Interview: rencontre avec Paul Jenft, qui a disputé sa première finale en Coupe du Monde
Le week-end dernier, Paul Jenft rentrait pour la première fois en finale d’une Coupe du Monde, à seulement 18 ans. Plus tôt dans la saison, ce jeune membre de l’équipe de France, multiple vainqueur de Coupes d’Europe jeunes de difficulté et de bloc, réussissait à atteindre l’un de ses objectifs de l’année: remporter le titre de Champion d’Europe junior dans les deux disciplines.
Mais samedi dernier, il franchissait de nouveau un cap dans sa carrière de compétiteur. De par ses précédents résultats à l’international et son classement lors des sélectifs nationaux, Paul décrochait sa place en équipe de France senior, avec la possibilité de participer aux premières Coupes du Monde de la saison. Et le jeune chambérien a prouvé qu’il avait toute sa place parmi les seniors. Après avoir pris la sixième place des qualifications de la Coupe du Monde de Villars, en se payant le luxe d’être l’un des rares compétiteurs à enchaîner l’une des deux voies de qualification, il réalisait l’une des huit meilleures performances en demi-finale. Une prestation qui lui permettait de décrocher par la même occasion son billet pour ses premières finales mondiales chez les seniors, à l’issue desquelles il terminera sixième.
À quelques jours des deux manches de Coupes du Monde françaises (Chamonix et Briançon), nous sommes allés à sa rencontre, pour en savoir un peu plus sur sa façon d’aborder cette saison 2021.
Après avoir raflé pas mal de médailles sur le circuit jeune et notamment les titres de Champion d’Europe en bloc et en difficulté cette année, tu participes à ta première vraie saison sur le circuit senior. Qu’est-ce que ça fait ?
J’ai eu un peu l’impression de revivre mes débuts sur le circuit international jeune, ce n’est pas le même niveau mais c’est le même processus. Je ne connaissais pas le niveau des autres grimpeurs ni l’exigence des voies, donc c’était dur de se projeter sur le résultat que je pouvais attendre. Mais ça m’a aussi permis d’arriver sans pression, je n’avais rien à perdre, mon seul objectif était d’emmagasiner le maximum d’expérience. Et il faut dire que les résultats sont bien au-dessus de ce que j’espérais.
Le week-end dernier, lors de l’étape de Villars, tu rentrais pour la première fois en finale d’une Coupe du Monde. Comment as-tu vécu ces finales ?
J’étais déjà vraiment content de ma compétition parce que j’avais fait de super bonnes qualifs (avec mon premier top en Coupe du Monde !) et une demi-finale correcte, donc c’était vraiment que du bonus. Le but de ces finales était juste de prendre du plaisir, de vivre un bon moment. Et c’est chose faite, l’ambiance était géniale, ça fait vraiment du bien de retrouver du public sur les compets. J’ai passé un super bon moment. Même si un manque d’anticipation sur un clippage dans le bas me coûte quelques mouvs là-haut, je suis super content de mon run. Que du bon pour la suite.
Quels sont tes objectifs à l’international cette année ?
Mon objectif principal de cette année était de prendre mes marques dans le circuit senior international. Je n’avais vraiment aucune attente de résultat parce que je ne connaissais pas mon niveau par rapport aux autres. Le but est de prendre le plus d’expérience possible autant dans la grimpe que dans la gestion de ma saison. C’est un objectif qui sera réalisé à la fin de l’année car j’ai eu la chance de prendre pas mal de sélection en seniors en bloc et en diff.
Un autre objectif était de rester dans la régularité en jeune sur les deux disciplines. Pour ça je me suis concentré sur les Championnats d’Europe et les Championnats du Monde. L’objectif est d’arriver en forme sur ces deux compets et d’être vraiment satisfait de ma grimpe. C’est mission accomplie pour les Championnats d’Europe, j’attends les Championnats du Monde jeunes avec impatience !
Tu vas participer aux deux prochaines Coupes du Monde, qui auront lieu en France. As-tu des objectifs en particulier sur ces deux étapes ?
Je n’ai pas d’objectif de résultat. Je veux juste bien grimper, donner tout ce que je peux et me faire plaisir. C’est comme ça que ça marche le mieux pour moi. L’important c’est vraiment de se détacher des enjeux de la compet pour vraiment me concentrer sur ma grimpe. Et puis maintenant que j’ai goûté à la finale, je n’ai qu’une envie, c’est d’y retourner ! Je suis donc motivé à fond pour retenter ma chance !
L’équipe de France masculine de difficulté est très jeune cette année, et il n’y a pas de réel leader expérimenté, comme un Romain Desgranges par exemple. Est-ce que ça ne manque pas trop d’avoir un capitaine qui a de l’expérience quand on est jeune comme toi ?
C’est vrai qu’on est pas mal de jeunes en équipe, et c’est tant mieux pour l’avenir. On n’a pas de grimpeur d’expérience qui participe avec nous mais on a vraiment la chance d’avoir Romain dans le staff. C’est encore plus bénéfique car il peut vraiment nous apporter beaucoup de choses. Il a l’expérience d’une carrière entière et quand on se lance à l’international c’est vraiment sécurisant parce que si l’on part dans la mauvaise direction il aura l’expérience pour nous le dire.