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Ethique: Simon Lorenzi répond aux critiques après la réussite de « The Big Island » assis, proposé à 9A

© Gilles Charlier | gillescharlier.com

Depuis l’annonce de l’enchaînement de l’un des plus gros projet de Bleau par Simon Lorenzi, la version en départ assis de « The Big Island », pas mal de monde s’interroge sur un point de détail: l’utilisation d’un petit livre de poche sous sa genouillère pour compenser une jambe trop courte de 1 ou 2 cm sur un coincement de genou …

Pour faire taire les polémiques, Simon Lorenzi nous donne son avis…

J’ai effectivement utilisé un petit livre de poche sous ma genouillère car ma jambe était un ou deux centimètres trop courte.

Pourquoi je n’y vois pas d’inconvénients?

– Ça ne change absolument pas l’utilisation que l’on peut faire d’une genouillère. On doit faire les coincements de genoux exactement de la même façon et ceux-ci sont même parfois moins évidents car on a moins de sensations et moins de stabilité.

– Il y a déjà des différences d’épaisseur selon les genouillères. Alors pourquoi pas personnaliser la mienne en y rajoutant un petit centimètre, en sachant que la marge de manœuvre est très restreinte en terme d’efficacité (j’ai essayé avec un livre un peu plus gros et c’était mission impossible car totalement instable à cause du petit bras de levier en plus)?

– S’il venait à y avoir une utilisation plus poussée de ce genre de méthodes, je pense que les inconvénients auraient de fortes chances de contre-balancer les avantages et donc de ne pas rendre l’ascension plus facile

Pour autant:
Pousser à l’extrême et fixer des crochets ou je ne sais quels ustensiles dénaturerait entièrement l’utilisation de la genouillère. Cela se rapprocherait alors plus du drytooling que de l’ecalade, donc autant passer tout de suite aux crampons et aux piolets, c’est quand-même moins de bricolages!

Ce genre de débats sera toujours présent en escalade. C’est normal étant donné que nous évoluons dans un sport libre ou l’éthique est quelque chose d’assez personnel, dans une certaine mesure. Aurais-je dû renoncer à ce bloc car ma morphologie ne me permettait pas de mettre ce genou? Sûrement pas! Au lieu de me lamenter sur ma taille et de passer à autre chose, j’ai réfléchi et opté pour une nouvelle solution comme je l’avais fait pour le mouvement du crux en haut. Certes j’ai utilisé une aide matérielle mais cette méthode rentre dans le cadre de l’éthique que j’imagine et je suis entièrement transparent vis-à-vis de ça.

La question de l’éthique est toujours très compliquée à aborder en escalade, car chacun en fait sa propre représentation et sa propre interprétation. Il s’agit avant tout d’être en accord avec soi même et d’être transparent avec les autres.

Est-il plus éthique de braver l’humidité avec un ventilateur? ou de se strapper les doigts pour en augmenter la taille et verrouiller plus facilement des trous? Libre appréciation à chacun… Il y aura toujours ceux qui diront que seul le matos essentiel ne peut être utilisé, soit ça passe soit ça passe pas, et ceux qui répondront  « Qu’est-ce qu’on entend par matos essentiel? »

Publié le : 15 février 2021 par Charles Loury

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