Des nouvelles d’Elnaz Rekabi, la grimpeuse iranienne qui a grimpé sans son voile
L’Iranienne Elnaz Rekabi n’avait plus donné signe de vie depuis lundi, après avoir grimpé sans son voile lors des finales du Championnat d’Asie dimanche. Hier, elle a atterri à l’aéroport de Téhéran, acclamé par des centaines d’Iraniens, venus la saluer pour son acte de bravoure.
« Elnaz, héros ! Elnaz, héros ! » C’est sous les applaudissements d’une foule en délire que la grimpeuse Elnaz Rekabi a atterri à l’aéroport de Téhéran, après avoir participé aux Championnats d’Asie sans son voile.
La jeune femme de 33 ans, première grimpeuse iranienne à avoir été médaillée aux Championnats du Monde, a participé le dimanche 16 octobre aux championnats continentaux asiatiques sans porter de voile, normalement imposé aux femmes iraniennes. Un geste de soutien envers les manifestations qui ont éclaté en Iran suite à la mort de Mahsa Amini, après avoir été arrêtée par la police des moeurs.
À la suite de la compétition où elle a terminé quatrième, Elnaz Rekabi n’a plus donné signe de vie. Des rumeurs ont alors commencé à se répandre selon lesquelles elle aurait disparu et se serait fait piéger et enfermer dans une prison iranienne.
Cependant, la fédération internationale et la fédération iranienne ont confirmé hier que Rekabi était bien arrivée à Téhéran, en Iran, et qu’elle était désormais avec sa famille. L’IFSC a déclaré qu’une réunion a eu lieu à Séoul, en Corée du Sud, entre le Comité international olympique (CIO), l’IFSC et le Comité national olympique iranien, au cours de laquelle le CIO et l’IFSC ont reçu l’assurance claire que Rekabi ne subira aucune conséquence et continuera à s’entraîner et à prendre part aux compétitions.
Lorsque Rekabi est arrivée à Téhéran, elle a été accueillie par des centaines de personnes qui l’acclamaient et lui offraient des fleurs. L’Iranienne a déclaré que le fait de ne pas porter son hijab était un geste « involontaire ». À l’intérieur de l’aéroport international Imam Khomeini de Téhéran, elle a expliqué aux journalistes : « J’étais occupée à mettre mes chaussons et mon baudrier, cela m’a fait oublier de mettre mon hijab et on m’a appelé précipitamment pour aller grimper. Je suis rentrée en Iran en paix, même si j’étais très tendue et stressée. Mais jusqu’à présent, Dieu merci, rien ne s’est produit ».
Toutefois, des militants ont estimé que ces déclarations, devant la presse et sur les réseaux sociaux, avaient pu être obtenues sous la pression. Le média local Iran Wire rapporte que le président de la fédération iranienne l’aurait fait chanter en lui affirmant qu’elle pourrait rentrer saine et sauve en Iran à condition de remettre son téléphone et son passeport. « Elnaz Rekabi a été contrainte d’avouer à la télévision (…). Elle ne fait que répéter ce qu’on lui a dit de dire », a réagi ainsi un journaliste iranien qui collabore à l’Iran Wire.
Le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU a précisé être « au courant » de ce dossier qu’il allait « suivre très attentivement ».
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