Suite à la publication le 22 juillet 2025 d’un article chez nos confrères de Mediapart, pointant sur les conditions de travail chez Climb Up (acteur majeur des salles d’escalade en France), plusieurs voix du secteur s’interrogent sur certains raccourcis empruntés. Sans remettre en cause les difficultés rencontrées localement, de nombreux acteurs du milieu estiment que l’article manque de nuance, et surtout de recul. Oui, certaines situations décrites sont préoccupantes, mais la réalité est plus complexe qu’on voudrait nous le faire croire. Les problèmes rencontrés dans certaines salles Climb Up ne reflètent pas l’ensemble du réseau, et encore moins le secteur dans son intégralité, contrairement à ce que pourrait laisser sous-entendre l’article.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous souhaitons être transparents sur nos intentions. Il ne s’agit pas ici d’écrire un article pro ou anti Climb Up (d’ailleurs, nous n’avons pas contacté la direction de Climb Up pour écrire cet article, ils le découvriront en même temps que vous). Il ne s’agit pas non plus de passer sous silence les difficultés rencontrées avec le management de Climb Up Aubervilliers (nous avions d’ailleurs relayé l’appel à la grève de la CGT dans cette salle). Notre but est de rétablir certains faits, de replacer les débats dans leur contexte, et d’apporter la vision d’un média spécialisé qui connaît les réalités du terrain.
La communauté de l’escalade dans son ensemble nous semble être mise à mal ici, et ce, sans aucun avis contradictoire. Il est important pour nous, en tant que média spécialisé, d’apporter notre pierre à l’édifice sans rentrer dans une caricature du milieu. D’autant plus que certains membres de notre rédaction ont travaillé ou travaillent encore dans des salles d’escalade. Nous sommes donc aux premières loges !
Pour rédiger cet article, nous avons contacté des ouvreurs, des moniteurs, des dirigeants et des hôtes d’accueil de différentes salles (grands groupes et salles indépendantes) afin de recueillir leurs témoignages. Bien que nous ne vivions pas dans le monde des bisounours, et que les salles de grimpe restent bel et bien un business comme un autre, tous les témoignages recueillis montrent une réalité beaucoup plus nuancée que celle décrite par Mediapart… et heureusement !

© Vertical’Art
Un secteur jeune, en structuration rapide
Vous n’êtes pas sans savoir que le secteur des salles d’escalade est en plein boom. Entre 250 et 300 salles d’escalade privées sont en activité aujourd’hui, avec environ 20 nouvelles ouvertures chaque année (chiffre qui tend à baisser dernièrement). De quoi faire un maillage intéressant à l’échelle du territoire pour que tout le monde puisse avoir accès rapidement à une salle d’escalade (même s’il y a encore quelques manques dans certaines régions). À l’international, le constat est le même: la progression fulgurante des salles d’escalade est en marche, avec, selon plusieurs sources, plus de 100 salles qui ouvriraient chaque année.
Climb Up, avec 33 salles en France, représente aujourd’hui l’un des grands acteurs du développement de l’escalade indoor. Une croissance soutenue notamment par l’entrée au capital du fonds Calcium Capital en 2019, qui injectait alors près de 14 millions d’euros, tout en restant minoritaire au sein de l’entreprise (et c’est important de le souligner). Dès lors, la volonté affichée par Climb Up est de rendre la pratique accessible à toutes et tous, et ce sur tout le territoire. Alors oui, cette volonté n’est pas purement philanthropique, comme nous l’avons déjà mentionné, les salles d’escalade restent un business !
Cette expansion, certes rapide, s’inscrit dans une dynamique comparable à celle de nombreux autres sports de loisirs en forte progression, comme le fitness ou le padel. Doit-on reprocher à un groupe de vouloir grandir ? Non. Doit-on être vigilant sur ce qu’implique cette expansion rapide ? Oui !
La charge de travail est réelle, mais on n’est pas dans un climat de peur ou de harcèlement ici. Il y a des axes de progression, oui, mais aussi une vraie passion partagée pour ce qu’on fait.
On ne peut pas le nier, grandir trop vite peut vite devenir compliqué, et cette jeunesse du secteur suppose bien évidemment des ajustements constants: en matière de RH notamment, en prônant une culture du management adaptée à une jeune génération (moins hiérarchique, plus collaboratif, avec des valeurs fortes telle que l’inclusion, le sens du travail, la transparence, sans oublier la qualité de vie au travail). Sur ce point, après avoir discuté avec plusieurs employés, pas mal de salles sont conscientes d’avoir encore besoin de travailler, d’évoluer et de se structurer. La communication est encore parfois jugée trop descendante, avec notamment des directeurs de salles trop éloignés du milieu de la grimpe, ce qui n’aide pas.

© Le Perchoir
Il ne faut toutefois pas noircir complètement le tableau, preuve en est avec le témoignage d’un moniteur d’escalade d’une salle de province appartenant à un grand groupe: « La charge de travail est réelle, mais on n’est pas dans un climat de peur ou de harcèlement ici. Il y a des axes de progression, oui, mais aussi une vraie passion partagée pour ce qu’on fait. »
Pour nuancer encore le tableau, nous avons aussi interrogé un gérant d’une salle indépendante dans les Alpes. Pour lui, l’article de Mediapart donne une image déformée de la réalité du secteur : « Bien sûr, travailler dans une salle d’escalade demande de la polyvalence et ce n’est pas toujours simple : horaires décalés, tâches variées, contact permanent avec le public… mais ce n’est pas le bagne non plus. La majorité des gérants que je connais, qu’ils soient indépendants ou issus de grands groupes comme Climb Up ou Arkose, essaient de faire au mieux pour leurs équipes, dans un contexte économique qui est loin d’être évident depuis la crise du COVID. »
Il ajoute : « Ce genre d’article donne une image très négative des salles de grimpe, alors qu’une immense majorité des salariés travaillent dans un environnement sain et passionnant. Il y a des problèmes à régler, c’est sûr, mais ce n’est pas représentatif de tout le secteur. »
En résumé, oui tout n’est pas parfait, c’est une évidence, mais il ne faut pas non plus occulter que dans de nombreuses salles, tout se passe bien, ou presque, et que, cerise sur le gâteau, il existe aussi de vraies évolutions dans la qualité de vie au travail. Par exemple, dans une salle du centre de la France, le staff se verra très prochainement proposer des séances d’ostéopathies gratuites, co-financées par la mutuelle et la salle. Autant vous dire que l’équipe, et notamment les ouvreurs, s’en réjouissent d’avance. Après quelques coups de téléphone, nous découvrons également que, dans certaines salles, pour soulager les ouvreurs, ces derniers n’ont pas la charge de démonter les prises, ni de les laver, et encore moins de nettoyer les murs (une entreprise externe s’en charge): ils sont donc rémunérés uniquement pour ouvrir de nouveaux tracés. Pour diminuer encore les contraintes exercées sur les corps, des réflexions sont également en cours au sein de certaines directions de salle pour peut-être diminuer le nombre de blocs extrêmes, qui ne s’adressent qu’à une poignée de pratiquants, afin une fois de plus de soulager les ouvreurs.
Des témoignages locaux extrapolés
Le cœur de l’article de nos confrères repose également sur une mobilisation sociale au sein la salle de Climb Up Aubervilliers, où six hôtes d’accueil ont été licenciés après avoir offert ou consommé des produits sans enregistrement. La direction évoque un manquement aux règles internes, les intéressés parlent de « gestes commerciaux » courants dans la culture de la salle. Une situation conflictuelle, certes, mais qui semble isolée dans un contexte local très tendu avec notamment un management qui soulève pas mal d’interrogations.
Nous allons également revenir sur une citation d’un ancien hôte d’accueil de Climb Up, et relayée dans l’article en question: « Il y a des problèmes d’ergonomie au travail : on ne peut pas s’asseoir, les écrans abîment les yeux. Et quand tu fermes seul le soir, tu subis parfois des agressions. »
En l’absence de contexte, cette citation relève davantage du récit choc que d’un témoignage rigoureux et contextualisé. D’autre part, dire qu’« on ne peut pas s’asseoir » nous semble caricatural. Dans les postes d’accueil, la posture debout est effectivement fréquente, comme dans beaucoup de métiers en contact client (restauration, hôtellerie, commerces, musées…). Attention, cela ne signifie pas pour autant que le personnel doit être privé de pause ou de lieu pour s’assoir en cas de besoin.

© Matthias Paré
Concernant les écrans, nous allons un peu plus loin dans la caricature. Les écrans d’accueil utilisés sont généralement des caisses tactiles ou des terminaux informatiques. Ce sont les mêmes dispositifs que dans les commerces ou salles de sport. Ils ne présentent aucun risque spécifique supérieur à d’autres emplois du tertiaire. De plus, la durée d’exposition continue est très limitée : les hôtes alternent souvent entre accueil, briefing, encaissement, surveillance, … Ce n’est pas un travail de bureau fixe.
Enfin, concernant la sécurité des hôtes d’accueil, dire qu’un salarié « subit parfois des agressions » est grave, mais aussi très flou : Ce terme recouvre-t-il des incivilités ? De véritables agressions physiques ? Des vols ? Des intimidations extérieures ? Est-ce fréquent, ou exceptionnel ? Des mesures ont-elles été prises (formation, sécurisation, caméras, alarmes…) ? Il est tout à fait possible qu’un employé ait été confronté à une telle situation (et cela n’est pas acceptable), comme cela peut arriver en horaire de soirée, dans n’importe quel lieu recevant du public. Mais en faire un problème systémique nous semble douteux.
Le gérant de la salle indépendante des Alpes, qui a voulu garder l’anonymat, abonde dans ce sens : « Évidemment, certains postes comme l’accueil ou le bar demandent d’être debout souvent, et il peut y avoir des soirées où on termine tard. Mais de là à décrire ces postes comme un calvaire, c’est exagéré. Mes équipes, comme celles de beaucoup d’autres salles, disposent de pauses, de sièges, et d’un espace pour souffler. Et pour les incidents avec le public, ça reste très marginal. Ce genre de description donne l’impression que toutes les salles sont des lieux hostiles, ce qui n’aide ni le secteur ni ceux qui y travaillent. »
Enrouleurs automatiques et sécurité globale en salle d’escalade
L’article de Médiapart aborde également longuement la question des enrouleurs automatiques, et cible notamment un accident mortel survenu à Lyon en 2024 ainsi que d’autres retours au sol vécus par un moniteur du groupe Climb Up durant ces dernières années. Ce qui pose soucis ici, c’est que les incidents évoqués ne sont pas du tout remis en perspective avec le nombre total de pratiquants accueillis chaque jour dans les salles du réseau (plusieurs milliers), ce qui fausse le ressenti lors de la lecture de l’article.
Pour être précis, les chiffres de l’accidentologie en salle de bloc sont de 1 pour 1000 (0,1%), et ils sont même inférieurs en salle de voie. À titre de comparaison, le taux de blessures en UrbanSoccer (Foot en salle) avoisine les 13%, soit un taux 10 fois plus élevé qu’en escalade. Bien évidemment, cela ne justifie en rien que ces accidents se produisent, et les salles doivent avancer sur ces sujets afin de faire encore diminuer ces chiffres, surtout en salle de voies où les accidents peuvent potentiellement être plus graves. Néanmoins, il est malhonnête de laisser penser que les accidents en salles d’escalade sont légions.
Pour en revenir au sujet et pour être tout a fait transparent, cette problématique des enrouleurs automatiques est tout de même connue du milieu : ces dispositifs sont largement utilisés dans le monde entier, et nécessitent une vigilance particulière. Mais le débat ne peut se résumer à un « pour ou contre » binaire en se basant sur des chiffres très approximatifs.
© Roc Résine
Plusieurs salles continuent par ailleurs de peaufiner certains protocoles d’usage tout en améliorant la signalétique pour éviter les accidents. Une salle en Meurthe et Moselle a quant à elle tout récemment opté pour l’installation du tout nouveau dispositif de sécurité B.A.S.S.
Plusieurs salles confirment également travailler sur le sujet de la sensibilisation liée aux enrouleurs : « Chez nous, on a choisi de former systématiquement chaque client qui veut utiliser un enrouleur, même pour 10 minutes, et de refaire un rappel à chaque venue. C’est chronophage, mais ça nous évite des frayeurs », indique un autre gérant de salle.
Faut-il aller plus loin, avec des surveillants dédiés comme c’est le cas dans certains pays ? La question reste ouverte. De notre côté, notre avis est tranché: la solution n’est pas de « mettre un surveillant partout », mais plutôt d’éduquer, d’informer et d’adapter en fonction du profil des clients. De plus, il serait tout simplement impossible financièrement pour les salles de mettre en place un tel système en France actuellement.
Enfin, pour conclure sur cette partie, il est important de rappeler que les enrouleurs automatiques permettent à toutes et tous de grimper en voie sans être obligé de venir accompagné. Néanmoins, ces enrouleurs ne doivent pas diminuer la vigilance et/ou la formation des néo-pratiquants. Selon nous, il reste un travail de pédagogie plus approfondi à faire dans les salles d’escalade afin de ne pas laisser les clients néophytes penser que la grimpe ne comporte aucun risque. Là encore, les salles d’escalade doivent continuer de travailler sur des protocoles précis et rigoureux, que ce soit en salle de bloc ou en salle de voie, pour assurer pleinement la sécurité des pratiquants, même si, rappellons-le, le risque 0 n’existe pas.
Un dialogue social à construire, pas à caricaturer
L’escalade indoor est un univers exigeant : horaires fractionnés, polyvalence des postes, travail physique… Mais comme le souligne un ouvreur interrogé par Planetgrimpe : « Ce n’est pas l’usine non plus. C’est un métier de passion, avec ses contraintes. Ce qu’il faut, c’est plus de reconnaissance et de dialogue, pas casser l’outil. »
D’autres personnes interrogées soulignent également l’évolution du travail dans certaines salles: « Il y a quelques années, j’enchaînais ma journée d’ouverture, et derrière je devais encadrer des groupes, ce n’était pas du tout tenable pour le staff, et les cours avec la fatigue n’étaient ni qualitatifs ni safes« .

© Amalia Wompa
Aujourd’hui, ce genre de situation ubuesque tend à disparaître dans la plupart des salles, même si, par endroit, des excès se font encore remarquer. Dans d’autres salles, il est également important de continuer à réfléchir sur la structuration du travail des salariés: ne pas négliger la fatigue induite par les postes multi tâches par exemple (passer de l’accueil, au bar, au service, à la vente).
Maxime, ouvreur depuis six ans dans plusieurs grandes salles, affirme qu’il ne se reconnaît pas dans le portrait dressé par Mediapart : « L’article laisse penser que tous les ouvreurs sont épuisés et blessés en permanence. Oui, c’est un métier physique, et il y a des périodes où on sort rincés d’une semaine d’ouverture. Mais beaucoup de salles, y compris de gros réseaux, font attention : on adapte la charge, on a des jours de repos entre deux grosses sessions, et parfois même un accès à des kinés ou ostéos pris en charge en partie par la salle. Dire que 80% des ouvreurs sont blessés chaque année, c’est franchement gonflé. Personnellement, je n’ai jamais eu de blessure sérieuse liée à mon travail. »
D’autre part, comme nous l’évoquions un peu plus haut, le dialogue dans certaines salles reste encore trop descendant, ce n’est en revanche pas toujours la norme. Dans une autre salle de province par exemple, le staff est régulièrement mis à contribution pour innover et être force de proposition. Oui, il existe des patrons de salle qui partent du principe qu’une équipe soudée et investie est une équipe qui fonctionne. L’humain nous semble être le nerf de la guerre, et au lieu de rester enfermé dans un bureau en jouant avec des chiffres sur un tableur Excel, il existe bel et bien des dirigeants au management moderne et à l’écoute. Il faut le souligner, et surtout l’encourager.
L’un des ouvreurs que nous avons interrogé, Maxime ajoute : « Ces dernières années, j’ai vraiment senti une évolution dans le management de plusieurs salles où j’ai travaillé. Le dialogue avec la direction s’est amélioré, on est plus souvent consultés sur l’organisation du travail et la gestion des plannings. Ce n’est pas encore parfait, mais on sent que certains patrons comprennent qu’une équipe motivée, c’est aussi une équipe écoutée. Ça change tout. »
Petit point sur l’économie des salles d’escalade en 2025
Pour rentrer dans le vif du sujet, il nous faut déconstruire une croyance bien encrée: non, les patrons de salle d’escalade ne roulent pas en Porsche, loin de là, et notamment depuis la crise du COVID. Pour être précis, avant la crise sanitaire, effectivement, les salles d’escalade étaient très rentables. Avec des charges maîtrisées et une explosion de la clientèle, la rentabilité était quasi assurée, d’autant que la concurrence n’était pas aussi féroce qu’aujourd’hui.
Désormais, l’opulence est terminée pour la plupart des salles, et même pire, plusieurs d’entre elles sont en difficulté. La crise du secteur des loisirs, la concurrence, le contexte international, l’inflation et l’explosion des charges ne permettent plus aux salles de marger comme cela pouvait être le cas auparavant. Certaines salles atteignent tout juste l’équilibre aujourd’hui, pendant que d’autres ferment car elles ne sont plus rentables. Il y a bien évidemment quelques exceptions à la règle, avec des salles qui cartonnent sur des territoires avec une très forte demande, mais cela n’est clairement plus la règle absolue.

Aujourd’hui, se lancer dans l’aventure d’une salle d’escalade n’est pas toujours chose aisée, avec, comme pour toute entreprise, des risques de faible rentabilité. Si on peut lire partout que le nombre de pratiquants continue d’augmenter (ce qui est vrai), cela ne compense hélas pas les énormes charges auxquelles sont confrontées les salles actuellement (coût de l’énergie, charges salariales, emprunts, …).
Ok, mais les boss continuent de se faire de l’argent sur le dos des salariés ? On ne peut pas le nier, c’est parfois une réalité, quelque soit le secteur d’activité. En ce qui concerne les salles d’escalade, ce n’est pas une réalité systématique. On vous laisse en discuter avec certains patrons de salles récentes, qui, pour s’en sortir, bossent 7J/7 car la trésorerie est trop faible au lancement pour embaucher le personnel nécessaire au bon fonctionnement de la salle. Il ne s’agit pas ici de plaindre les patrons de salle, mais de rappeler que, contrairement aux idées reçues, tout n’est pas toujours simple.
Le gérant de la salle dans les Alpes confirme ce constat : « Depuis le COVID, beaucoup de salles, même celles qui marchaient bien avant, sont dans le rouge ou frôlent l’équilibre. On a l’impression, en lisant certains articles, que les gérants s’enrichissent sur le dos des salariés. La vérité, c’est que beaucoup de dirigeants, petits et grands, ne se versent même pas de salaire pendant des mois pour que l’entreprise tienne. Ce n’est pas une excuse pour ne pas améliorer les conditions de travail, mais ça explique pourquoi les marges de manœuvre sont limitées aujourd’hui. ».
Parlons également des salaires pour le staff. On ne va pas tourner autour du pot, ils sont souvent trop bas (comme pour 90% des français, mais ce n’est pas une excuse), surtout avec des horaires décalés, des soirées et/ou des week-ends travaillés qui ne sont pas simples à cumuler avec une vie de famille. Si certains patrons de salle continuent de privilégier leur salaire et leur train de vie au détriment du staff, ce n’est absolument pas une généralité, et certains seraient d’ailleurs ravis d’augmenter les salaires des équipes, ce qui signifierait que la trésorerie de la salle se porte bien.
Une critique avec contradiction
Vous l’aurez compris, l’objet de cet article était de remettre un peu de contradiction dans tout ce qu’on peut lire sur les salles d’escalade ces derniers temps. Cela nous semble important, même essentiel en tant que journaliste. Briser les idées reçues, faire parler les chiffres, s’attacher également à mettre en valeur ce qui fonctionne ainsi que les idées positives nous semble être un bon levier pour aller de l’avant et faire bouger les choses.
L’escalade est un secteur en pleine effervescence, porté par une passion commune et un public en constante expansion. Comme dans tout milieu en croissance rapide, des difficultés apparaissent, qu’elles concernent les conditions de travail, la gestion des équipes ou la sécurité. Cependant, il est essentiel d’aborder ces questions avec nuance et d’éviter les généralisations hâtives. Loin de minimiser les problèmes légitimes rencontrés dans certaines salles, notre article souhaite rappeler que la réalité est multiple et souvent plus complexe qu’une couverture médiatique peut le laisser entendre. De nombreuses salles, qu’elles appartiennent à de grands groupes ou soient indépendantes, s’efforcent d’améliorer le quotidien de leurs équipes, d’innover dans leurs pratiques et de proposer un environnement sûr et accueillant pour tous.
Le véritable enjeu pour le secteur reste d’instaurer un dialogue social constructif, basé sur l’écoute et le respect, afin que grimpeurs, salariés et dirigeants puissent continuer à faire grandir cette belle communauté dans un esprit de collaboration et de passion partagée. À travers cette réflexion, Planetgrimpe invite chacun à dépasser les clivages et à contribuer, à son échelle, à un avenir plus serein et harmonieux.
Le débat reste bien entendu ouvert, tant qu’il est constructif. On se donne rendez-vous dans les commentaires juste en dessous ou sur nos réseaux sociaux !
* Nous avons fait le choix de ne pas citer le nom des salles lorsque ce n’était pas nécessaire afin de rester le plus neutre possible et de ne pas mettre en lumière certaines salles ou réseau de salles au détriment des autres. De plus, l’anonymat de nos différents interlocuteurs a été conservé pour éviter toute forme de pression et/ou stigmatisation.