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Budget 2025: un jeu d’équilibriste pour la FFME

Dernière AG de la FFME à Toulouse | © FFME

Alors que l’AG annuelle de la FFME s’est tenue il y a quelques jours à Toulouse, nous nous sommes entretenus avec Alain Carriere. Le président de la fédération nous a éclairé sur l’augmentation du prix de la licence qui arrivera en septembre 2025 ainsi que sur les défis à relever pour fonctionner avec un budget serré, notamment sur la question du haut niveau.

Le départ d’un partenaire premium

Il y a 15 jours, nous nous faisions l’écho de l’appel à l’aide d’Alex Megos sur les réseaux sociaux, ce dernier évoquant les difficultés des athlètes allemands contraints de financer eux-mêmes une grande partie de leurs déplacements et compétitions faute de soutien suffisant de la part de leur fédération.

Les difficultés rencontrées par la fédération allemande ne sont hélas ni anodines ni spécifiques au modèle allemand. On aimerait penser qu’il s’agit là d’un problème localisé, mais c’est en réalité un problème global auquel de nombreuses fédérations doivent faire face, avec des budgets toujours plus serrés.

En ce qui concerne la FFME, 50% de son budget global est lié aux licences, soit environ 6 millions d’euros. Pour le reste, il y a des aides publiques (qui tendent à diminuer au regard de la conjoncture actuelle), et des partenaires financiers. Jusqu’à maintenant, la FFME pouvait par exemple compter sur un partenaire premium, Blank (banque en ligne), mais le deal est désormais terminé, et c’est une grosse perte financière pour la FFME (plusieurs centaines de milliers d’euros). On pourrait facilement imaginer, que, les JO aidant, les partenaires se bousculent pour devenir partenaire d’une des fédérations sportives en vogue du moment, mais la réalité est tout autre : les partenaires financiers étant plus prudents au regard de l’économie mondiale actuelle, la tendance est plutôt à l’attentisme.

Un équilibre à trouver

Vous l’aurez compris, un budget amputé pour une fédération sportive, ce sont des compromis à trouver pour continuer à faire tourner la machine. Et des compromis, il y en aura, dans tous les domaines et projets liés à la FFME.

L’un des compromis majeurs sera d’augmenter de 10€ la licence à partir de septembre 2025. En plus de contraintes financières de plus en plus fortes, Alain Carriere justifie ce choix en rappelant que le prix de la licence n’a pas suivi l’inflation de ces dernières années. Il s’agit donc de rééquilibrer les choses d’une certaine manière, même si l’augmentation dépasse celle de l’inflation.

Le prix de la licence s’établira alors à 54€ par adulte, et permettra, on l’espère, d’envisager un avenir plus radieux pour les projets de développement de la FFME, que ce soit pour le pôle loisir, le haut niveau, les SAE ou la falaise. Et pas question pour Alain Carriere d’opposer le loisir et le haut niveau: « le haut niveau permet à l’escalade de prendre une place médiatique très importante pour amener ensuite des jeunes à franchir la porte des clubs, et la masse de pratiquant des clubs permet de faire éclore de jeunes talents qui poursuivront ensuite vers le haut niveau. »

Le budget lié au haut niveau : des choix à faire

De notre côté, si notre angle d’attaque se portera plutôt sur le haut niveau, ce n’est bien évidemment pas le seul budget de la FFME, ce dernier représentant 22% des charges globales de la fédération.

Quand on parle de budget pour le haut niveau, on parle de toutes les dépenses afférentes: déplacements des athlètes sur le circuit international, salaires des coachs et tout le staff (kiné, médecins…), frais de fonctionnement (stages, pôles, achats de prises et autre matériel, frais d’ouverture etc.), et ce pour l’escalade et le ski alpinisme. Comme on l’annonçait précédemment, le haut niveau sera lui aussi touché par ces coupes budgétaires.

C’était déjà un constat que nous faisions parfois ces dernières années, les quotas de l’équipe de France n’étant pas toujours remplis pour la saison de coupe du monde. Ce sera davantage visible cette année (au moins jusqu’en septembre, avant l’entrée en jeu de l’augmentation de la licence) avec moins de moyens pour la FFME.

Zélia Avezou aux JO de Paris 2024 | © Planetgrimpe

En discutant avec Alain Carriere, les choix à faire ne sont pas toujours simples, et pour être très concret, les critères sont établis pour que les athlètes envoyés sur les étapes de coupe du monde soient en priorité des athlètes pouvant prétendre à de bons résultats. Selon le président de la FFME, outre le manque de moyens, il n’est pas formateur d’envoyer des athlètes qui ne passent pas le tour de qualification, ce serait les envoyer droit dans le mur du haut niveau. Il y a, selon lui, des étapes intermédiaires à franchir, avec par exemple le circuit de coupes d’Europe qui permet aux jeunes talents de se former avant de rentrer véritablement dans la cour des grands. En revanche, rappelons que ce circuit européen, bien qu’il soit formateur, reste aux frais des athlètes.

Alain Carriere tempère tout de même ses propos en rappelant que les athlètes sélectionnés font également des choix de participation ou non à certaines étapes en fonction de leurs objectifs de l’année. En découle alors parfois des places et du budget disponible, et il sera alors possible, au cas par cas, d’envoyer des athlètes en devenir se frotter aux meilleurs mondiaux.

Quand l’IFSC se mêle du budget des fédérations …

Comme vous pouvez le constater, la fédération va devoir jongler avec son budget pour envoyer des athlètes sur le circuit international. Mais c’était sans compter sur les nouvelles règles émises par l’IFSC.

En effet, à partir de cette année, l’IFSC a mis en place un certain nombre de nouveautés, plus drastiques, concernant les quotas attribués aux nations pour les coupes du monde et le championnat du monde. Concrètement, pour le championnat du monde, si auparavant chaque nation se voyait attribuer un quota de 5 athlètes pas genre, sans critère de performance, c’est désormais terminé.

Championnat du monde à Berne en 2023 | © IFSC

À partir de cette année, un quota de 2 athlètes par genre sera attribué à chaque nation, plus un quota variable avec au maximum 3 places supplémentaires uniquement si des grimpeurs de la nation en question étaient dans le Top 40 du classement mondial de l’année précédente. Un gros changement donc qui implique forcément pour les fédérations d’envoyer suffisamment d’athlètes sur les étapes de coupe du monde pour espérer avoir des athlètes dans le Top 40 mondial et ainsi remplir les quotas du championnat du monde.

L’équation ne sera donc pas simple pour la FFME, entre restriction budgétaire et volonté d’être représentée sur la compétition ultime (le championnat du monde), il faudra faire preuve de discernement.

Publié le : 11 avril 2025 par Charles Loury

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