Tenerife: L’hiver au soleil à 4 heures de Paris
Nombreux sont les grimpeurs français qui ont déjà traversé les Pyrénées afin de s’offrir un séjour de grimpe dans la péninsule ibérique. Certains se sont déjà rendu aux Iles Baléares pour s’adonner aux joies du psychobloc et trouver là-bas un peu d’exotisme. Mais force est de constater que (trop) peu de Français connaissent l’Ile de Tenerife et rares sont ceux qui ont conscience du potentiel offert par cette île en matière d’escalade.
Tenerife est une île espagnole de l’archipel des Canaries situé dans l’océan atlantique, au large du sud du Maroc. Cette île volcanique culmine à 3 718 mètres, ce qui fait d’elle le toit de l’Espagne. Depuis quelques temps, l’ile fait parler d’elle car il s’y est créé une formidable dynamique autour de l’escalade. Dans les alentours de la localité de Arico, centre névralgique de l’escalade sur l’île, on équipe à tout va et les nouveaux sites d’escalade fleurissent tandis que les anciens secteurs s’étoffent !
On trouve d’ores et déjà plus de 1 500 voies dans un rayon de 20 minutes en voiture autour du village de Arico. Certains secteurs ont étés équipés spécialement à l’intention des grimpeurs débutants ou amateurs alors que d’autres sont destinés aux grimpeurs confirmés avec des voies plus difficiles d’une incroyable qualité. L’île vient même de se doter de son premier 8c+/9a enchainé par Jérôme Gonzalez, le petit prodige de la grimpe locale.
En se baladant autour d’Arico, on se rend vite compte que nombreux sont les grimpeurs venant des quatre coins du monde qui se sont trouvés un jour ici, souvent par hasard, et qui ne sont finalement jamais repartis. C’est que nombreuses sont les raisons d’aller grimper à Tenerife !
D’abord, la qualité du rocher : le basalte que l’on trouve sur l’île est unique en Europe. Il se décline sous diverses formes : des formations excentriques dans des tons ocres avec une adhérence exceptionnelle sur le site de Las Cañadas del Capricho (un impressionnant secteur à 2 200m d’altitude) ou d’immenses parois parfaitement verticales parsemées de fissures interminables prenant des airs d’Indian Creek dans le secteur de Guaria. Tenerife peut en effet être un parfait terrain de jeu pour s’entraîner aux techniques de fissures avant, par exemple, de préparer un voyage outre-Atlantique.
On peut ensuite apprécier la quantité de voies : plus de 2 000 lignes ouvertes, équipées ou laissées en trad’, réparties sur une vingtaine de secteurs. S’ajoutent à cela des grandes voies dans des paysages à couper le souffle, des secteurs de bloc de la plus grande qualité et deux sites de psychobloc qui conviendront tant aux grimpeurs débutants qu’aux confirmés.
Mais ce qui fait le charme de l’escalade à Tenerife, c’est aussi tout ce qu’on y trouve en dehors de l’escalade. Car l’île a de quoi enchanter : du soleil et des températures autour de 20-25 degrés toute l’année, des plages de sable noir, blanc ou jaune ; des vagues internationalement réputées auprès des surfeurs ; des forêts primaires offrant de beaux circuits pour les randonneurs et VTTistes, et un volcan majestueux qui produit cette délicieuse illusion de se trouver dans un désert au-dessus des nuages.
En posant les pieds ici, on est d’abord surpris par l’atmosphère qui se dégage de cette île paradisiaque qui n’est pourtant qu’à 4 heures de vol de Paris. Mais l’autre surprise est de constater la formidable organisation des différents acteurs qui œuvrent autour de l’escalade à Arico. Si les équipeurs peuvent se permettre d’équiper et rééquiper des voies à un rythme effréné, c’est grâce à un projet de longue date portant le nom de « Roxtar », une ligne de vêtements et d’équipement en vente dans le shop local dont les bénéfices sont exclusivement destinés à l’achat des plaquettes, relais ou autre perfo, puis répartis entre tous les équipeurs de l’île. D’autres initiatives émergent dans ce petit village : un club d’escalade proposant toutes sortes de cours personnalisés et de sorties a été fondé par des guides, et un gite créé « par des grimpeurs, pour les grimpeurs » propose de vous loger dans une ambiance chaleureuse, et aussi de rencontrer d’autres amoureux du rocher, ou bien encore de vous entraîner sur le pan de bloc (si toutefois il vous restait un peu de peau à user !).
A Tenerife en général et à Arico en particulier, tout respire la grimpe et le renouveau sous le soleil !
Attention, on préfère vous prévenir : le retour sur le continent en plein hiver ne sera pas chose facile, car les émotions fortes vécues là-bas ainsi que les souvenirs des paysages ensoleillés risquent de hanter vos journées de travail une fois de retour…
Crédit photos: Frank Kretschmann, Omar Caballero et Martin Pötter
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Infos pratiques
- Quand s’y rendre ?
De septembre à avril pour profiter des meilleures conditions climatiques.
- Comment s’y rendre ?
En avion. Des compagnies low-coasts proposent des vols directs vers Tenerife (Aéroport Nord ou Sud) depuis la France à partir de 100 euros. Cependant, ce prix peut varier fortement selon l’aéroport de départ et la saison.
Vols depuis
-Paris Beauvais avec Ryanair ;
-Paris CDG avec EasyJet ;
-Marseille avec Vueling ;
-Barcelone avec Ryanair et Vueling.
- Comment se déplacer sur l’île ?
Les locations de voiture sont très bon marché : en moyenne, 15 euros par jour (assurance comprise) et l’essence est presque deux fois moins chère qu’en France.
Autoreisen (http://www.autoreisen.es/) ;
Europcar (www.europcar.es).
- Dans la localité de Arico :
- Où loger ?
Tenerife Climbing House (http://tenerifeclimbinghouse.com/) :
Bon marché, propre et accueillant. On peut y réserver une chambre double, un lit en dortoir ou un simple emplacement de camping. C’est le meilleur endroit pour rencontrer des grimpeurs et être tout près des sites d’escalade.
Tenerife Lodge (www.tenerifelodge.com) :
Offre des locations d’appartements et de maisons pour plus de confort, tout en restant à proximité des sites d’escalade.
- Où trouver un guide, un accompagnateur ou prendre des cours d’escalade ?
El Ocho Escalada (http://www.ocho-escalada.com/) :
Ce club dirigé par Erik, guide de montagne diplômé AEGM, offre de nombreuses possibilités de cours et d’accompagnement, depuis l’initiation jusqu’au perfectionnement.
- Où acheter/louer du matériel ?
Roxstar – Tenerife Outdoor (www.roxtar.es) propose une gamme très complète de matériel de montagne disponible à la vente, et propose un service de location de chaussons et crashpads.
- Où se restaurer, faire ses courses ?
Bar Antonio (produits typiques) ;
Bar Jeronimo (sandwishes) ;
Mercado Marpes (minimarket, fruits et légumes) ;
Finca Arico (paniers de légumes bio, bières artisanales).
- Où découvrir les initiatives culturelles des associations locales ?
Rasclat World (http://www.rasclatworld.org)
- Topos
Le topo « Tenerife Escalada Deportiva » (en espagnol et anglais) publié en 2010 fait encore référence, bien que les tout derniers secteurs n’y figurent pas. Des topos complémentaires peuvent être prêtés ou vendus à la boutique Roxtar -Tenerife Outdoor.
Un nouveau topo complémentaire regroupant les nouveaux secteurs est en cours d’élaboration par Roxtar et El Ocho Escalada et devrait sortir courant 2016.
Pour le bloc (boulder), on peut télécharger gratuitement le topo sur le site internet http://guiaboulderpirata.blogspot.com.es/
- Quel matériel emmener ?
Une corde de 70 m peut suffire mais certains des meilleurs sites tels que Guia de Isora nécessitent une corde de 80 m. Pour les amateurs d’escalade en trad, il est fortement conseillé d’apporter son propre matériel car les fissures de qualité abondent sur l’île. La boutique Roxtar – Tenerife Outdoor propose la location de crashpads, chaussons et autres matériels en cas de besoin.
- Que faire les jours de repos ?
Les possibilités d’activités outdoors ne manquent pas et pourraient même facilement justifier un voyage à elles seules. Citons entre autres activités :
le surf (plage de Las Americas, El Socoro, Punta de Hidalgo…) ;
le kite-surf et Wind-surf (plage de El Medano) ;
la randonnée (Volcan du Teide, forêt de Anaga, paysages lunaires de Vilaflor…) ;
le VTT, DownHill et vélo de route partout sur l’île ;
les plages (plages de sable noir de Bollullo, Las Teresitas, La Caleta …).
Texte: Tristan Chatelain
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https://vimeo.com/63393270