Arsène Duval entre à son tour dans le monde du 9ème degré!
Décidément, cette année 2020 aura été une année « falaise ». L’annulation des compétitions nationales et internationales aura permis à de nombreux grimpeurs de profiter de ce temps pour s’évader en falaise, et les croix pleuvent depuis quelques mois pour tous les jeunes mutants plutôt habitués aux podiums internationaux.
Arsène Duval ne fait pas l’exception, et après une longue période de convalescence suite à une blessure, il est de retour sur le devant de la scène …… en falaise!
Direction Entraygues dans les Hautes Alpes où il clippe le relais de « Condé de Choc », 9a. Première coche dans le 9ème degré pour Arsène, qui, peut-être, en amènera d’autres…
Voici son commentaire:
Trop content d’enchaîner cette belle voie, à la base j’étais venu à Entraygues pour 2 jours et ensuite je devais filer surfer avec les copains… Mais, la voie, l’ambiance et les 9 heures de routes m’ont donné envie de rester pour enchaîner cette voie! Chose que j’ai faite hier matin au tout début de l’orage avec une ambiance tellement spéciale, plein d’énergie dans l’atmosphère, le tonnerre qui grondait et la pluie qui touchait la falaise, je me suis alors dit que c’était ma seule chance d’enchaîner donc j’y suis allé à fond et puis c’est passé! Petit clin d’œil à Ilaria Scolaris qui m’a assuré, supporté et qui a enchaîné son 8b.
Pour parler un peu de l’enchaînement, j’ai mis 5 séances de travail avec deux à trois essais par séances, la première partie de la voie, côtée 8c+, c’est un beau bloc pas facile avec un jeté trop classe à la fin de la section (enfin ça dépend de la méthode… hein Hugo Parmentier?), cela m’a pris 4/5 runs pour avoir la méthode parfaite sur le bas.
La suite de la voie est composée de mouvements pas très durs pour arriver à un bon repos pour enfin repartir sur 4 mouvements de mise en place assez intenses pour passer le crux Final.
J’ai eu pas mal de problèmes avec la partie du haut car c’est un grand mouvement où tu arrives sur une prise main droite à bout de bras et dans le même temps tu dois garder le talon droit, chose que j’ai tout de suite réussi mais que je n’arrivais pas à enchaîner en partant du repos au milieu de voie. J’ai donc pris un peu de temps (trop à mon goût) pour chercher d’autres méthodes et essayer le mouv’ jusqu’à ce que je me dise: « en fait même si je perds le talon c’est pas grave je perds les pieds, je m’énerve, et ça passe no foot! »
Finalement lors de l’enchaînement j’ai réussi à garder le talon assez facilement et à passer la section de fin.
Arrivé au dernier point avant le relais, le bac dans les mains j’étais tellement plein d’euphorie que j’ai secoué les bras 30 secondes afin de faire redescendre le palpitant et être sûr de clipper la chaîne. Finalement je clippe la chaîne et je pousse bien évidemment un grand cri!C’est une belle aventure, un bon retour dans le haut-niveau après 10 longs mois d’arrêt.
Maintenant place aux championnats d’Italie de difficulté mi-septembre et à l’entraînement pour la saison de compètes prochaine qui je l’espère aura lieu!
Petit retour en arrière pour vous parler de l’année (compliquée) qui a précédé l’enchaînement
L’année dernière, fin août, j’étais à Arco pour voir mon frère et l’équipe jeune démonter le championnat du monde jeune et bien évidemment pour profiter des falaises autour d’Arco. J’avais en tête de faire « underground » une belle ligne atypique dans un grand toit du secteur de Massone. J’ai tout de suite fait tous le mouvements et liés les sections mais il me manquait le gros crux du milieu qui me donnait du fil à retordre…
La méthode originale est de passer avec un genoux, mais je n’arrivais pas à le caler. J’ai donc trouvé une nouvelle méthode vraiment stylée qui nécessite un pas de “coordination” en no foot sur une prise main gauche bien plate… à force d’essayer j’ai fini par y arriver, mais à ce moment là j’ai senti une petite douleur dans le bras… au début je pensais que ce n’était qu’une banale contracture car j’avais trop forcé, mais, après 4/5 jours je me suis un peu plus inquiété… finalement je me retrouve à ne plus pouvoir faire une traction sans douleur et la douleur augmentait de séances en séances.
De retour à Voiron, le médecin me met en arrêt pour 3 semaines, mais après tout ce temps, impossible de faire une traction à cause de la douleur. Finalement après un diagnostic difficile à établir, 2 mois sans vraiment savoir ce que j’avais, j’ai enfin une explication. J’ai un œdème dans l’os au niveau de l’insertion du tendon! Pas banal… Après des dizaines de séances de Kiné, d’acupuncture, rien ne fonctionne la douleur reste la même. Au mois de février (oui c’était long), je me dirige donc vers un centre spécialisé à Montpellier où je me fait administrer un PRP (Plasma Riche en Plaquette), c’est une méthode qui consiste à injecter ses propres plaquettes afin d’essayer de relancer la cicatrisation et le processus anti-inflammatoire.
Côté entraînement, j’ai beaucoup travaillé avec mon préparateur physique, Mathieu Carpentier, sur les jambes, la proprioception et le gainage. En parallèle, je grimpais sans les mains dans de la dalle, et je faisais du cardio. Tout cela a duré en gros jusqu’au confinement entrecoupé de pauses afin de garder la motivation et de ne pas tomber dans une routine démotivante.
À la suite de ça arrive malheureusement le confinement. Plus de compétitions, plus rien, d’un point de vue purement entraînement, c’est pas plus mal, ça me laisse le temps de reprendre et de me remettre en route… pendant ce confinement, avec mon frère Alistair et l’aide de notre beau père, on s’est construit un pan d’entraînement. Au bout d’un mois de confinement à tourner en rond, je décide d’essayer de regrimper, trop chouette ça va un peu mieux, et la douleur n’est plus du tout la même. Petit à petit je reprends (pas facile dans le pan à 45 degrés) et les sensations reviennent. Pendant deux mois, je grimpe tout doucement, mes séances sont espacées de 3 jours à cause de la douleur, mais je garde espoir et dans ma tête je voulais vraiment grimper et soigner ce bras.
Et là, je crois que c’était le 29 juin, j’apprends que le le 29 juillet aura lieu un sélectif pour la coupe du monde de Briançon. Avec Corinne, ma coach au pôle, on se dit qu’on essaye, alors dès le lundi, retour au Pôle, et première double séance depuis la blessure, le soir j’ai un peu mal et j’ai peur, mais le lendemain après de l’argile et une bonne nuit de sommeil, plus rien! Donc on continue comme ça pendant une semaine à Voiron et ça se passe bien, j’ai des courbatures partout et je n’ai plus de peau. La deuxième semaine, on décide de partir à Innsbruck avec un groupe de morts de faim ( Ilaria Scolaris (ITA), Alistair Duval, Nina Arthaud, Ina Plassoux, Mejdi Shalck et Nico Collin(BEL)) pour s’entraîner à fond dans cette salle de dingue! 2 semaines a se peter les bras, et à retrouver un maximum de sensations dans les voies.
Enfin de retour au pôle 1 semaine avant le sélectif, je récupère au mieux de mon entraînement, fais mes dernières petites séances et je pars pour le sélectif. J’arrive sur le sélectif sans trop d’attentes, mais j’avais envie de bien faire. Je passe en finale de justesse et je ne me qualifie pas à une place près. Pas grave! Il y a un mois je ne savais pas si j’aurais retrouver un niveau à peu près décent et même si je pouvais participer à cette compétition. Ce n’est que le début de l’aventure et cette expérience en compétition après un an sans en faire booste encore plus ma motivation! Du coup à peine rentré, de retour à l’entraînement jusqu’à la dernière semaine d’août. Passage par Briançon pour encourager mon frère, ma copine et mes amis, les voir se donner à fond et voir le concert de Robin… Finalement après la compétition avec Ilaria on décide d’aller à Entraygues, et vous connaissez maintenant la suite!