« Arrival of the Birds » 9A bloc pour Aidan Roberts !
« Un solide 9A ». C’est finalement la cotation qu’Aidan Roberts a décidé d’annoncer à propos du dernier projet qu’il a libéré à Chironico en Suisse. Le grimpeur britannique nous raconte l’histoire autour de ce bloc, qu’il a baptisé « Arrival of the Birds ».
Souvenez-vous… En avril, Aidan Roberts brisait le silence et annonçait avoir libéré deux gros projets qu’il travaillait depuis plusieurs années : « Spots of Time », dans le Lake District au Royaume-Uni et « The Midnight Project », à Chironico en Suisse. Mais au moment de son annonce, le grimpeur britannique restait timide quant à la cotation de ces deux blocs. Pourtant, il était indéniable que ces deux lignes figuraient parmi les plus dures de la planète.
Il aura fallu plusieurs semaines de réflexion à Aidan pour finalement attribuer l’emblématique cotation de 9A à « Spots of Time », faisant de ce passage le septième au monde dans ce niveau. Mais le mystère restait entier autour de la seconde ligne de Roberts, connu sous le nom de « The Midnight Project ». Le Britannique s’était simplement contenté de le décrire comme « plus difficile qu’Alphane ».
Après quelques nuits de réflexion supplémentaires, Aidan vient finalement de baptiser officiellement ce bloc et de lui attribuer une cotation : ce sera « un solide 9A » pour celui qu’il a décidé de nommer « Arrival of the Birds ». Aidan a mis ses premiers essais dans ce projet après que le Suisse Giuliano Cameroni lui ait montré sa nouvelle trouvaille. La ligne a immédiatement plu à Roberts, qui l’a travaillée pendant les deux années suivantes. En mars, après des centaines et des centaines d’essais, il a remporté la première ascension, réalisée en outre avec un départ plus bas que la version originale, ce qui la rend encore plus extrême.
Grâce à cette performance, Aidan Roberts compte maintenant trois blocs dans le neuvième degré à son actif (« Alphane », « Spots of Time » et « Arrival of the Birds »), rejoignant ainsi William Bosi et Simon Lorenzi à la première place du classement.
Sur ces réseaux sociaux, le Britannique a dévoilé en détails son processus de travail dans ce bloc et toute la réflexion qu’il a menée autour de sa cotation. Voici l’histoire d’Aidan Roberts et de « Arrival of the Birds ».
Quand patience rime avec persévérance
« Il y a deux ans, lors de mes premiers jours dans le Tessin, Giuliano Cameroni m’a gentiment montré cette ligne. J’ai tout de suite été inspiré par son style pur et très à-doigts, ainsi que par sa série de préhensions assez unique en son genre. Immédiatement, j’ai fait une première session dans le bloc, et j’ai tout de suite compris qu’il allait falloir que je m’arme de patience…
En fait, j’ai beaucoup appris en travaillant cette ligne. J’ai l’impression d’avoir développé un certain respect pour les facteurs indéniables qui échappent à notre contrôle lorsque nous grimpons en extérieur : les conditions météo, l’était de notre peau ou encore le repos nécessaire pour se remettre d’une blessure ».
Des moments de doute…
« Après une longue saison passée à travailler ce bloc au printemps 2023, j’ai réalisé à quel point j’avais abusé de ma motivation à essayer l’essayer en vain. J’avais l’impression de manquer d’un but concret, j’étais perdu, ma motivation était confuse et je ressentais une grande fatigue.
Le dernier jour de mon trip, une chute de l’arête (qui s’est avérée précieuse a posteriori), m’a empêché de repartir du point de départ le plus élevé, une position un peu arbitraire de laquelle je partais à l’époque, qui semblait ambitieuse mais réalisable ».
Le chant des oiseaux
« Ayant ravivé ma motivation au cours de l’hiver, j’ai décidé d’essayer de partir de plus bas. Ce nouveau départ me semblait futuriste, mais j’avais envie de faire cette version encore plus dure que celle que j’essayais la saison passée.
Et la journée parfaite est arrivée, un jour de printemps, alors que le soleil éclairait toute la vallée par une après-midi magique. Dans ma recherche de la perfection en escalade, j’avais trouvé dans les projets précédents une fluidité qui me donnait de l’aisance, mais qui s’accompagnait toujours d’erreurs d’exécution, petites mais perceptibles. Suffisamment pour que je me demande si je n’avais pas atteint mes limites dans ces moments-là.
Mais cette journée du mois de mars était unique. Lors d’une tentative particulière, mon esprit était relâché et après un combat très éprouvant, je me tenais au-dessus de la vallée alors que le crépuscule tombait. Le chant des oiseaux résonnait partout ».
Le style de prédilection d’Aidan Roberts
« Au cours des dernières années, je me suis spécialisé dans un style de grimpe en particulier : je préfère les petites prises et les mouvements statiques, j’aime me déplacer de manière lente et contrôlée et j’adore apporter de la précision dans mes gestes. Ce bloc ne pouvait pas mieux refléter ce style !.
« Le rocher lisse et vitreux rend la plupart des aspérités inutilisables, de sorte que seules les préhensions peuvent être utilisées. Les prises de pied exigent une grande tension du corps et les minuscules prises de main demandent beaucoup de puissance dans les doigts.
J’ai trouvé passionnant de me perfectionner dans ce style d’escalade et d’en travailler toutes les composantes au cours des deux dernières années. En me concentrant sur ce style, mes entraînements étaient plutôt satisfaisants : les progrès étaient graduels mais perceptibles et constants. La motivation a rarement faibli et j’ai pu m’entraîner avec un niveau d’engagement et d’assiduité que je n’avais jamais connu auparavant ».
L’épineuse question de la cotation
« Au cours des derniers mois qui ont suivi l’ascension, j’ai lentement commencé à réaliser à quel point ce processus était épuisant, à la fois physiquement et mentalement. Mais cela en valait la peine. Je suis convaincu qu’il s’agit du processus le plus exigeant que je n’ai jamais suivi pour réaliser une ascension.
Attribuer une cotation à ce bloc a été assez difficile. Je suis conscient que ce bloc colle parfaitement à mon style et je pense qu’il peut valoir un solide 9A. Les cotations, dans toutes leurs incohérences, semblent devoir se référer aux caractéristiques d’un bloc et non au grimpeur, j’espère donc que les futurs ascensionnistes contribueront à offrir leurs opinions honnêtes ».