Comment Janja Garnbret a-t-elle transformé la pression en victoire aux JO de Paris 2024 ?
Entre pression, doutes et libération, la reine de l’escalade s’est offert l’or olympique pour la deuxième fois de sa carrière à Paris. Dans un témoignage poignant, elle revient sur son aventure olympique et la pression à laquelle elle a dû faire face.
Dans le monde de l’escalade, peu d’athlètes incarnent aussi parfaitement l’excellence que Janja Garnbret. En remportant l’or aux Jeux Olympiques de Paris 2024, la Slovène a non seulement confirmé son statut de légende vivante, mais elle a aussi partagé un témoignage poignant sur la réalité d’être au sommet.
Depuis sa victoire aux Jeux de Tokyo, Janja a participé à 24 compétitions internationales (Coupes du Monde, Championnats d’Europe ou Championnats du Monde). Sur ces 24 participations, elle a été trois fois deuxième et 21 fois vainqueur. Du jamais-vu dans l’Histoire de l’escalade ! Depuis son arrivée sur la scène mondiale, Janja Garnbret est attendue de tous ; lorsque son nom figure sur les listes de départ, elle est la grande favorite de la compétition. Mais à Paris, la pression à laquelle elle a fait face a été plus forte que jamais. En témoigne la réaction émotionnelle qu’elle a eu au moment où elle a appris qu’elle remportait la compétition.
Comment la numéro 1 mondial fait-elle pour gérer toute cette pression qui pèse sur ses épaules en permanence ? Elle nous raconte.
Depuis sa victoire éclatante à Tokyo en 2021, chaque instant de la vie de Janja Garnbret était dirigé vers un seul et unique objectif : Paris 2024. « Chaque compétition que j’ai faite, chaque entraînement que j’ai fait avait un lien avec Paris », déclare-t-elle. Derrière ces mots simples se cachent des années d’efforts, d’innombrables heures d’entraînement, et une pression qui ne cesse de croître à mesure que l’échéance se rapproche.
Les derniers mois avant Paris ont été particulièrement éprouvants pour la grimpeuse slovène. Derrière l’image de l’athlète inébranlable se cache une jeune femme qui a craqué à de nombreuses reprises, submergée par la pression qu’elle s’imposait : « Je ne saurais vous dire combien de fois, au cours des trois derniers mois, j’ai pleuré et craqué en plein entraînement ». Cette confession, rare de la part d’une championne de sa trempe, révèle la profondeur des sacrifices nécessaires pour rester au sommet de son art. La route vers la gloire est pavée de doutes et de questionnements incessants, et même les meilleurs ne sont pas épargnés par ces moments de faiblesse.
Mais Garnbret ne s’est pas seulement battue contre ses doutes. Elle a dû composer avec l’immense pression d’être la favorite. Une position enviable pour certains, mais un fardeau pour ceux qui comprennent la difficulté d’être « à la hauteur encore et encore ». C’est peut-être là que réside toute la grandeur de cette athlète : dans sa capacité à embrasser cette pression, à la transformer en une force qui l’a propulsée vers l’or. Ces mots résonnent particulièrement dans le contexte olympique, où l’attente du monde entier se cristallise sur les épaules de ceux qui sont censés gagner. Pourtant, malgré les doutes, Garnbret a continué à croire en elle-même et en sa préparation : « Honnêtement, je n’ai aucune idée de comment j’ai fait pour y arriver », finit-elle par avouer.
Le matin de la finale à Paris, Janja raconte qu’un sentiment inédit l’a envahie. « Vous arrive-t-il de vous réveiller et de savoir qu’aujourd’hui est votre jour ? ». C’est avec cette conviction, mêlée à une étrange sérénité, qu’elle s’est présentée face aux 7000 spectateurs présents au Bourget ce jour-là. Elle ressentait la pression, certes, mais elle était surtout en paix avec elle-même, libérée des attentes et des angoisses. « J’étais calme et libre, libérée de tous les soucis et de toutes les attentes », explique-t-elle. Ce jour-là, Garnbret était dans un état de grâce, où tout semblait se dérouler naturellement, comme si son corps, plus affûté que jamais, savait exactement quoi faire.
Cette victoire à Paris, bien que fruit d’une préparation minutieuse, a aussi été marquée par une capacité à lâcher prise, un élément clé qui a permis à Garnbret d’exprimer tout son potentiel. « J’ai pu oublier mon perfectionnisme et laisser mon corps agir », raconte-t-elle. C’est cette combinaison unique de discipline et de liberté qui lui a permis de livrer une performance qui lui a permis de remporter l’or. La compétition a été, selon elle, « la plus difficile » de sa carrière. Pourtant, elle s’y est présentée dans la « meilleure forme de [sa] vie », et cela s’est vu.
En remportant l’or, Garnbret ne s’est pas seulement offert un deuxième titre olympique. Elle a prouvé que la perfection, ce but inatteignable pour beaucoup, peut être approchée, si l’on accepte de se libérer de ses propres chaînes. C’est un message d’espoir et de détermination qu’elle laisse à tous ceux qui, comme elle, se battent pour atteindre leurs rêves, malgré les doutes, malgré les « et si » comme elle dit si bien.
La championne olympique tient également à exprimer sa gratitude pour le soutien reçu tout au long de cette aventure olympique, notamment envers Roman Krajnik, son entraîneur : « Merci d’avoir été patient, d’avoir cru en moi, et de m’avoir poussé. Tes conseils m’ont aidé à surmonter les obstacles et à devenir plus forte, physiquement et mentalement. Merci d’avoir toujours veillé à ce que le plaisir soit la priorité absolue. Je l’ai dit après Tokyo et je le répète : c’est peut-être moi qui porte la médaille autour du cou, mais c’est grâce à toi que tout cela a été possible ! ».
Paris restera pour elle non seulement le théâtre de son triomphe, mais aussi celui d’une profonde introspection, d’une victoire sur elle-même qui compte tout autant que l’or qu’elle a conquis.
En remportant pour la deuxième fois de sa carrière le titre olympique à Paris, Janja Garnbret a confirmé ce que le monde savait déjà : elle est l’une des plus grandes grimpeuses de tous les temps. Mais elle a aussi montré, à travers son témoignage sincère, que même au sommet, la route est semée d’embûches, et que chaque victoire est d’abord une victoire sur ses propres doutes. Merci, Janja, pour cette leçon de courage et d’humanité.