Coupe du Monde de Munich: un dénouement final incroyable !
Si les finales féminines de la Coupe du Monde de Munich furent magnifiques, la dernière bagarre masculine fut tout aussi belle. C’est aussi dans les larmes que s’est conclue cette dernière compétition 2018. Du bonheur, de la joie, de la fraternité, que de belles images pour clôturer cette saison de Coupe du Monde.
Gregor Vezonik s’offre sa première victoire mondiale !
Quelle saison 2018 incroyable. Avec six vainqueurs différents chez les hommes en six étapes, nous nous demandions si l’un d’entre eux allait être capable de remporter une deuxième Coupe du Monde. Eh bien non. Après Jernej Kruder à Meiringen, Tomoa Narasaki à Moscou, Kokoro Fujii à Chongqing, Alex Khazanov à Tai’an, Gabriele Moroni à Tokyo et Rei Sugimoto à Vail, il y aura Gregor Vezonik à Munich.
Vous n’avez sûrement jamais entendu parler de ce jeune slovène avant cette année. 50ème mondial la saison dernière, sa 51ème place lors de la première étape 2018 à Meiringen laissait présager qu’il allait connaître une saison similaire. Pourtant, une semaine plus tard à Moscou, un véritable déclic se produisait: il se qualifiait pour la première fois en finale d’une Coupe du Monde et décrochait le bronze quelques heures plus tard, montant sur son premier podium mondial.
Son coup d’éclat aurait pu s’arrêter là, mais non. Après un nouveau podium à Tai’an, il se qualifiait ce week-end en finale de la dernière étape à Munich. Une finale qui allait prendre une tournure que Gregor n’aurait jamais espérée.
Il ne le savait pas encore, mais c’est dans le premier bloc que tout se jouera. S’étant qualifié de justesse pour les finales à seulement un essai près, le slovène était le premier des six finalistes à s’élancer. Il enchaîne le premier bloc à vue, sans grandes difficultés. On se dit alors que les autres grimpeurs ne vont faire qu’une bouchée de ce bloc à leur tour… Mais ce sera tout sauf le cas. Un à un, les autres compétiteurs se cassent les dents sur le premier mouvement, n’arrivant pas à atteindre la prise de zone. Ainsi, une demi-heure après le début des finales, Gregor Vezonik était largement en tête du classement, étant le seul à avoir topé le bloc 1.
Le deuxième tracé lui résistera. Bien qu’il valide la zone, il chute au sommet, alors que ce bloc ne sera enchaîné que par Jernej Kruder, Jakob Schubert et Yoshiyuki Ogata.
Le bloc 3, encore plus dur, renvoie un à un les finalistes au tapis. Seul le japonais Yuji Fujiwaki, qui disputait les premières finales de sa carrière hier, parvient à en atteindre le sommet, après une belle démonstration technique.
À l’approche du dernier bloc, Gregor Vezonik était toujours en tête du classement, étant le seul à avoir validé les trois zones précédentes. Un dernier bloc physique, mais accessible, puisque les compétiteurs l’enchaîneront quasiment tous à vue. Dont Gregor, qui, en atteignant le sommet du bloc, se savait vainqueur de cette Coupe du Monde, quoiqu’il se passe ensuite. Accroché au sommet de la structure et acclamé par les milliers de spectateurs allemands présent dans le stade Olympique, l’émotion monte.
C’est un RÊVE ! C’est tout ce dont j’ai toujours rêvé depuis que je suis gosse. Monter sur la plus haute marche d’un podium de Coupe du Monde, c’est la chose la plus forte que je n’ai jamais ressentie. Je ne peux même pas vous décrire la sensation, c’est juste incroyable. Je suis sans voix, je n’arrive même pas à réaliser.
Avant d’arriver à Munich, il faut avouer que je me sentais très, très, en forme. Je savais que ça pouvait être mon moment, mais j’étais partagé entre le rêve et la réalité. Et finalement, je l’ai fait !
Une première victoire en Coupe du Monde pour Gregor Vezonik, qui lui rapporte des points au classement général. 10ème avant cette dernière étape de la saison, il termine finalement 5ème et signe l’une des plus grosses progressions entre 2017 et 2018.
Jernej Kruder, roi de la saison 2018
La Slovénie était à l’honneur ce week-end. Car si Janja Garnbret et Gregor Vezonik ont réalisé le doublé sous les couleurs du maillot slovène hier soir, un autre grimpeur de ce pays de seulement 2 millions d’habitants a fait parler de lui: Jernej Kruder.
Celui qui remportait l’or sur la toute première manche de l’année à Meiringen s’est finalement octroyé le titre mondial à Munich. À la lutte face à Tomoa Narasaki, les demi-finales de cette étape furent décisives. Ne se qualifiant pas parmi les six meilleurs, le japonais laissait alors la couronne filer entre les mains du slovène, qui allait participer à sa sixième finale de la saison.
Une finale qui se soldera par une nouvelle médaille d’argent pour Jernej Kruder, sa troisième de la saison. Avec 2 blocs enchaînés en 9 essais et 3 zones en 7 essais, il devance de peu l’autrichien Jakob Schubert, qui réalisera également 2 blocs en 9 essais mais qui mettra 11 essais pour valider ses 3 zones.
La célébration de Jernej Kruder au sommet de son dernier bloc
À 28 ans, Jernej Kruder, grimpeur touche-à-tout, aura réalisé la plus belle saison de sa carrière. Numéro 9 en 2017, il est passé au rang de roi mondial cette année. Un bonheur pour lui, qui nous confiait avoir abordé cette nouvelle saison complètement différent mentalement.
Des efforts qui payent pour Micka Mawem
Pour la deuxième fois de la saison, la France était représentée en finale chez les hommes. Si Manu Cornu se qualifiait à Meiringen, c’est cette fois-ci Micka Mawem qui rentrait dans le top 6 des demi-finales, raflant une place en finale.
Une place en finale qui signifie beaucoup pour Micka. Car cette étape allemande était la dernière chance pour nos athlètes français de se sélectionner pour les Championnats du Monde d’Innsbruck. Les critères établis par la fédération française imposent en effet à nos grimpeurs d’avoir participé à au moins une finale cette année pour prétendre à une sélection en équipe de France pour les Mondiaux 2018.
Jusque-là chez les hommes, seul Manu Cornu était donc qualifié. Mais grâce à sa finale hier, Micka Mawem a lui aussi décrocher son ticket pour Innsbruck. Et il ne s’en cache pas: les Championnats du Monde sont dans son viseur depuis des mois. C’est l’objectif n°1 de sa saison: tout faire pour aller chercher le titre le plus prestigieux en escalade. Alors en se qualifiant pour les finales de cette Coupe du Monde à Munich, Micka avait déjà réussi son week-end.
Hier soir, Micka Mawem connaissait un début de compétition difficile. Comme le jeune japonais Yuji Fujiwaki, qui terminait premier des qualifications et premier des demi-finales, il n’atteint pas la zone des blocs 1 et 2. Pourtant, on voit sur son visage que notre français donne tout ce qu’il a. Il parvient ensuite à atteindre la zone du bloc 3 et chute la main sur la dernière prise. Puis, il termine la compétition en beauté, en enchaînant le dernier bloc à vue.
Des efforts qui commencent à payer pour Micka, qui peut maintenant peaufiner sa préparation pour le plus grand rendez-vous de l’année.
C’était la dernière Coupe du Monde de la saison avant le Championnat du Monde.
Je suis très content de mon escalade et mon état d’esprit. J’ai connu un début de saison très compliqué avec des changements dans mon entraînement qui n’ont pas porté leurs fruits, mais depuis mai, j’ai décidé de tout changer et de reprendre en main mon entraînement, et tout doucement je ressens les progrès.Mon objectif est le Championnat du Monde depuis un long moment, et c’est pour ça que je m’entraîne !
Encore 3 semaines pour peaufiner quelques détails qui vont me permettre d’arriver reposé, avec toutes mes capacités.
Rendez-vous donc du 11 au 15 septembre 2018 pour les épreuves de bloc du Championnat du Monde d’Innsbruck.