EP Climbing: 40 ans d’histoire (et d’escalade !)

© EP Climbing
EP Climbing ? Kesako ?
EP Climbing c’est tout simplement le nouveau nom de marque de la société culte de l’escalade en France, « Entre-Prises ». Un nom de marque tout trouvé puisque le diminutif d’Entre-Prises a toujours été « EP », et étant une entreprise internationale, il était plus simple de tendre vers le nom de marque EP Climbing.
Maintenant que les présentations sont faites, on peut le dire: qui ne connaît pas cette boite historique française du monde de l’escalade? Certains d’entre vous ont sans doute même connu les premières prises créées par Entre-Prises, et, certainement également grimpé sur leurs premiers murs.
Aujourd’hui, la société fête ses 40 ans, et c’est avec une certaine nostalgie que nous allons revenir sur toutes ces années d’histoire de l’escalade: de l’avènement des premières structures artificielles aux macro volumes d’aujourd’hui. Vous l’aurez compris, il s’agira de raconter l’histoire de la grimpe sous le prisme de l’escalade en salle, qui, à elle seule, constitue un pan entier de l’escalade au sens large.
Un livre pour fêter les 40 ans d’EP Climbing
Dans ce récit, nous nous appuierons sur le futur livre qu’EP Climbing va sortir pour fêter ses 40 ans (et qui sera prochainement mis en ligne). Ce livre est le fruit d’un travail collectif mené avec passion par les équipes d’EP Climbing, mais c’est surtout grâce à la plume experte de Laurence Guyon que ce projet a pris vie. Ancienne athlète internationale et aujourd’hui à la tête d’un média digital spécialisé dans l’escalade et l’entrainement (La Fabrique verticale), elle a mis son talent et sa rigueur au service de cette œuvre, s’appuyant sur son expertise historique et sa connaissance pointue du marché pour lui donner toute sa profondeur et sa justesse.
François Savigny, créateur de la première prise d’escalade artificielle
En créant la première prise d’escalade artificielle dans les années 80, François Savigny ne s’attendait probablement pas à révolutionner autant l’activité. Grimpeur passionné, ce jeune ingénieur des Arts et Métiers fréquentait assidûment la forêt de Fontainebleau. Et si quelques murs d’escalade existaient déjà à cette époque, comme celui de l’Université de Leeds ou ceux de la FSGT, ils n’étaient pas légion en région parisienne et surtout ils ne permettaient pas de moduler les parcours puisque les prises y étaient fixées à demeure.
C’est justement pour résoudre ce problème que le fondateur d’Entre-Prises eut l’idée de créer la première prise amovible afin d’enrichir les murs de voies évolutives. Après moult tâtonnements et l’utilisation de divers matériaux impossibles à industrialiser (bois, pierre, terre chamottée, Sikadur…), il parvint à la formule parfaite pour l’époque : du béton de résine. C’est-à-dire du polyester avec une charge en silice dont il détermina la courbe granulométrique parfaite pour un maximum de résistance. Les premières prises hexagonales étaient nées !
Ma petite-fille a 18 ans (ça ne me rajeunit pas !) mais quand elle montre à ses copains sur Wikipedia, que c’est son papy qui a inventé les prises d’escalade, ça, c’est la classe ! | François Savigny
Qui, parmi nos plus anciens lecteurs, ne se souvient pas d’avoir vissé une prise amovible Entre-Prises sur un pan perso (composé de deux planches de contreplaqués au fin fond du grenier) ?
En 1995, à l’époque où j’ai gagné mes premières compétitions internationales, je m’entrainais avec les meilleurs grimpeurs du moment, comme François Legrand ou Jibé Tribout. Comme ils avaient tout deux shapé pour Entre-Prises, leur pan était garni de prises mythiques qu’on retrouvait régulièrement dans les voies de finale en Coupe du Monde. Un contexte hyper motivant ! | Laurence Guyon
À l’époque, il est également amusant de constater que les premières prises et murs créés par Entre-Prises cherchaient essentiellement à reproduire les formes du rocher et les caractéristiques des falaises. On ne peut que constater aujourd’hui l’évolution phénoménale des prises d’escalade, qui, à quelques exceptions près, n’ont ni la forme, ni la couleur des prises que l’ont peut retrouver en extérieur.
Un virage dans les années 2000
Un virage s’opère autour des années 2000, quand l’ergonomie et l’esthétique deviennent au moins aussi importantes que la simple imitation de la nature. C’est ainsi que naissent les prises Bleau, semblables aux formes incroyables des grès de Fontainebleau. Mais l’argument n’est déjà plus de pouvoir pratiquer indoor quand les conditions climatiques ne permettent pas d’aller dehors. L’escalade en salle, en particulier avec l’avènement du bloc, s’est affranchie des représentations.
À la faveur de l’arrivée de Chris Sharma comme shapeur, et surtout de Laurent Laporte, on voit surgir des gigas prises et des volumes qui deviennent des incontournables en compétition, comme la prise Saturne ou le fameux volume Taijitu. Une référence encore aujourd’hui ! Il faut dire que l’utilisation du PU, dès 2012, permet désormais la production de prises beaucoup plus volumineuses tout en restant relativement légères, et donc idéales pour l’ouverture.
De la première compétition sur structure artificielle à Vaux-en-velin …
EP Climbing a laissé une empreinte indélébile dans le monde de la compétition à travers plusieurs projets de grande ampleur. Dès son origine, l’entreprise a assumé son rôle de pionnier. Ainsi, un an après la création de la marque (1985), Entre-Prises réalisait le mur de la 1ère compétition d’escalade organisée sur SAE, à Vaulx-en-Velin, près de Lyon. Une révolution ! Nous sommes alors en 1986, et 3 ans plus tard, c’est à Leeds, en Angleterre, que le mur de la première Coupe du Monde d’escalade de l’histoire (à l’époque organisée par l’UIAA) sort de leurs cartons.
Ensuite, tout s’enchaîne. En 1991, la structure de la Coupe du Monde de Birmingham marque un tournant, en raison de sa beauté et de son ampleur : 15m de haut pour 6 m d’avancée, le tout monté en seulement 24h, une prouesse pour l’époque. Suivent les murs de la semaine pré-olympique pour les JO d’Alberville en 1992 et surtout celui de Lillehammer à l’occasion des JO de 1994 avec la première structure entièrement articulée. L’escalade, alors préssentie pour entrer dans le giron olympique, est seulement en démonstration lors des Jeux d’hiver.
Tout s’accélère alors pour la firme: l’escalade devient de plus en plus populaire, des murs voient le jour partout en France dans de nombreux gymnases, et pour vous donner une idée du développement exponentiel la société, en 1992, 80% des murs d’escalade du territoire ont été réalisés par Entre-Prises !
… aux JO de Paris 2024
En 2007, l’escalade continue de se structurer et l’IFSC (fédération internationale d’escalade) voit le jour et obtient la reconnaissance par le Comité international olympique la même année. Dès lors, l’objectif à long terme est simple: tenter d’intégrer le prestigieux programme des Jeux Olympiques. C’est finalement 14 ans plus tard, en 2021 à Tokyo, que l’escalade fait ses premiers pas dans la sphère olympique.
Fort logiquement, EP Climbing devient le fournisseur officiel exclusif pour la première apparition de l’escalade aux Jeux. Il en sera de même pour les JO de Paris 2024 sur le site du Bourget. Année après année, EP Climbing est resté dans la course face à une concurrence toujours plus redoutable pour être le leader mondial dans la conception et la réalisation de murs d’escalade de compétition. L’entreprise a toujours accompagné les fédérations dans leur quête, avec un premier partenariat signé avec l’IUAA en 2004, puis avec l’IFSC en 2007.
Pari réussi pour Los Angeles 2028
Fin janvier 2025, l’IFSC annonçait la reconduction de son partenariat avec EP Climbing jusqu’en 2028. Depuis 2007, les deux entités ont connu un parcours de croissance exponentiel, contribuant ainsi au développement mondial de l’escalade. EP Climbing a joué un rôle clé dans le développement du circuit international de l’IFSC, en fournissant des murs de compétition à la hauteur des attentes de la fédération internationale, des athlètes et du public.
Depuis 2007, EP est à nos côtés à chaque étape, contribuant de manière significative au succès de nos compétitions, y compris les plus prestigieuses, comme les Jeux Olympiques. Ce renouvellement confirme non seulement notre relation solide, mais représente également notre engagement commun à regarder vers l’avenir et à continuer de développer notre sport à l’échelle mondiale | Marco Scolaris, président de l’IFSC
Leur dernière innovation, le projet TITAN
Leur dernière innovation fut collaborative : le TITAN, le premier mur standardisé qui a fait ses débuts sur la coupe du monde de Bern en 2021 avant de conquérir plus d’une dizaine de compétitions internationales, y compris les Jeux Olympiques de Paris. Conçu en partenariat avec l’IFSC et pensé avec les ouvreurs, le TITAN permet aux grimpeurs de tous niveaux de s’entraîner sur une structure identique à celle de l’Elite mondiale. Le TITAN incarne la vision de l’escalade moderne selon EP Climbing, alliant performance et accessibilité.
Si la standardisation peut faire peur, elle a l’avantage de permettre au monde entier de s’entraîner sur des blocs issus de compétitions internationales. Charge alors aux ouvreurs de faire de cette innovation une arme tout en continuant d’être inventifs pour que standardisation du mur ne rime pas avec standardisation des mouvements. À en croire certains ouvreurs, cela ne devrait pas poser de soucis.
Sur le TITAN, vous pouvez vous confronter d’un continent à l’autre, il y a des tonnes et des tonnes de possibilités, c’est vraiment une idée intéressante que personne n’avait exploré jusqu’ici. | Percy Bishton ouvreur officiel lors des JO de Tokyo 2020
Ep Climbing aujourd’hui
Depuis 2002, la société EP Climbing fait partie du groupe ABEO, géant français du secteur des équipements de sports et de loisirs. Coté en Bourse, le groupe Abeo compte une cinquantaine de sociétés dans le monde. Il réalise un chiffre d’affaires consolidé de plus de 200 M€, dont trois quarts à l’export, et emploie 1500 salariés.
Tout au long de son évolution, EP Climbing est restée fidèle à sa devise : “mettre l’escalade à la portée de tous”. Ces 40 dernières années, les grimpeurs du monde entier ont pu, grâce à EP, pratiquer l’escalade sur des SAE dernière génération, réalisées sur mesure par des designers et des ingénieurs qualifiés et conçus dans des unités de fabrication ultramodernes avec une précision et une finition optimale.
L’interview vidéo de François Savigny
Article réalisé en partenariat avec EP Climbing