Coupe du Monde de Koper : des finales qui chamboulent tout !
Un long silence s’est installé. C’est comme si le temps venait de s’arrêter. Au vu de l’énorme mutisme du public, Janja Garnbret le devinait : pour la première fois de la saison, elle venait de se faire détrôner. Hier soir, lors de la toute première Coupe du Monde de Koper, en Slovénie, la médaille d’or lui filait entre les doigts, devant des milliers de spectateurs passionnés.
Retour sur les finales de la Coupe du Monde de Koper.
La soirée a pourtant débuté de la meilleure façon possible, puisque le grimpeur slovène Luka Potocar, âgé de seulement 20 ans, a remporté la première médaille d’or de sa carrière, à domicile. Il sera l’un des rares grimpeurs à réussir le jeté à deux mains, qui sera fatal à Ao Yurikusa, Alberto Ginés López ou encore Taisei Homma, qui était pourtant l’un des grands favoris à la victoire.
Porté par son public, Potocar se bat et parvient à avancer encore quelques mouvements après ce fameux jeté, jusqu’à tomber à bout de forces à quelques mètres du sommet. Il égalisera la performance du Suisse Sascha Lehmann, qui avait atteint la prise 30 quelques minutes avant lui. Les deux protagosistes à la médaille d’or seront donc départagés suite aux résultats des demi-finales, à l’avantage du Slovène.
La foule était juste INCROYABLE ! J’avoue que j’étais un peu nerveux avant de me lancer dans la voie en entendant tout ce public au pied du mur. Mais ça a été un énorme soutien une fois que j’étais dans la voie. D’ailleurs, chapeau bas aux ouvreurs, la voie était vraiment super, j’ai adoré.
Je ne pouvais pas rêver mieux : remporter ma première Coupe du Monde ici, en Slovénie, c’est incroyable ! »
Luka Potocar
Le podium a été complété par l’Allemand Yannick Flohé qui a ajouté une médaille de bronze à son palmarès, après avoir déjà gagné l’or en Italie, lors de la Coupe du Monde de Brixen plus tôt cette saison.
Mais ce qui avait commencé comme étant une grande soirée pour la Slovénie ne s’est pas transformé en une soirée mémorable.
Tout d’abord, notre Française Hélène Janicot, qui était la seule représente tricolore en finale, tombe prématurément dans la voie. Première compétitrice à s’élancer dans ce tracé très spécial, elle s’emmêle les doigts dans la dégaine au moment d’aller chercher une inversée, ce qui la propulse dans les airs.
Ensuite, c’est l’hécatombe ! Toutes les grimpeuses suivantes tombent sans même réussir à dépasser la mi-voie. Il faut dire que les ouvreurs avaient fait le choix de proposer une séquence de 15 mouvements très bloc, sans aucune possibilité de repos. Des prises imposantes, de grosses compressions, des mouvements ultra physiques en no-foot, bref, un passage d’une rare intensité proposé dans une voie de difficulté. Si bien que Mia Krampl, Jessica Pilz, Chaehyun Seo, Brooke Raboutou et même Natalia Grossman se font piéger dans ce passage.
Toutefois, l’arrivée de la Japonaise Ai Mori allait marquer un tournant dans cette finale, et plus globalement dans cette saison 2022. La jeune femme de 18 ans, originaire d’Ibaraki, au Japon, signait son grand retour sur le devant de la scène après une interruption de trois ans, qu’elle s’est imposée pour se concentrer sur ses études universitaires. Première des qualifications puis deuxième de la demi-finale, elle réalisera un run d’anthologie en finale, signant l’un des combats les plus mémorables de l’année. Elle parvient à dépasser le passage ultra physique, broie les petites arquées suivantes, lutte contre la gravité encore quelques instants, avant de chuter, à bout de souffle, aux deux tiers de la voie.
Ayant remporté les demi-finales avec succès, Janja Garnbret était la dernière compétitrice à s’élancer dans ce tracé si exigeant. Elle qui avait réclamé aux ouvreurs des voies plus dures un peu plus tôt cette saison allait être servie. Très vite, elle prend conscience de l’intensité extrême de la voie. Elle réussit toutefois à maîtriser les premiers mouvements avec succès, dépassant la plupart des autres finalistes, mais elle se retrouve ensuite en difficulté sur les petites arquées. Pour l’une des premières fois de la saison, Janja Garnbret était dans sa zone rouge ! Quelques secondes plus tard, elle se faisait renvoyer au tapis par la voie.
Un long silence s’installait alors. C’est comme si le temps venait de s’arrêter. Au vu de l’énorme mutisme du public, Janja Garnbret le devinait : pour la première fois de la saison, elle venait de se faire détrôner, en chutant trois mouvements plus bas que la Japonaise Ai Mori, qui remporte donc cette Coupe du Monde.
Janja Garnbret avait pour objectif de tout gagner cette saison. Après une victoire à Innsbruck, puis Villars, Chamonix et Briançon, elle était en train d’accomplir l’exploit. Mais cette soirée nous aura rappelé que la Slovène, bien que très forte, reste une humaine comme tout le monde. Est-ce la pression de grimper devant son public qui l’a fait chuter ? Quoi qu’il en soit, la suite de la saison s’annonce palpitant !
Rendez-vous dans une semaine à Edimbourg pour la grande revanche !