Après Pigalle et Chevaleret, Vertical’Art Lyon ferme à son tour ses portes

L’année dernière, c’était un véritable coup de tonnerre dans le milieu des salles d’escalade. Alors que le marché semble en plein boum, le réseau de salles Vertical’Art annonçait la fermeture de ses 2 salles parisiennes: Chevaleret et Pigalle. Si pour la salle de Pigalle, aucun repreneur ne s’était manifesté, pour Chevaleret, le groupe Arkose avait alors fait le pari de reprendre cette salle, avec une bonne situation géographique (13ème arrondissement) pour compléter le maillage des salles Arkose d’ores et déjà implantées dans la capitale.
Aujourd’hui, c’est au tour de la salle de Vertical’Art Lyon de fermer définitivement ses portes. 3 salles du groupe qui ferment en moins d’un an, cela n’a pas de quoi rassurer le marché. Si on ajoute à cela les différentes grèves qui ont eu lieu chez Climb’Up ou Climbing District, on sent que la conjoncture actuelle est difficile économiquement parlant, même pour les grands groupes.
Des charges de fonctionnement de plus en plus lourdes
Vu de l’extérieur, on pourrait facilement penser que l’ouverture d’une salle est très rentable, et ce, très rapidement. Ce n’est hélas pas le cas, ou en tout cas, ce n’est plus le cas. En effet, si le développement des salles avant le Covid pouvait s’avérer économiquement viable, tout est plus compliqué aujourd’hui, avec notamment des charges qui ont explosé depuis quelques années.
Pour vous donner un exemple, une salle de province de 1500 m2 au sol, qui n’abuse pas sur le chauffage l’hiver, doit se délester en moyenne de 6000 à 8000 € par mois en électricité. On vous laisse imaginer les immenses complexes comme Climb Up Aubervilliers. Et on ne vous parle pas du prix des prises et volumes, des sociétés de ménages, des tarifs locatifs des locaux, de la masse salariale indexée sur l’inflation, et tout plein d’autres pôles où les charges se sont envolées.
Pour y faire face, 2 solutions: tenter de diminuer certaines charges ou à l’inverse tenter d’augmenter les recettes. Comme vous l’imaginez, diminuer les charges n’est pas chose aisée et peut vite devenir contreproductif. Par exemple, imaginer un renouvellement des prises moins régulier rendra la salle rapidement vétuste, tout comme imaginer faire des économies sur le ménage.

Des tarifs en hausse, mais une fréquentation en baisse
Toutes les salles ont déjà actionné le levier de l’augmentation des tarifs : aujourd’hui, l’entrée moyenne tourne autour de 16 € en province, 18 € en région parisienne — hors location de chaussons. Il y a 10 ans, une entrée en salle d’escalade était plutôt fixée aux alentours de 12-13 euros.
Au delà d’augmenter le tarif des entrées, l’autre levier pour faire bondir les recettes est d’augmenter le nombre de clients : mais dans un contexte économique compliqué et avec une concurrence féroce, difficile de se démarquer pour attirer plus de monde que son voisin.
Un secteur du loisir globalement en difficulté
En discutant avec de nombreux acteurs du secteur, on se rend compte que le marché du loisir dans sa globalité (restauration, cinémas, activités sportives, …) est en berne. L’explication est assez simple, l’inflation est passée par là, et les dépenses des ménages dans les loisirs sont devenues plus rares car non essentielles. La milieu de la restauration est particulièrement touché avec de nombreux restaurants qui ferment chaque jour en France. La baisse de fréquentation couplée à l’inflation et les remboursements des prêts garantis par l’État durant le COVID mettent de nombreuses entreprises du secteur en difficulté.
Si on pouvait penser que les salles d’escalade ne seraient que peu impactées, la réalité semble toute autre, et la fermeture de 3 salles du groupe Vertical’Art en moins d’un an ne nous rassure guère sur l’avenir. Les salles vont devoir redoubler d’efforts pour attirer toujours plus de clients, en proposant toujours plus de services, et ce sans rogner sur la qualité.
Une fermeture soudaine à Lyon
Concernant Vertical’Art Lyon, nous avons contacté les dirigeants et vous tiendrons informés des tenants et aboutissants de cette fermeture assez brutale, laissant notamment les salariés sans voix (selon différentes sources, ils auraient appris la fermeture de la salle seulement hier, soit le dernier jour d’ouverture de la salle …).
Plus d’infos à venir.