Agathe Calliet : « Je suis fière, même si ça ne s’est pas passé comme je l’imaginais »

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Fraîchement décorée de sa première médaille en Coupe du Monde, Agathe Calliet revient sur sa performance à Prague. Dans cet entretien, elle partage avec sincérité sa fierté, ses doutes, et ses aspirations pour la suite de la saison.
À 21 ans, Agathe Calliet a décroché sa toute première médaille en Coupe du Monde lors de l’étape de Prague, le week-end dernier. Une performance marquante, mais entachée d’un goût d’inachevé pour la jeune Française, qui n’a pas pu disputer la finale en raison de conditions météo défavorables.
C’est un vrai honneur de faire partie de l’équipe de France.
Agathe Calliet
Issue d’une génération montante, Agathe Calliet incarne cette relève française qui impressionne sur le circuit international. Intégrer une équipe nationale aussi dense et historique que celle des Bleus peut pourtant susciter son lot de doutes, comme en témoigne Agathe : « C’est un vrai honneur de faire partie de l’équipe de France. Il y a tellement de talent, de passion et d’histoire dans ce groupe. Parfois, avant, je me sentais même pas assez forte pour en faire partie – alors être là aujourd’hui rend tout ça encore plus significatif. »

Mais au sein du collectif tricolore, la dynamique est aussi source de force : « On se pousse mutuellement, on se soutient, et on partage le même amour pour l’escalade. »
À Prague, même si quelques membres de l’équipe manquaient à l’appel, Agathe a ressenti cette cohésion qui lui tient à cœur : « Ce week-end était un peu différent… Certains coéquipiers étaient absents, et quelques nouveaux grimpaient pour la première fois cette année. Mais l’énergie était plus que bonne ! C’est toujours spécial de vivre tout ça ensemble. »
Et les bons résultats n’ont fait qu’amplifier cette atmosphère : « Chacun apporte quelque chose de précieux au groupe. Voir autant de médailles ce week-end, c’était incroyable, surtout celle de Sam – c’est comme un petit frère pour moi, on a grandi ensemble », explique-t-elle à propos de Samuel Richard, avec qui elle évolue depuis toute petite au sein du club Mineral Spirit de Valence.

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Une médaille historique, mais une émotion mitigée
À l’issue des demi-finales de Prague, les conditions météorologiques ont contraint l’organisation à annuler la finale féminine. Agathe, alors deuxième du classement, a donc reçu sa médaille d’argent sans avoir pu se battre en finale. De quoi nuancer la joie de cette première consécration.
Cette médaille, c’est une belle récompense, mais ça ne change pas tout – je reste moi-même !
Agathe Calliet

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« Ça fait vraiment plaisir ! Même si les circonstances étaient étranges, ça reste une médaille, et j’essaie de ne pas trop me dévaloriser. Des situations liées à la météo sont déjà arrivées, et ça arrivera encore probablement. »
Ce podium a une saveur particulière pour Agathe : « Je n’ai pas gagné beaucoup de médailles dans ma vie, et j’ai souvent raté le podium dans des compétitions importantes en jeunes, alors ça fait du bien, en tant qu’athlète, de recevoir un peu de reconnaissance. Cette médaille, c’est une belle récompense, mais ça ne change pas tout – je reste moi-même ! »
Mais elle ne cache pas une pointe de frustration : « Je suis quand même fière, même si ça ne s’est pas passé exactement comme je l’avais imaginé. »
Avec beaucoup de franchise, Agathe partage son ressenti sur ce podium un peu particulier : « Honnêtement, c’est un sentiment mitigé. Je suis reconnaissante pour la médaille, bien sûr, mais j’aurais aimé plus que tout grimper cette finale. Ça aurait semblé plus juste – comme si je l’avais vraiment méritée. »

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Elle poursuit : « Même en finissant huitième, une finale de Coupe du Monde, c’est un moment inoubliable. C’est quelque chose qu’on se rappelle toute sa vie. Et c’est bien pour l’expérience. Ne pas pouvoir le faire, c’était frustrant. Mais j’essaie de respecter la situation, les décisions, et d’accepter que ce n’était pas entre mes mains. »
Objectif à Berne : grimper relâchée
La suite de la saison s’annonce intense, notamment l’étape de Berne dans quelques jours, que la Française attend avec impatience : « Même si c’est la première fois que je fais toute la saison – et que je suis un peu fatiguée – j’attends quand même Berne avec impatience. C’est une nouvelle chance de m’exprimer, de progresser, et d’apprendre ! »
Pas question pour autant de se mettre une pression inutile maintenant qu’elle est médaillée : « Je ne veux pas me fixer des attentes trop élevées. J’essaie juste de prendre chaque compétition étape par étape, de rester en forme, concentrée, et de prendre du plaisir. C’est là que je grimpe le mieux, quand je suis détendue. »

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Et Berne n’est pas une destination anodine pour elle… Même si Agathe n’était pas présente lors des Championnats du Monde organisés dans la capitale suisse en 2023, elle garde de bons souvenirs de cette ville : « En fait, Berne – plus précisément Ostermundigen – c’est là où j’ai fait ma première compétition internationale, la Coupe d’Europe jeunes de difficulté en 2019. Ce n’est pas très loin de chez moi, donc je connais un peu la ville. Et je sais aussi qu’elle est un peu chère », plaisante-t-elle.
Les grimpeurs ont salué l’ambiance des compétitions cette saison — notamment à Curitiba et à Prague — alors à Berne, on espère revivre la même ferveur : « On va voir comment est le public suisse. Mes amis viendront probablement aussi, comme à Villars pour les Championnats d’Europe, donc je suis très excitée. Ça va être un super spectacle. Je suis tellement contente d’être de retour sur le continent après un long voyage au Brésil et aux États-Unis. »
Malgré les doutes, malgré l’amertume, Agathe Calliet a bel et bien inscrit son nom au palmarès des Coupes du Monde. Une récompense méritée, obtenue dans les conditions du jour, comme souvent dans le sport de haut niveau. Et si elle doute encore de sa légitimité sur le podium, il ne fait aucun doute pour nous qu’elle y a toute sa place !
Bravo Agathe !