Coupe du Monde de Briançon: le résumé des demi-finales
Les 26 meilleurs hommes et femmes se sont affrontés hier soir dans le Parc des Sports de Briançon. L’ambiance de compétition était de retour. Enfin. Après des mois et des mois passés à s’entraîner, souvent seuls dans leur coin, les athlètes ressentaient enfin ce frisson unique de la compétition. Car si les qualifications de la Coupe du Monde de Briançon se déroulaient à huis clos, le public est bel et bien venu en nombre hier soir, en respectant les mesures sanitaires, pour encourager les meilleurs grimpeurs mondiaux.
Des voies de demi-finales exigeantes
« C’est un énorme challenge, encore plus que d’habitude, d’ouvrir les voies sur cette compétition. Je n’ai pas vu ces athlètes grimper depuis longtemps, il est donc dur de jauger le niveau des voies. » déclarait Marcin Wszolek, le chef ouvreur de la compétition.
Les voies de demi-finales ne laissaient pas de place à l’erreur. Dès la lecture, le ton est donné: le déchiffrage des voies n’est pas aisé, chez les hommes comme chez les femmes. En effet, beaucoup de prises composent les tracés, rendant la lecture particulièrement ardue.
Et le niveau physique et technique des deux voies de demi-finale est tout aussi exigeant. En effet, la moindre erreur de placement est fatale. Physiquement, les voies poussent les grimpeurs dans leurs retranchements, notamment dans le dévers, que peu de compétiteurs dépasseront.
Un top 3 de rêve chez les hommes
Adam Ondra, Alex Megos et Jakob Schubert. Un top 3 de rêve chez les hommes. Ils font partie des trois meilleurs falaisistes de tous les temps. Ils font également partie des trois meilleurs compétiteurs du monde et nous l’ont prouvé une fois de plus hier soir. Avec des différences de style tout de même.
En effet, Alex Megos descend de sa voie de demi-finale bien entamé physiquement. L’allemand est allé puiser dans ses retranchements pour lutter le plus longtemps possible contre la gravité. Il sera l’un des rares grimpeurs à sortir du dévers, mais chutera quelques mouvements plus loin.
Jakob Schubert fait parler toute sa puissance dans la voie. L’oeil aiguisé grâce à ses 16 ans d’expertise à l’international, l’autrichien avance sans se poser de questions. Il dépasse alors la verticale limite fixée par Megos quelques minutes avant lui et chute à seulement deux mouvements du top de la voie, en essayant de tenir une micro pince infâme.
Puis vient le tour d’Adam Ondra. Comme lors des qualifications, le tchèque paraît serein et détendu. En quelques secondes, il atteint déjà l’endroit ayant fait chuter la plupart des grimpeurs avant lui. Il sort du toit et se permet de chauffer le public puis repart. Il avance encore quelques mouvements avant de se laisser emporter par la gravité au même endroit que Schubert, de quoi prendre la tête des demi-finales.
Pourtant, pour la petite anecdote, immédiatement après sa prestation, le tchèque sera rétrogradé à la 5ème place des finales. En effet, les juges ont cru qu’il avait posé un pied sur un spit dans le toit. Mais Adam l’assure: impossible que son pied se soit posé à cet endroit, car il était en contre-pointe sous un volume. Après de longues minutes de visionnage de vidéos, le verdict est sans appel: Adam Ondra a raison, il n’a pas posé son pied sur le spit et mérite bel et bien la première place des demi-finales.
Mejdi Schalck et Nao Monchois qualifiés pour la première fois en finale d’une Coupe du Monde !
Deux jeunes français disputeront la finale masculine ce soir: Mejdi Schalck et Nao Monchois ont décroché leur ticket pour leur première finale en Coupe du Monde de leur carrière !
C’est d’abord Nao Monchois qui fait le show. Le jeune homme part dans la voie avec une genouillère. Dès la lecture, il a anticipé un repos salvateur situé aux deux tiers de la voie. En effet, il coince son genou sous un volume, ce qui lui permet de délayer aisément juste avant d’attaquer l’un des passages les plus durs de la voie. Un repos qui lui vaudra sa place en finale, puisque Nao repart pour réaliser quelques mouvements supplémentaires, qui le conduiront à la prise 30, de quoi se classer 6ème des demi-finales.
Juste après lui, c’est le jeune Mejdi Schalck qui fait le show. Ce jeune homme est tout simplement spectaculaire. Seulement cadet première année, il participe ce week-end à sa première compétition internationale chez les seniors. Sans gros objectifs, le chambérien est venu se faire plaisir avant tout et prendre de l’expérience face aux meilleurs athlètes de la discipline. Mais qui aurait cru que ce jeune grimpeur de 16 ans allait se qualifier en finale de sa première Coupe du Monde ?
Mejdi part dans la voie complètement décontracté. Il grimpe avec une fluidité spectaculaire, qui bluffe le public entier. Il vole de mouvement en mouvement, s’autorisant même des passages en no-foot et se bat jusqu’au bout. Il dépasse de deux mouvements l’endroit où a chuté Nao Monchois avant lui et se classe donc 5ème des demi-finales de sa première Coupe du Monde. En redescendant, lui-même ne réalise pas ce qu’il vient de se passer !
Laura Rogora prend la tête des demi-finales, juste devant Nina Arthaud !
20ème à l’issue des qualifications, Nina Arthaud était l’une des premières demi-finalistes à s’élancer dans la voie. Dès ses premiers mouvements, sa motivation et sa détermination sont palpables. Son rythme est parfait, Nina avale les premières difficultés de la voie sans encombre. Puis, la jeune grimpeuse de l’équipe de France passe en mode guerrière. Depuis le bas de la voie, on peut l’entendre crier, tant son engagement dans les mouvements est total. Si bien que la jeune française, déjà finaliste l’an dernier à Briançon, monte très haut dans la voie.
Si haut qu’une seule compétitrice fera mieux qu’elle hier soir: Laura Rogora. La jeune italienne, déjà première des qualifications, conserve la tête du classement. Et de loin ! En effet, elle passe avec facilité là où toutes les autres grimpeuses sont tombées, dont Janja Garnbret, mettant près d’une dizaine de mouvements aux autres.
Derrière, c’est l’hécatombe. 16 grimpeuses se tiennent à seulement trois prises d’écart. Fanny Gibert fait partie des huit à valoriser la prise 26 et donc, à décrocher sa place en finale de cette Coupe du Monde de difficulté.
En revanche, Camille Pouget et Julia Chanourdie tombent légèrement plus bas, prenant respectivement la 11ème et 12ème place.
Les résultats complets des demi-finales
La suite du programme
Samedi 22 août 2020:
19h30: Finale femmes
20h45: Finale hommes