Camille Pouget : « Je voulais finir la saison en beauté, et je l’ai fait ! »

© Wouter Merckens
Quelques jours après sa victoire éclatante à la Coupe d’Europe de difficulté de Tournefeuille, Camille Pouget revient pour nous sur ce dernier week-end de compétition, sa préparation express et les émotions intenses vécues devant un public conquis.
Une saison longue… mais un dernier rendez-vous à domicile !
« La saison avait été longue jusqu’aux Championnats du monde », confie Camille. « Je m’étais préparée pour ce rendez-vous, mais ça ne s’est pas passé comme je le souhaitais. Après ça, j’ai eu besoin de retrouver de la motivation et d’expérimenter d’autres manières de m’entraîner ».
Alors qu’elle envisageait de clore sa saison, l’idée de grimper « à la maison », sur le mur de ses années jeunes à Tournefeuille, a tout changé. « J’ai hésité, mais je me suis dit : si je m’aligne, c’est pour gagner. »

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Elle se lance alors dans un mois de préparation spécifique, avec un objectif clair : retrouver du plaisir tout en se donnant les moyens d’aller chercher la victoire. « Je voulais arriver prête, physiquement et techniquement, et ça a été le cas ».
Les qualifications se passent sans accroc : « La première voie, très technique, ne me pose pas de souci, j’arrive en haut. La deuxième était un peu plus physique. Comme je passais à la fin, j’avais l’impression que les prises étaient un peu sales, un peu glissantes, et j’ai dû m’employer pour la toper ».
Deux tops et une première place ex æquo avec deux grimpeuses habituées du circuit mondial. De quoi se mettre en confiance avant les tours décisifs.

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Mais la demi-finale reste, selon elle, « le moment le plus stressant » : « Si tu rates ce tour, tout s’arrête, tu n’as même pas la chance d’aller chercher quoi que ce soit, puisque tu n’as pas accès aux finales ». Pourtant, elle livre une prestation parfaite : « Je passe le crux que les autres ne passent pas, je mets du rythme, je grimpe bien… et j’arrive à prendre du plaisir en grimpant ».
Un pari gagnant avant la finale
Fatiguée mais lucide, Camille prend une décision audacieuse le lendemain : aller faire une voie d’échauffement dans une autre salle avant la compétition.
« Je suis allée à Altissimo Portet en début d’après-midi, je voulais avoir le temps de monter fort en rési à l’échauffe, mais aussi de bien me reposer ensuite pour être fraîche pour les finales. C’était un pari un peu risqué, parce que je n’avais jamais fait ça auparavant, mais je le sentais bien ! ».
Arrivée à l’isolement, elle se sent calme, prête, sans stress. « J’ai pu gérer mon temps tranquillement, sans précipitation ».
« Quand le public a hurlé mon nom, j’ai pris une claque »
Tout bascule au moment de la présentation des finalistes. « Quand le speaker a dit mon nom, la salle a explosé. J’ai reconnu des amis, ma famille, des membres de mon ancien club… j’ai pris une claque d’émotion ».
À ce moment-là, le public n’avait plus la même place : il ne représentait plus une pression, mais une force qui me portait jusqu’en haut.
Sous la pression, elle vacille un instant et se met à trembler. Mais son coach la recentre. Respiration, recentrage, musique dans les oreilles : Camille entre peu à peu dans sa bulle. « Le gros défi, ça a été d’écarter complètement l’enjeu lié au résultat — paradoxalement, puisque j’étais venue chercher la gagne. Là, il fallait mettre le résultat de côté, juste le temps du run ».

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Arrivée au pied de la voie, Camille n’avait qu’une envie : jouer dans la voie et s’exprimer à 100 %. « Je savais, au fond de moi, que j’avais le niveau pour la faire. Il fallait juste avoir le courage de tout mettre en place pour y parvenir. Je suis vite partie dedans, le couteau entre les dents, avec l’envie de mettre un gros rythme et de m’exprimer à fond ».
Une fois lancée, tout devient fluide. « À ce moment-là, le public n’avait plus la même place : il ne représentait plus une pression, mais une force qui me portait jusqu’en haut. À chaque fois que je faisais un mouv un peu déterminant, ça hurlait derrière. L’ambiance était incroyable ! ».

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Elle chute sur le dernier mouvement, en se faisant surprendre sur l’avant-dernière prise, qu’elle pensait meilleure. Mais son run est magistral. « Quand je tombe, je sais que j’ai bien grimpé. Et quand je me retourne, le public est en feu ; je profite avec eux ».
Je ne pouvais pas rêver meilleure manière de terminer ma saison.
Quelques secondes plus tard, son kiné lui fait signe : elle vient de gagner. « À ce moment-là, je ressens une immense joie et un énorme sentiment de satisfaction qui me traverse tout le corps. Une euphorie absolument dingue. J’ai tout laissé s’exprimer, je sautais partout, j’étais super contente ».
Le trophée “Good Vibes for Luce” et une Marseillaise pleine d’émotion
La soirée réserve encore une surprise : Camille reçoit le trophée “Good Vibes for Luce”, décerné par le comité de sélection présent sur place. « Je ne m’y attendais pas du tout. Ça a vraiment ajouté une dimension spéciale, encore plus d’émotion ».
Et pour conclure : la Marseillaise, chantée à pleins poumons par toute la salle. « Sur le podium, avec mes amis, ma famille et l’équipe de France qui chantaient avec moi… j’en avais les larmes aux yeux ».

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« Une façon rêvée de finir la saison »
Pour Camille, cette victoire représente bien plus qu’un simple résultat. « Je ne pouvais pas rêver d’une meilleure manière de terminer ma saison. C’était exactement ce que je voulais vivre — et souvent, entre ce qu’on veut vivre et ce qu’on vit réellement, il y a un petit gap. C’est très dur d’accomplir ses objectifs quand ils sont élevés et qu’on a des attentes. Et là, clairement, j’en avais ! ».
Fatiguée mais apaisée, elle savoure cette fin de saison. « J’ai un peu le sentiment d’être vide dans la tête, de ne plus avoir rien à faire, parce que la saison est enfin terminée. Il faut dire qu’elle a commencé en avril, je crois — je ne me souviens même plus du début ! Maintenant, il ne reste plus qu’à me réentraîner pour la saison prochaine. Je vais prendre une petite pause d’au moins une semaine, et repartir ensuite avec plein d’outils hyper intéressants pour la suite ».

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