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Le coup de gueule de Grégoire de Belmont, co-fondateur d’Arkose, sur la fermeture des salles d’escalade

Suite à l’annonce du ministère de la Santé de fermer les salles de sport, dont les salles d’escalade, les gérants de ces établissements ont vu rouge. Après avoir renforcé leur protocole sanitaire, ils ne comprennent pas cette décision, qui en plus, serait ni plus ni moins qu’une erreur de lecture. Une manifestation pour lutter contre cette décision est même prévue ce vendredi 2 octobre à Paris.

Nous sommes allés à la rencontre de Grégoire de Belmont, co-fondateur d’Arkose, qui possède plus de 17 salles à travers la France, dont 14 doivent fermer leurs portes.

Grégoire, quand et comment as-tu appris que les salles d’escalade devaient fermer, suite à l’annonce d’Olivier Véran ?

Le jeudi soir en écoutant l’allocution télévisée de notre ministre de la Santé M. Véran. Rien ne laissait présager une telle mesure. Les syndicats qui nous représentent dans les instances de discussion avec les cabinets ministériels n’étaient pas informés, ils nous ont juste fait passer le message suivant une demie-heure avant l’allocution : « On ne sait pas ce qu’il va annoncer, mais ça va faire mal…». Message prémonitoire, mais qui montre bien à quel point la concertation a été totalement méprisée.

Alors que des mesures très strictes avaient été mises en place, plus de 80% des salles d’escalade doivent fermer leurs portes en France. Quel est l’impact économique suite à une telle décision ?

Énorme ! C’est simple, on a pu réouvrir grosso modo juste avant l’été, qui est notre période creuse, et on nous fait fermer en plein mois de septembre, qui est notre plus gros mois de l’année. On voudrait tuer le business des salles de sport privées qu’on n’aurait pas géré le timing autrement. Sur l’ensemble du groupe ce sont des mois à plus de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires qu’on est en train de perdre, une perte qui sera irrécupérable.


On a clairement été fermés par une mauvaise lecture d’un document et une décision prise hâtivement par un directeur de cabinet zélé. »


Qu’as-tu envie de répondre à Olivier Véran ?

De revoir les raisons de cette fermeture. Nous avons eu accès via nos syndicats aux documents de Santé France qui ont été communiqués au conseil scientifique. C’est clairement le sport ASSOCIATIF qui était visé et générateur de cluster. À AUCUN MOMENT les salles de sport privées n’étaient citées, et pour preuve à ce jour, AUCUN cluster n’a été identifié dans une salle de sport privée, et l’ARS n’est pas capable de dénombrer plus de 207 cas sur plus de 20 millions d’entrées…

On a clairement été fermés par une mauvaise lecture d’un document et une décision prise hâtivement par un directeur de cabinet zélé. On a aussi été fermés car il fallait montrer qu’on « faisait quelque chose » pour enrayer la reprise de l’épidémie. Ce qu’on nous explique aujourd’hui, c’est que de toute façon, de nombreuses villes rouge vont passer écarlate, donc d’autres commerces vont nous rejoindre dans la fermeture, on ne sera plus tout seul… Comme si ça allait gonfler notre trésorerie ! C’est juste la honte. Nos salles ont montré leur capacité à permettre aux français d’aller faire du sport dans des conditions sanitaires hyper efficaces, il n’y a aucun danger.

Les projets de nouvelles salles sont-ils en pause actuellement ?

Nous finissons les travaux d’Arkose Didot (Paris 14) et Arkose Pont de Sève (Boulogne Billancourt) que nous ouvrirons d’ici la fin de l’année, si nous en avons le droit. Nous avons aussi démarré notre chantier à Bruxelles. Nous sommes en train de boucler un tour de table de financement grâce à la confiance que nous accordent nos actionnaires pour financer nos 8 prochains projets. Ça ralentit un peu, mais contrairement au mois de mars, nous ne sommes pas totalement à l’arrêt.


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Suite au confinement durant le printemps, comment avait redémarré la pratique dans les salles ?

En juin, nous avions un trafic en baisse de 30% par rapport à la même période l’année précédente. Un gros travail de com’ nous a permis de revenir à -10% en septembre. En chiffre d’affaires, nous avions même réalisé un mois d’août supérieur à l’an dernier, à périmètre équivalent, ce qui était une super bonne nouvelle, les équipes se sont déchirées. Nous avons au moins montré l’appétence des français à venir ou revenir dans des salles de grimpe, malgré la peur du Covid, sans doute grâce aux bonnes conditions sanitaire d’accueil.

Comment envisages-tu l’avenir ?

Il va falloir faire le dos rond, c’est clair, monitorer le développement de manière super fine, être plus exigeant sur les nouveaux emplacements, être meilleur sur nos offres et notre capacité à faire venir du monde dans nos salles, mais je suis assez confiant. Être contraint à l’arrêt une seconde fois dans la même année, surtout dans ces conditions d’injustice, c’est hyper dur pour le moral. Mais on va se relever et reprendre le boulot, on est solide !

Le mot de la fin ?

Venez tous défiler avec nous vendredi 2/10 à midi, de Montparnasse jusqu’au ministère de la Santé ! C’est important de montrer, malgré la pluie, que nous sommes unis et déterminés !