition à l’échelle nationale et internationale, avec notamment l’ère des JO et les premiers qualifiés pour Tokyo 2020 (Les frères Mawem et Julia Chanourdie), quand on parle de performance en falaise, un nom revient particulièrement souvent ces derniers temps: Seb Bouin!
Tout le monde connaît Seb Bouin, LE falaisiste français du moment qui écume les voies extrêmes aux quatre coins du monde.
Mais il semblerait qu’un petit nouveau vienne doucement se positionner sur ce terrain de jeu immense de l’escalade outdoor, Hugo Parmentier! Reconnu pour ses belles performances en compétition durant ses années en équipe de France espoirs (avec notamment de beaux podiums à l’international), Hugo n’en oublie pas pour autant de grimper en falaise. D’ailleurs cette année, la saison estivale lui aura été prolifique… Après le 9a de « Condé de choc, il enchaîne rapidement son premier 9a+ « la moustache qui fâche » à Entraygues, avant de régler son compte au célèbre 9a « Trip Tik Tonic » des Gorges du Loup quelques semaines plus tard.
Sur une belle pente de progression après une blessure au doigt en 2018, Hugo Parmentier semble avoir retrouvé un gros niveau de forme. D’ailleurs, d’autres projets en falaise semblent lui tenir à coeur, notamment du côté de Saint Leger du Ventoux, sans pour autant tourner le dos aux compétitions…
Nous profitons donc de cette fin d’année pour lui poser quelques questions sur la saison écoulée, sans oublier d’envisager avec lui les perspectives futures…
Si tu devais dresser un bilan de cette année 2019, tu nous dirais quoi?
Magnifique, tant sur le plan perso que sur celui de mon double projet (études de kiné et grimpe). Je commence tout juste à me comprendre, à trouver un équilibre dans mon quotidien. Mettre en place des choses pour réussir devient plus simple.
J’ai fait en conséquence de gros changements cette année, surtout sur le format et la quantité d’entrainement.
Dorénavant je m’entraine moins pour un seul objectif, j’essaye de progresser de manière générale sur un plus long terme. Concernant la quantité, je fais presque 2 séances par jour durant mes cycles. Beaucoup d’exercices de force à poid de corps, du renforcement spécifique. En grimpe je garde une séance de diff dans la semaine et sinon du bloc en salle ou du pan au 8assure.
Je suis plus en phase avec ce que je mets en place tous les jours, et ça m’a apporté beaucoup de satisfaction. La cerise sur le gâteau est d’avoir réussi plusieurs projets: la montée de pan Gullich sur les petites lattes de BB 1, sans oublier ma première moustache….
Avais-tu envisagé une année comme celle-ci?
J’avoue que je ne sais pas trop, j’ai l’impression d’avoir une meilleure idée de mes capacités en escalade. Jusqu’à maintenant je n’étais jamais allé au bout du processus d’entrainement. Et j’ai eu beaucoup de déconvenues ces deux dernières années avec 2 blessures au doigts notamment.
Atteindre plusieurs de mes rêves m’a soulagé; c’est quand même pas mal: 9a, 9a+ voie, 8B, 8B+ bloc; comme dans les vidéos que je regardais petit !
Après ta blessure au doigt l’année dernière, tu as su te remettre sur les rails de la performance, raconte nous le chemin parcouru!
Je ne me rappelle plus du facteur déclenchant, mais à un moment il a fallu que je fasse le point pour savoir où j’allais. Prendre la décision de me réinvestir à 100% dans l’ escalade n’a pas été facile, car je ne savais pas trop ce qui me plaisait vraiment en fait.
Plus jeune j’ai consacré beaucoup de temps à l’escalade sans réfléchir à grand chose d’autre, j’ai laissé de côté certains aspect de la vie d’un adolescent. Les blessures ont mis un grands coup de frein à ce fonctionnement. Je ne pouvais plus continuer à m’entraîner comme un acharné, j’en étais incapable. Alors j’ai fait ce qui me donnait envie : voir des potes, glander, jouer à la console… des choses très simples mais que je n’avais pas forcement pu faire avant.
Intérieurement j’ai énormément réfléchi à des questions plutôt existentielles, j’ai eu pas mal de discussions avec plein de gens différents.
Puis un jour le mal-être est parti. Je n’avais plus mal au doigt et j’étais sûr de moi, je voulais passer à la vitesse supérieure en grimpe, avec un œil neuf, plus mûr….sans oublier complètement les autres aspects nécessaires à une vie plus équilibrée cette fois.
Dorénavant je tente d’être plus moteur de ma vie. Dans l’entrainement c’est moi qui décide quoi faire. Ben (Bouissou) me conseille toujours et reste très à l’écoute, il garde le pouvoir sur certains exos mais je lui dois bien ça 😉
Maintenant je sais pourquoi je fais les choses.
Cette année, ton nom a fait la une de plusieurs articles concernant tes performances en falaise. Délaisses-tu la compétition pour autant?
Non. L’an dernier j’espérais mieux faire mais n’ai pas réussi à transformer l’essai.
A vrai dire la motivation pour les compétitions avait diminué ces dernières années et les challenges en falaise m’ont transcendé. C’est sans doute pour ça que ça a mieux marché dehors.
L’an dernier à la coupe de France d’Arnas, j’ai retrouvé des sensations de fou. Je voudrais revivre ces moments de grimpe libérée qu’offre les compétitions.
Tu nous as récemment parlé de projets à Saint Leger du Ventoux, tu peux nous en dire plus?
J’essaye une voie équipée par Elie Morieux et libérée par Adam Ondra. Le caillou n’est pas très bon mais les mouvs sont mythiques. Et c’est un vrai chantier, celui que je cherchais depuis quelque temps, une voie qui me demande de l’investissement, un travail spécifique. C’est mon 16 ème jours de travail. Les pièces s’assemblent doucement. Si je n’ai pas cassé toutes les prises avant de l’enchaîner alors ce sera mon plus gros combat pour faire une voie.
Comment envisages-tu la saison 2020 en terme de falaise et de compétitions?
Je vais continuer mon petit bonhomme de chemin. Y aller à mon rythme sans trop attacher d’importance à ce qui se passe autour, et avant tout me construire en tant que personne.
En compétition j’espère faire des résultats sur les championnats de France et en Coupe du Monde. Dehors j’ai tout plein de projets qui s’agenceront entre les compets. Grâce à mon club le 8 Assure, mes sponsors Petzl, Scarpa, Mountain HardWear, PG et Arkose je vais avoir plus de marge de manœuvre pour tenter ces passages qui me font rêver depuis longtemps. Il y aura du bloc en forêt, de la couenne à Saint Léger et de la grande voie 😉
As-tu l’idée des JO 2024 à Paris dans un petit coin de ta tête, d’autant qu’on partirait sur un combiné bloc/diff?
Les JO 2020 étaient une véritable motivation avant de me blesser. Hors-jeu, je ne pouvais plus espérer y participer et puis rétrospectivement je n’aurais eu ni les reins ni les capacités suffisantes pour me qualifier.
Le format bloc/diff 2024 se rapproche plus de mes compétences. Et si tout se passe bien j’aurai accumulé quelques années d’entrainement acharné. Si je progresse assez d’ici là ça se transformera en objectif!