Deux 9A bloc en moins de deux mois : la montée en puissance impressionnante de ce jeune grimpeur !

© Coll. Wheeler
Noah Wheeler a de nouveau frappé fort ! Après avoir signé son premier 9A en janvier avec « Return of the Sleepwalker », l’Américain de 22 ans récidive avec la seconde ascension de « Shaolin » 9A à Red Rock, Nevada. Un bloc exigeant, qui lui a demandé patience, persévérance et une maîtrise totale de son corps et de son esprit !
« Shaolin », une ligne redoutable !
Ouvert par Sean Bailey en février 2024, « Shaolin » est l’un des rares 9A bloc des États-Unis, aux côtés de « Return of the Sleepwalker » et « Megatron ». La ligne, sculptée dans le grès rouge de First Creek Canyon, impose un enchaînement exigeant : une première section en 8B, suivie d’un jeté en 8B, puis d’un dernier mouvement explosif de niveau 8A. Si Wheeler n’a pas eu de mal à maîtriser chacun de ces passages intrinsèquement, tout assembler en un seul run s’est révélé être un combat d’une toute autre envergure.
« Shaolin » a exigé une maîtrise de soi plus que n’importe quel autre bloc auparavant. J’ai dû apprendre à optimiser la position de mon corps, comprendre précisément la force et la pression que je devais générer avec mes pieds, conceptualiser et calibrer chaque essai par rapport à toutes mes autres expériences sur le bloc… C’était un processus très complexe !
Ça représente toute la beauté de l’escalade ; un processus de découverte de soi. Lorsque je grimpe à ma limite, je suis obligé d’explorer les moindres subtilités et dimensions inconnues de mon corps. D’intuiter la capacité exacte et la position de mon corps dans chaque situation. De maîtriser, parfois manipuler, ma détermination, mon anticipation et mon anxiété.
Noah Wheeler

© Coll. Wheeler
Quatorze jours de lutte, quatorze jours d’apprentissage
La préparation de Wheeler pour « Shaolin » s’est étalée sur deux périodes distinctes : sept jours en janvier, puis sept autres entre février et mars. Malgré une constance impressionnante sur les mouvements isolés – il réussissait le crux 75 % du temps et la section du bas presque systématiquement –, réussir à tout relier restait un défi de taille.
Trois fois, il a chuté sur le dernier mouvement depuis le départ. Une première fois, à cause d’une zipette soudaine. Puis, lors des deux tentatives suivantes, ses doigts engourdis par le froid l’ont trahi. Trois jours plus tard, de retour sur le bloc, il se sent prêt. « Si je passe le crux, pas moyen que je tombe une nouvelle fois dans le dernier mouvement », se dit-il. Et cette fois, tout s’aligne : il passe le crux, réussi le dernier mouvement et s’élève jusqu’au sommet du bloc.

© Coll. Wheeler
Une ascension… et un bonus !
L’énergie de cette réussite lui donne des ailes. À peine une heure après avoir vaincu « Shaolin », Wheeler se lance sur « Trieste Sit » 8B+/C et l’enchaîne dans la foulée. « C’était ma plus belle journée en tant que grimpeur », affirme-t-il sans hésitation.
Avec cette seconde ascension de « Shaolin », Wheeler entre définitivement dans le cercle très fermé des grimpeurs capables de dompter du 9A. Deux blocs de ce niveau en un peu plus de deux mois marquent un début d’année impressionnant pour lui. L’an dernier, il avait déjà coché « Sleepwalker » (qu’il estimait être 8C/+), ainsi que « Insomniac » le 8C+ de Drew Ruana à Lincoln Lake, dans le Colorado.
Toutefois, au-delà de la performance brute, il en retire une leçon plus profonde : « Si je grimpe, si je m’acharne autant dans un bloc, c’est avant tout pour affiner ma compréhension de moi-même. » Une approche qui, sans aucun doute, lui ouvrira encore bien d’autres portes…