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Adieu les Jeux ? Adam Ondra, « sur le point de mettre un terme à [sa] carrière de compétiteur »

© Planetgrimpe

La déception est immense pour Adam Ondra. Après un premier essai manqué lors des Jeux Olympiques de Tokyo, le Tchèque est une nouvelle fois passé à côté d’une médaille olympique à Paris. Sixième de la compétition, il a pourtant réalisé la meilleure performance dans la voie de difficulté. Mais le circuit de bloc, dans lequel il a souffert, l’a privé de son rêve olympique. Au lendemain des JO de Paris, il pourrait même mettre un terme à sa carrière de compétiteur.

Adam Ondra nous en dit plus.


À 31 ans, Adam Ondra n’est que trop conscient du temps qui passe, des sollicitations qu’il fait subir à son corps, des changements de style d’ouverture qui se retournent contre lui, et surtout, de l’armée montante de jeunes talents qui poussent derrière lui.

Assis au pied du mur des Jeux Olympiques, il a regardé le Britannique Toby Roberts, 19 ans, décrocher l’or et le Japonais Sorato Anraku, 17 ans, remporter l’argent sous ses yeux. « À leur âge, c’est bien plus facile pour eux. Quand j’avais leur âge, l’escalade n’était encore même pas aux JO. Paris marque probablement mes derniers Jeux Olympiques », déclare Ondra.

Mon corps n’est pas fait pour le bloc !

Adam Ondra

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Quelques minutes plus tôt, au moment où Adam est arrivé face au public, prêt à s’élancer dans la voie de finale, Rémi, le speaker de Paris 2024, l’a présenté comme « La légende de l’escalade ». Ondra est incontestablement une légende dans son domaine. Prodige de la verticalité depuis ses débuts, le Tchèque a ébloui la planète grimpe de par ses performances sur le rocher.

En 2017, il a notamment été le premier grimpeur de l’Histoire à enchaîner un 9c, avec « Silence ». Et il ne s’agissait que d’une performance parmi tant d’autres ; aujourd’hui, il compte près de 300 voies dans le 9 à son actif. En compétition, Ondra a toujours eu l’habitude de faire briller son nom au sommet des classements. Il suffit de regarder les chiffres qui illustraient le tableau lumineux à côté du mur lors de sa prestation à Paris : 26 victoires en Coupe du monde et 49 podiums.

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Mais à l’époque où il était au sommet de son art, des années 2009 à 2019, l’escalade ne faisait pas encore partie du programme des Jeux Olympiques. Adam a eu sa première chance de médaille olympique à Tokyo, en 2021, sous la forme d’un étrange combiné mêlant vitesse, bloc et difficulté. Il a terminé sixième du classement général à Tokyo, et jusqu’au dernier grimpeur à s’élancer il a même aspiré à la médaille d’or en raison du mode de calcul des points. Cette année à Paris, l’escalade de vitesse (discipline qu’il déteste), est devenue une catégorie à part entière. Mais Ondra a de nouveau terminé sixième du combiné, après être passé à côté de son circuit de bloc.

« Je suis à la fois déçu et content. Pour moi, la difficulté est la discipline qui compte le plus. Repartir de ces Jeux Olympiques sans médaille est donc une énorme déception, mais savoir que si la difficulté avait été une discipline à part entière, j’aurais gagné l’or, ça me remonte le moral, c’est certain ! », se rassure le Tchèque.

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Se donnera-t-il une dernière chance à Los Angeles 2028, à l’âge de 35 ans ?

« Je reste ouvert », dit-il à propos de son avenir olympique, tout en sachant qu’il pourrait définitivement mettre un terme à sa carrière de compétiteur à l’automne. C’est en effet à cette date que le CIO doit décider si la difficulté deviendra une discipline olympique à part entière aux prochains Jeux d’été.

Je suis sur le point de mettre un terme à ma carrière de compétiteur, mais certainement pas à ma carrière de grimpeur. Je veux encore grimper de nombreuses années sur le rocher et je ne veux surtout pas me faire mal à cause du bloc.

Adam Ondra

Y aura-t-il trois médailles (une pour chaque discipline) à LA 2028 ? Ou seulement deux, comme ce fut le cas à Paris. Si tel est le cas, le format combiné bloc/difficulté va-t-il être conservé ? Ou un choix sera-t-il fait entre l’une des deux disciplines ? L’ambiance électrique lors des finales de l’épreuve de difficulté à Paris pourrait contribuer à faire en sorte que les spécialistes de cette discipline aient leur propre compétition à Los Angeles. « D’après mes informations, les membres du CIO ont davantage tiqué sur le bloc, qui est difficile à comprendre et à suivre en termes de classement pour un spectateur qui n’y connaît rien en escalade, révèle Ondra.

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Mais même si le combiné bloc/difficulté est remplacé par une unique épreuve de difficulté à Los Angeles, Adam n’est pas sûr qu’il y prenne part. Le style des voies lui plaît de moins en moins. Aprè, il a déclaré : « Les trois quarts de la voie étaient ennuyeux aujourd’hui. Je ne prends plus de plaisir dans ce style. En tout cas, si le combiné bloc/difficulté demeure, c’est quasiment certain que je n’irai pas à Los Angeles », avoue-t-il.

Pourquoi ? La raison n’est pas seulement l’émergence de nouveaux jeunes talents, comme Roberts ou Anraku. Ondra estime qu’il ne sera plus compétitif en bloc dans quatre ans. Il craint que la tendance que prend le bloc ne lui laisse plus aucune chance de rivaliser face aux meilleurs, comme dans les blocs 1 et 4 des finales de Paris 2024. De plus, même son corps pourrait ne plus être en mesure de supporter l’entraînement intensif des deux disciplines, comme en témoignent les problèmes d’épaule dont il a souffert cette année.

Il y a aussi une autre raison, très importante, qui le pousse à s’éloigner du monde des compétitions : ses projets sur le rocher. « Je suis sur le point de mettre un terme à ma carrière de compétiteur, mais certainement pas à ma carrière de grimpeur, déclare-t-il. Je veux encore grimper de nombreuses années sur le rocher et je ne veux surtout pas me faire mal à cause du bloc ».

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Alors, quels sont ses projets maintenant les JO de Paris terminés ?

Adam souhaite tout d’abord passer du temps en famille. N’oublions pas qu’il y a deux ans, il est devenu père d’un petit Hugo. Il compte également se préparer pour la Coupe du Monde à Prague en septembre et, bien sûr, pour de nouveaux projets en falaise. Il aimerait notamment enchaîner cette année « DNA », le 9c de Seb Bouin situé dans le Verdon.

Quoiqu’il décide, qu’il mette un terme ou non à sa carrière de compétiteur ne changera rien. Ondra est et restera une légende !


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