À 55 ans, Alex Huber libère « Mythos » un 8c+ de 76 mètres
Le légendaire Alex Huber, âgé de 55 ans, a réalisé une nouvelle ascension spectaculaire avec « Mythos », une voie de 76 mètres cotée 8c+ dans les Alpes de Berchtesgaden. Cette performance marque la fin d’une année jalonnée d’épreuves personnelles et physiques, notamment une opération au cerveau réalisée il y a quelques mois…
En février, juste après une séance de grimpe en falaise, Huber apprend qu’il souffre d’une tumeur au cerveau. « Je grimpais en moulinette et j’ai remarqué que quelque chose n’allait pas. J’avais des maux de tête persistants depuis janvier, mais les médecins et neurologues que j’avais consultés n’avaient rien trouvé. Ce dimanche-là, je me sentais fort en grimpant, mais ma perception de mon environnement était étrange. Le lendemain, j’ai décidé de passer une IRM dans un centre privé. Les images n’ont laissé aucun doute. J’ai été hospitalisé immédiatement et opéré le jour-même », explique le grimpeur allemand.
L’intervention chirurgicale qui s’en suit permet de retirer une tumeur heureusement bénigne, mais le laisse avec des mois de rééducation. « Redémarrer les moteurs après trois mois d’arrêt complet a été difficile », avoue Alex, qui a dû reprendre l’escalade progressivement. En juillet, il signe son retour avec « Überleben » 8b, une voie de 70 mètres qu’il avait travaillée juste avant sa maladie.
Quelques mois plus tard, il s’attaque à « Mythos », située dans sa falaise locale de Barmsteine, qu’il décrit comme « la King Line » du site. « Quand j’ai commencé à essayer les mouvements de « Mythos », ils me paraissaient impossibles. Mais petit à petit, j’ai compris que je pouvais les réaliser. Ce processus m’est familier, je l’ai traversé tant de fois par le passé », raconte-t-il.
« Mythos » est une voie exceptionnelle, à la fois par sa longueur impressionnante et son caractère technique. Le crux, situé après 60 mètres, impose une précision millimétrée et un mental d’acier, avec une section de 25 mètres sans prises franches. Pendant l’ascension, Huber a pris des décisions audacieuses : « J’ai volontairement sauté un spit avant le crux pour limiter la résistance de la corde. Mais arrivé au-dessus, je ne pouvais plus clipper le suivant. J’étais alors à 10 mètres au-dessus du dernier point, avec une chute potentielle de 30 mètres », raconte-t-il. Heureusement, il a réussi à franchir cette section critique et enchaîner la voie.
Alex Huber n’est pas étranger aux exploits. Sa carrière regorge de premières, comme la libération de voies extrêmes à travers le monde ou encore ses solos libres emblématiques, notamment « Kommunist » 8b+, réalisé en 2004. Pourtant, « Mythos » marque un retour symbolique à l’escalade après une épreuve personnelle. « Considérant la difficulté de la voie, sa longueur, mon opération et mes 55 ans, cette réussite me remplit de joie », confie-t-il.
Bien qu’il admette que son âge limite sa capacité à s’attaquer aux voies les plus physiques, Huber continue de démontrer une technique et une résilience impressionnantes. « Je ne grimperai plus de choses vraiment difficiles. À mon âge, je n’ai plus la force nécessaire, mais je reste aussi précis qu’il y a 20 ou 30 ans dans des voies techniques avec de petites prises. Cela me suffit amplement », affirme-t-il.
Avec son enchaînement de « Mythos », Huber nous prouve que la passion et la persévérance peuvent surmonter les obstacles les plus inattendus…