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Hannes Van Duysen au sommet de « Es Pontas », la voie mythique de deep water à Majorque

© Yulen Calleja Ordiz

« Es Pontas » a le vent en poupe ! Alors que le français Léo Favot réalisait une nouvelle répétition de ce 9a+ mythique au dessus de l’eau il y a peu de temps, la semaine dernière une autre bande de grimpeurs s’est rendue à Majorque pour profiter du soleil et aller s’essayer au Deep Water sur la célèbre arche. Si cette bande était composée de quelques très forts français, Mejdi Schalck, Sam Richard ou encore Manu Cornu, c’est finalement le belge Hannes Van Duysen qui aura fait parler de lui en venant à bout de « Es Pontas » en 4 petites sessions.

Rapide historique de la voie

« Es Pontas », du même nom que l’arche où elle retrouve, est une ligne de Deep Water qui se situe à Majorque. Libérée pour la première fois par Chris Sharma en 2007, elle n’a été répétée que 4 fois depuis: Jernej Kurder en 2016, Jan Hojer en 2018, Jakob Schubert en 2021 et dernièrement Léo Favot.

D’une hauteur de 20 mètres environ, dans du gros dévers, cette voie est considérée comme l’une des plus difficile du monde. La cotation s’arrête souvent aux alentours du 9a+, avec un vrai défi mental à relever, notamment sur un gros jeté assez haut.

Hannes nous raconte sa semaine à Majorque jusqu’à l’enchaînement d’Es Pontas

« Je suis venu à Majorque en mode vacances après des JO compliqués pour moi. Je ne voulais pas me mettre de pression pour enchainer une voie, et j’étais là avec une mentalité super relax pour grimper et profiter de Majorque. Je savais que Sam et Mejdi voulaient essayer « Es Pontas » à fond, et finalement je me suis dit que j’allais essayer avec eux cette voie mythique. 

Durant la première séance ça s’est plutôt bien passé. Je n’ai pas réussi à faire le jeté après 5 ou 6 essais, mais je n’étais pas loin du tout de tenir le bac d’arrivée. Je me suis même dit que je pouvais enchaîner jusqu’au jeté dès la première journée ! Ça n’a pas été le cas, et je suis donc allé travailler la suite avec la corde. Il y a une grosse compression avec un talon et ce n’est pas du tout mon style. C’était très dur pour moi, je n’étais pas bien du tout sur le talon. J’ai commencé à avoir des doutes, avec le jeté aléatoire plus la fin où je maîtrisais très mal la compression. 

Pour ma 2ème séance, l’objectif était de faire le jeté, et je le fais dès le 3ème essai de la journée! J’étais super content. Je décide alors d’arrêter de bosser le jeté pour me concentrer sur la fin où je ne suis pas bien. Je bosse cette dernière partie, toujours avec la corde, et je n’arrive pas à progresser sur ce mouvement de compression avec le talon. J’ai profité de cette séance pour également travailler le link: il y a moyen de descendre du haut et de partir du bac de fin du jeté pour enchaîner la suite. J’ai essayé ça une ou deux fois, mais je tombais à chaque fois sur la dernière partie sur ce satané talon. 

© Timothée Nitschke

Ensuite, on a eu une journée où la voie était mouillée, et le jour suivant, pour ma 3ème séance, j’étais tout proche de faire le jeté à nouveau dès le premier essai, donc j’étais bien en confiance. Pour le reste de la journée, l’objectif était d’enchaîner le link, mais le mouvement sur le talon était de pire en pire pour moi, et j’étais dans un mauvais mood du coup même si à la base j’étais venu en mode « vacances ». Je me suis dit que j’allais essayer une autre méthode sans mettre le talon. J’ai essayé, mais c’était beaucoup plus physique. J’ai mis un essai avec cette nouvelle méthode, et je suis tombé à nouveau au même endroit. J’ai senti que c’était encore plus dur finalement. Et puis notre caméraman, Yulen, m’a dit que mon talon n’était pas bien mis. Je me suis mis à regarder des vidéos, ainsi que Mejdi et Sam et j’ai réessayé en posant mieux mon talon et j’ai réussi direct! J’ai pris 20 minutes de repos, j’ai testé le link, et j’ai enchaîné ! J’avais des sensations de fou même si je savais qu’il me restait le début et le jeté à faire avant. J’ai passé la fin de journée à bien caler le début, en tombant tout proche de faire à nouveau le jeté. 

J’avais un grand espoir de faire la voie sur cette 4ème séance. Je me suis bien échauffé, et j’ai refait les mouvements du haut, ça passait bien, et je me suis dit que si j’arrivais à faire le jeté je pouvais enchaîner. Même si j’avais réussi une seule fois le jeté, j’avais de bonnes sensations. Je me lance dans un premier essai, je tombe au jeté, tout proche d’y parvenir. Les essais suivants sont de moins en moins bons, je ne sais plus quoi faire sachant que c’était surement la dernière journée de bonnes conditions. Je décide quand même de prendre un grand repos d’une heure trente. Mejdi essaye juste avant moi et tombe tout en haut, ça m’a motivé à fond !

Je mets à mon tour un essai, je fais un jeté parfait, ma main arrive parfaitement dans le bac, et là je dois me calmer pour la suite. Je respire, je commence à repartir, mais j’étais stressé car c’était maintenant ou jamais. Je perds un peu les méthodes, je tremble, j’arrive au talon, je le pose, je sens qu’il est bien mis et je fais le mouvement ! J’ai eu une sensation de fou, je me sentais capable d’enchaîner. Je continue d’avancer, mais je tremble de plus en plus, je fais n’importe quoi dans les méthodes mais je parviens finalement au bac final, c’était incroyable. »

 

Publié le : 23 octobre 2024 par Charles Loury

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