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Barbara Zangerl raconte son ascension historique de « Freerider » sur El Cap

© Miya Tsudome

Le 12 novembre 2024, Barbara Zangerl marquait l’Histoire en devenant la première personne à flasher la mythique grande voie « Freerider » (7c+, 30 longueurs, 1100 mètres) sur El Cap. Nous avons eu la chance de nous entretenir avec elle pour qu’elle partage les coulisses de cet exploit monumental.

L’exploit semblait irréel, et pourtant, Barbara Zangerl l’a accompli : devenir la première personne à flasher « Freerider », une grande voie mythique sur El Cap. Sur cette paroi légendaire du Yosemite, haute de 1100 mètres et composée de 30 longueurs, l’Autrichienne a repoussé les limites de l’escalade en réussissant cette prouesse unique.

Après avoir attiré l’attention du monde entier grâce à ses exploits variés en bloc, voie, et trad, Barbara a inscrit le 12 novembre une nouvelle page dans l’Histoire de l’escalade. Mais derrière cet exploit se cachent des mois de préparation, un mental d’acier, et une complicité sans faille avec son partenaire de cordée, Jacopo Larcher.

Nous avons eu la chance de recueillir son témoignage détaillé, où elle revient sur les défis de cette ascension historique.


Un mélange de chance et de préparation

« La première chose à dire, c’est que j’ai eu énormément de chance ! Il n’y avait presque personne dans la voie, la météo, bien que menaçante, a tenu bon, et les conditions étaient finalement excellentes. À mesure que nous progressions, toutes les étoiles semblaient s’aligner », commence Barbara.

Cependant, tout n’a pas été simple pour Jacopo Larcher, qui s’est approché de très près du flash de la voie, en vain :

« Jacopo a essayé de passer le Boulder Problem (le crux) avant moi, mais il n’a pas vu une prise en inversé et est tombé sur le célèbre mouvement du “karate kick”. Il a ensuite réussi la longueur au deuxième essai et n’est plus tombé après cela. Grâce à lui, j’ai eu des informations précieuses sur ce crux, et j’ai réussi à passer les mouvements… même si je ne sais toujours pas exactement comment j’ai fait pour ne pas tomber ! », raconte-t-elle, encore surprise de son exploit.

© Miya Tsudome

Leur projet de flasher « Freerider » n’était pas une idée de longue date. Ce projet s’est imposé naturellement, presque par hasard :

« Nous n’avions jamais vraiment envisagé de flasher « Freerider ». C’est après avoir gravi d’autres voies comme “The Nose” en 2019 ou “El Corazon” l’année dernière que l’idée a germé. Mais honnêtement, cela semblait irréaliste. Cette saison, nous voulions simplement voir jusqu’où nous pouvions aller. Peut-être que nous ne ferions pas grand-chose… et finalement, tout s’est aligné », explique Barbara.

Le Monster Offwidth : l’épreuve redoutée

Parmi les sections les plus terrifiantes de « Freerider », le Monster Offwidth est une fissure de 60 mètres qui met les grimpeurs à rude épreuve. Conscients de cet obstacle, Babsi et Jacopo ont suivi un entraînement spécifique :

« Après avoir gravi “Magic Line” lors de ce trip, nous avons réalisé qu’il nous fallait absolument nous préparer aux fissures. Nous avons passé quatre jours à grimper des fissures comme “Generator Crack” et “Twilight Zone” pour nous habituer à ce style si particulier », explique l’Autrichienne.

Mais malgré cette préparation, la réalité de cette longueur est restée brutale :

« Après 40 mètres dans le Monster, j’ai commencé à avoir des crampes et à manquer de souffle. J’ai cru que j’allais tomber, mais je me suis souvenue du conseil qu’Alex Honnold nous avait donné par hasard quelques jours avant : s’incliner pour coincer solidement la jambe gauche et pouvoir se reposer. Merci Alex ! »

Une ascension de quatre jours

L’ascension a duré quatre jours, entrecoupés de bivouacs sur la paroi. Barbara revient sur ce rythme exigeant :

« Le premier jour, nous avons grimpé jusqu’à la longueur sous le “Hollow Flake” pour notre premier bivouac. Le deuxième jour, nous avons franchi le Monster Offwidth jusqu’à “El Cap Spire”. Le troisième jour, après avoir gravi d’autres longueurs, nous avons dormi près du “Round Table”. Enfin, le quatrième jour, nous avons terminé les dernières longueurs jusqu’au sommet ».

© Miya Tsudome

Malgré une progression encourageante, Barbara a ressenti une grande pression après avoir passé le Boulder Problem :

« Après ce passage clé, j’étais nerveuse. On pourrait penser que tout est fini à ce stade, mais en réalité, il restait encore des sections très difficiles comme l’Enduro Corner, qui m’a énormément épuisée ».

Un exploit collectif !

Si Babsi est aujourd’hui sous les projecteurs, elle tient à souligner l’importance du travail d’équipe dans cet exploit :

« Comme pour toutes les ascensions que j’ai réalisées avec Jacopo, c’est une réussite partagée. Rien n’aurait été possible sans lui, et je lui suis infiniment reconnaissante ».

© Miya Tsudome

Elle conclut en soulignant le défi mental colossal que cette ascension représentait :

« Flasher une grande voie, c’est unique : on n’a qu’une seule chance, et sur 1000 mètres, cela rend les choses encore plus brutales ».

Avec ce flash historique de « Freerider », Barbara Zangerl continue de marquer l’Histoire de l’escalade. Pour elle, ce flash restera comme un défi mental inégalé et un moment unique dans sa carrière de grimpeuse.


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Publié le : 29 novembre 2024 par Nicolas Mattuzzi

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