Il y a des jours où l’on a l’impression d’entrer dans une parenthèse hors du temps. Hier, à deux jours du TBA, Climbing District avait convié quelques-uns des meilleurs grimpeurs du monde pour une journée exceptionnelle en forêt de Bleau… et Planetgrimpe avait la chance d’être du voyage.
Un moment suspendu, rare, presque irréel : grimper à Bleau, guidés par Jacky Godoffe lui-même, avec autour de nous les sourires, l’énergie et l’enthousiasme d’athlètes venus des quatre coins du globe.
9h – Réveil calme et convivial à Climbing District Bastille
À deux pas de la Gare de Lyon, Climbing District Bastille s’éveille doucement. Dans les canapés à l’entrée de la salle, les cafés se remplissent, les regards encore un peu endormis s’échangent, et les grimpeurs internationaux découvrent la salle, entre croissants et éclats de rire.
Brooke Raboutou discute avec Maïlys Piazzalunga, Manu Cornu plaisante avec Sohta Amagasa… L’ambiance est simple, détendue, presque familiale.

© Matthias Paré | Planetgrimpe
Après un bref mot d’Alban Levier (directeur de projet pour le TBA), d’Henri d’Anterroches (cofondateur de Climbing District) et de Jacky Godoffe (véritable légende de l’escalade), la salle devient terrain d’échauffement.
Les premiers clients qui passent la porte affiche un regard étonné : grimper un jeudi matin aux côtés de Meichi Narasaki, de Kyra Condie, de Sam Richard ou de Michael Piccolruaz… ce n’est pas exactement le quotidien.
11h30 – Un bus rempli de crash pads, direction Bleau
À l’extérieur, un immense bus se gare devant la salle. La soute déborde littéralement de crash pads : le décor est planté.
Les grimpeurs montent un à un, comme une colonie de vacances un peu hors normes, avant que le bus ne file vers l’un des secteurs les plus emblématiques de Fontainebleau : Rocher Gréau.

© Matthias Paré | Planetgrimpe
Sur la route, l’excitation monte. Les Japonais, venus nombreux à Paris pour participer à cette quatrième édition du TBA, sont collés aux vitres ; Meichi Narasaki confie qu’il n’est venu qu’une seule fois à Bleau dans sa vie : « Être ici, avec ce groupe, c’est vraiment incroyable », souffle-t-il, les yeux remplis d’étoile.
Bleau s’ouvre devant nous : soleil d’automne et légendes en guise de guides
À peine les sacs posés qu’un éclat de mouvement attire les regards : pieds nus, Brooke Raboutou vient déjà d’enchaîner un premier bloc. Elle donne le ton : aujourd’hui, pas de compétition, pas de tensions… juste de la grimpe, de la joie et du partage.

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Et Climbing District n’a pas fait les choses à moitié : pour guider la troupe, deux figures de la forêt, Jacky Godoffe et Christophe Laumône, véritables pionniers de Bleau. Les deux hommes racontent, montrent, orientent et prodiguent des conseils aux jeunes grimpeurs. La forêt devient un livre ouvert, une histoire vivante.
Très vite, un attroupement se forme au pied de « La Tour Infernale », highball aussi esthétique qu’engageant. Sam Richard, l’un des prétendant sérieux à la victoire samedi, y grimpe avec un calme déconcertant, à neuf mètres du sol. « Il m’a mis des sueurs froides celui-là… », plaisante Alban Levier en s’éloignant. L’Italien Michael Piccolruaz, qui rentre tout juste de Majorque avec « Es Pontas » en poche, enchaîne à son tour. Puis arrivent Maïlys Piazzalunga et ses colocataires américaines, Brooke Raboutou et Chloé Coscoy, qui choisissent une variante à droite, légèrement plus facile mais tout aussi gazante.

© Matthias Paré | Planetgrimpe
Entre deux pads qui se déplacent, nous prenons le temps d’échanger longuement avec Jacky Godoffe sur sa vision de l’évolution de l’escalade moderne. Un moment passionnant… dont vous découvrirez bientôt l’entretien complet sur Planetgrimpe.
La bonne humeur est contagieuse. Le vent chaud venu du Sahara rend la collante capricieuse, mais personne ne semble s’en soucier. Les performances ne sont pas le but… ou presque.
“Tigre et Dragon”, l’un des joyaux de Bleau
Car amenez une ribambelle de compétiteurs internationaux sur l’un des plus beaux 8A+ de la forêt, et vous obtiendrez forcément un peu d’émulation.
Sous un soleil d’automne qui fait briller l’arête comme un phare, « Tigre et Dragon » attire tout le monde. Sam Richard ouvre les hostilités en se lançant dans le bloc, suivi par les Japonais. Meichi Narasaki avale le bloc avec une aisance déconcertante. Sohta Amagasa, encouragé par Manu Cornu (avec qui il grimpera en binôme samedi lors de la compétition) réussit à son tour.

© Matthias Paré | Planetgrimpe
Zélia Avezou fait une apparition remarquée : elle connaît le bloc et propose une méthode aussi esthétique que musclée, qui laisse tout le monde sans voix… il ne lui manque que le début, encore récalcitrant.
Plus loin, du côté de « Mégalithe », l’ambiance reste la même : des rires, des pads qui se déplacent sans cesse, et les conseils murmurés par Jacky Godoffe qui, à lui seul, incarne tout un pan de l’histoire de Bleau.
Pendant ce temps, Clément Lechaptois retrouve ses marques avec le rocher bellifontain dans un bloc tout en sensation : « Faux Fuyant », un 7B+ typique de la forêt. S’il a l’habitude de grimper dehors, cela fait quelque temps qu’il n’a pas posé ses doigts ici. Bientôt rejoint par Meichi Narasaki, celui-ci répète le bloc à son tour et lâche, hilare, qu’il l’a trouvé « plus dur que « Tigre et Dragon » », moins à l’aise dans ce style typique de Bleau.

© Matthias Paré | Planetgrimpe
Une forêt qui refuse de nous laisser partir
À 16h30, l’humidité commence à s’installer. La lumière décline entre les blocs et l’heure du retour approche… du moins sur le papier. Car personne ne veut quitter cette bulle. Sur les visages, la même expression : celle qu’on retrouve chez les enfants dans un magasin de bonbons à qui l’on annonce qu’il faut rentrer…

© Matthias Paré | Planetgrimpe
Brooke Raboutou profite des derniers instants pour grimper dans « Supplément d’Armes », accompagnée de Maïlys et Chloé. Plus loin, des cris de joie éclatent : trois grimpeurs viennent d’enchainer coup sur coup « Tigre et Dragon », dont le Roumain Darius Rapa, qui s’est lui aussi récemment offert « Es Pontas ». « Quel pur bloc ! », déclare-t-il, le visage radieux… Une façon parfaite d’achever cette journée déjà mémorable.
Retour vers Bastille
Dans le bus du retour, la lumière est tamisée, les visages fatigués mais radieux. Les conversations vont bon train : anecdotes, méthodes de bloc, récit de compétition et fous rires.
Il est 19h15 lorsque nous arrivons à Climbing District Bastille. La journée s’achève. Demain, repos pour tout le monde. Samedi, place au TBA, à ses 130 équipes inscrites, à une journée marathon… et à une grande finale qui promet d’être électrique.
Mais avant tout cela, il y aura eu cette journée incroyable. Un moment suspendu, offert par Climbing District. Une manière unique d’entrer dans le week-end du TBA : ensemble, heureux, et inspirés par la forêt. Car c’est aussi l’esprit de l’événement !
Le Team Boulder Arena, c’est quoi ?
Une compétition internationale de bloc organisée par Climbing District où pros et amateurs s’affrontent en binômes.
Qualifications
Le TBA commence par un circuit de 20 blocs en élimination directe.
➝ Les binômes, pros ou amateurs, doivent grimper bloc après bloc, jusqu’à la limite.
Finales
Les cinq meilleures équipes hommes et femmes accèdent à la grande finale !
➝ Quatre blocs de finale, un public en feu et une tension électrique.
➝ 600 spectateurs et une diffusion en direct sur Youtube, Twitch et France.TV
Le programme
Samedi 15 novembre
7h30 – 17h00 : Qualifications
Recovery zone (kiné, massages, cryo), Ateliers upcycling et test matos, séances de dédicaces, shop et rencontres avec les athlètes
19h15 – 22h15 : Finales femmes & hommes
23h00 – 2h00 : After party au Wanted, juste en face de la salle, avec les compétiteurs !
Dimanche 16 novembre
9h00 – 13h00 : Masterclass et brunch avec les athlètes pros
Séances sur les blocs de qualifs et de finales
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