Entraînement à l’américaine: analyse de Nao Monchois
Nao Monchois a passé quelques temps avec des grimpeurs outre atlantique, avec comme objectif d’analyser leurs méthodes d’entraînement pour en garder le meilleur. Il nous raconte son histoire, et ce qu’il a retenu de cet « American style »
Il y a quelques mois, nous avions prévu avec un très bon ami, Victor Baudrand, d’aller nous entrainer 10 jours à la classique (et immense) salle d’Innsbruck afin qu’il termine son trip européen sur une belle note. En effet, canadien vivant aux USA, il est depuis janvier en France dans le but de prendre de l’expérience sur le circuit national français. La pandémie n’ayant pas permis cela, nous nous sommes malgré tout bien entraînés au Pôle de Voiron, avec une belle concrétisation à la clé puisqu’il participera à sa première finale de coupe du monde à Chamonix. Et puisque plus on est de fou plus on rit, Natalia Grossman, véritable révélation du circuit cette année, nous a également rejoint dans cette aventure autrichienne.
Comme vous le savez, mon début de saison ne s’est pas passé comme je l’espérais, ce voyage était donc une excellente opportunité de rebondir.
Durant toute cette année, Victor étudiait et analysait scrupuleusement nos méthodes d’entraînement pour en garder ce qui lui correspondait. Et bien cette fois, changement de rôle ! C’était à mon tour d’ouvrir grand mes yeux et mes oreilles pour m’inspirer de « l’American style ».
A noter que ce qui suit est ce que j’ai retenu d’une vision d’entraînement différente de la nôtre, ce n’est en aucun cas la sainte parole ! Les comparaisons des 2 modes d’entraînement sont sans jugement, chacun y prend ce qu’il veut 🙂
1 – l’écoute de son corps
La première différence concerne la planification… nous avions toujours la même séquence type :
J1 : force doigt le matin / difficulté l’après-midi
J2 : bloc le matin : 30% tracés, 70% panneau de prises en bois / difficulté l’après-midi
J3 : repos
Et on recommence à l’infini !
Les contenus de séance diffèrent vraiment en fonction de nos sensations et nos besoins. Rien n’est défini, ils ont des séances types (par exemple de force doigts, force contact,…) et piochent dans cette boîte à outils, à l’inverse de la tendance française qui est de rester très proche des contenus.
Cela nécessite par contre une très bonne connaissance de soi, de ses capacités, et d’arriver à avoir de l’objectivité sur son état (différence entre flemme / mal de peau et réelle fatigue). Il n’y a également pas de frustration possible quand c’est toi-même qui pilote ton entraînement.
Ce « check-up corporel » permet d’être au clair sur ce que tu veux que t’apporte la prochaine série, la prochaine voie,… c’est là le plus intéressant à mes yeux. Nos séances varient des fois de presque 1h en fonction de nos états.
2 – l’entraînement, c’est TOUJOURS plaisant
Selon Natalia, le fait de se « forcer » à faire des séances qui entament notre corps sur le plus long terme est mentalement très éprouvant. Elle préfère la régularité, s’entraîner toujours beaucoup mais avec de l’efficacité et de l’envie; plutôt que de se baver dessus pour finir son cycle et de s’engouffrer ensuite dans un repos complet. Elle pense que cela permet d’avoir moins de fluctuations mentale et physique, ce qui est bénéfique à long terme.
Encore une fois, cela ne veut pas dire une voie par jour, il y a un équilibre à trouver qui dépend de chacun. Et certains diront que de très gros entraînements “à muerte” sont plus bénéfiques à long terme,… peut – être 😉
Voici un graphique grossièrement caricaturé de cette vision.
En résumé, une superbe expérience où j’ai mis plein de nouvelles choses dans ma boîte à outils! J’espère que ce petit récit pourra inspirer d’autres personnes. N’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions, j’essaierai d’y répondre par rapport au peu que j’ai vu.
Un grand merci à mes partenaires et à ma famille de me permettre de vivre des expériences comme celle-ci.