Carlo Traversi réussit “Meltdown”, l’une des fissures les plus dures du monde !
Après des années de travail, l’américain Carlo Traversi vient de signer la première répétition de “Meltdown”, l’une des voies de trad les plus dures du monde.
Il aura fallu attendre près de 11 ans pour qu’une personne sur Terre soit capable de répéter cette fissure de l’extrême. La fissure la plus dure du Yosemite, peut-être même du monde.
Le 14 février 2008, Beth Rodden établissait “Meltdown”, une fissure de 21 mètres au Yosemite, d’abord essayée pendant des années par Ron Kauk, qui avait abandonné le projet. Malgré sa décision de ne pas donner de cotation, tout le monde savait à l’époque que cette fissure était d’un tout autre niveau. Une difficulté qui n’avait encore jamais été atteinte dans cette discipline.
Pendant leur venue au Yosemite, même Tom Randall et Pete Whittaker, les deux meilleurs grimpeurs de fissures au monde, avaient été choqués par l’extrême difficulté de la ligne : « à l’automne 2014, nous étions au Yosemite pour faire quelques grandes voies. Mais nous avons bien sûr voulu rendre visite à “Meltdown”. Bien qu’il soit difficile d’évaluer une cotation en une seule visite, il est aisé de savoir quand quelque chose sort de l’ordinaire. Tous les mouvements de cette voie sont extrêmes, il n’y a aucun moment de répit dans la voie et les prises de pieds sont infâmes, voire inexistantes. Après quelques heures de travail dans la voie, Pete et moi sommes repartis, n’ayant même pas fait 10% de la totalité, en se tenant la tête entre les mains tout en se demandant comment le crux était possible ».
Le ton était donné.
Mais finalement, hier, c’est Carlo Traversi qui a réussi l’exploit de dompter cette ligne si atypique. Pendant plus de cinq ans, il travailla cette voie dans l’optique d’en atteindre un jour le sommet. « La première fois que je l’ai essayée en 2013, je me suis clairement fait secouer dans tous les sens. Je n’arrivais pas à comprendre comment je pouvais me tenir debout sur ces misérables pieds. »
Un an plus tard, Carlo parvenait à passer le crux pour la première fois. Souvent, lorsque l’on passe le crux d’une voie, l’enchaînement total n’est qu’une question de temps. Mais pas dans le cas de “Meltdown”. « Je pensais qu’à partir de ce moment, tout irait très vite, mais je m’étais complètement trompé. C’est une chose de réussir la section la plus dure, mais ça en est une autre d’être suffisamment relâché tout du long pour ne pas te cramer pour la suite de la voie. »
À chaque essai, tout était remis en cause. Carlo Traversi tombait, encore et encore. Un coup plus bas que le crux, un autre après avoir passé le crux, encore et encore.
“Meltdown” tire sa difficulté de par l’extrême maigreur de son unique fissure. « Il ne s’agit pas seulement d’un défi physique, c’est avant tout un challenge mental. J’ai passé plus de 40 jours entiers à travailler cette ligne. C’est le plus gros projet de toute ma vie » déclarait Beth Rodden après avoir réalisé la première ascension de la voie.
En 2015, les choses s’accéléraient pour Carlo Traversi. Il venait de réaliser la voie dans son intégralité, sans tomber, en moulinette. L’enchaînement était proche. Mais les deux années suivantes, les mauvaises conditions météorologiques ne lui permirent pas de concrétiser ce projet. Ce n’est qu’hier que tout est devenu possible.
“Hier, j’ai réussi à l’enchaîner lors de mon troisième run de la journée, après une série de zipettes dans le crux lors des deux premiers essais.”
Bloqueur dans l’âme (il compte plusieurs blocs dans le 8C à son actif, comme “Practice of the Wild” ou “The Story of Two Worlds”) Carlo Traversi est aussi un grimpeur très complet. L’année dernière, il l’avait prouvé en réussissant le Triple 14 Challenge, un défi qu’il avait lui-même inventé : en 24 heures, il avait grimpé un bloc coté V14 dans le système américain (8B+), puis enchaîné une voie cotée 5.14 (8b+) avant de réaliser une grande voie située sur un sommet de 14000 pieds (4270 mètres).