Récit de trip: Abella de La Conca (Espagne) et Datça (Turquie) by Svana Bjarnason
Cette année j’ai eu la chance de faire deux beaux trips de grimpe et en plus en très bonne compagnie. Un emploi du temps light côté cours et des connaissances bien placées m’ont permis de découvrir deux endroits magnifiques. Comme j’aime partager les bonnes choses c’est avec joie que je voudrais vous présenter deux nouvelles « places to be » : Abella de La Conca et Datça.
Mes tribulations m’ayant d’abord conduite en Espagne, je commencerai par là. C’est donc en février 2015 que nous nous retrouvons, Axel Ballay, Mike Fuselier, Nina Caprez et moi-même, un peu perdus sur la route menant à Abella de La Conca. Situé à une cinquantaine de minutes du gros spot espagnol d’Oliana, le (minuscule) village de 14 habitants se trouve dans les hauteurs, à 1000m et offre une vue exceptionnelle sur les alentours. Etant arrivés de nuit il a été difficile de s’en rendre compte mais quel bonheur de voir ça au réveil !
Pour ce premier voyage nous avons été accueillis comme des rois (pour ne pas dire plus) par une tribu franco-anglaise : Nicolas le frenchie, Eleanor l’anglaise et leurs deux enfants trilingues. J’avais rencontré Nico il y a quelques années lorsque je grimpais au club de Massy et l’avais plusieurs fois recroisé en extérieur. Lorsqu’il nous a proposé de venir nous n’avons pas hésité une seconde ! Férus de falaise, lui et Ella se sont installés il y 2 ans et demi en Catalogne en relevant le défi d’ouvrir un refuge écologique (Eco-refugi) dans un site tout nouveau, peu fréquenté à l’époque mais débordant de potentiel. En voyant leur gite et en sachant ce que c’était avant (un hôtel du début du siècle et des écuries en ruine) on ne peut être qu’impressionné par le boulot de monstre qu’ils ont fait. Un grand bravo pour avoir rendu cet espace difficile à réorganiser en un endroit hyper agréable à vivre !
Nico et Ella ont aussi énormément contribué à développer le secteur grâce au refuge, géré par une association à but non lucratif qui finance le développement de la falaise. 150 voies ont été ouvertes depuis l’ouverture de l’eco-refugi avec l’aide d’amis de passage tels que Jack Griffiths, Geir sodeirin et Klemen Becan. Lui et Nico viennent d’ailleurs d’équiper une nouvelle face Nord avec une trentaine de voies du 5+ au 9a dont une quinzaine dans le 8. Pour ceux qui ne savent pas où aller cet été…!
Nous avons donc passé quelques jours en leur compagnie, en profitant pour découvrir le coin. Ayant plutôt des projets à Oliana, nous n’avons pas énormément grimpé à Abella. Mais il était impossible de ne pas faire un tour au secteur des Arches, Forat dels Lladres que nous avions vu en photo et qui nous faisait saliver.
Une escalade déversante assez basique et très agréable, avec des petits bouts de colos qui trainent, sur un très beau rocher bien abrasif dans un secteur plus que photogénique et qui en plus est à l’ombre donc parfait pour les jours de grand soleil ! Bref que du bonheur. Il y a plutôt des voies dures/très dures, Mike aura d’ailleurs rajouté son grain de sel en ouvrant une nouvelle voie « L’arche de résistance », probablement un 8c+. Avis aux amateurs de FA’s, il y en a encore plein d’autres à faire !
Pour la journée de repos nous avons eu droit au tour du propriétaire dans le 4×4 drivé par Nico. Nous avons été voir les principaux secteurs équipés ou à équiper et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y a de quoi faire. Abella de la Conca offre un véritable potentiel, dans le dur et dans le moins dur, il y en a pour tout le monde avec plus de 300 voies équipées et autant à venir. En plus on peut y grimper toute l’année grâce à l’altitude et toutes les orientations ☺
Abella est donc une destination parfaite pour ceux qui veulent changer des sites classiques espagnols mais aussi pour les autres puisque le village est situé à 30-60 min des sites phares tels qu’Oliana (50min), Terradets (30min), Santa Linya (50min),… Ca fait certes toujours un peu de route mais ça permet d’être posé dans un super endroit et de varier les jours de repos. Parce qu’on peut faire plein d’autres choses là-bas, de la rando, du parapente (Axel a testé, paraît que ça marche plutôt bien), du vélo, du canyoning,… tout ça tout ça !
N’hésitez donc pas à rendre visite à Nico et Ella dans leur petit paradis, vous serez bien accueillis, vous aurez une multitude de falaises à découvrir et vous aurez de quoi vous occuper le reste du temps. A noter que le site est développé dans le respect et de manière durable : la rénovation a entièrement été faite de manière écologique, une coopérative fédérant les agriculteurs locaux prêts à se lancer dans le bio a été mise en place, ainsi que des toilettes sèches sur certains secteurs sensibles et sur le parking. A nous grimpeurs d’aider à respecter cela !
Mention spéciale :
– la délicieuse paëlla géante le soir de notre arrivée, pour fêter les 1 an d’ouverture du gite.
– le sauna chauffé au bois et le poêle dans le salon pour les soirs un peu frais
– la terrasse pour le yoga, les étirements ou les abdos pour les courageux
– les produits locaux, le miel, la bière et surtout l’huile bio réalisée par Nico et Ella eux-mêmes
Encore un énorme merci à eux pour leur accueil et leur gentillesse. Plus d’informations sur http://abellaclimb.com et pour les images la Climbing Family a sorti une petite video « Summer Abella » : Gautier Supper dans la première ascension de Flying elephant party 8b, double back flip de Quentin Manzato du haut de Pepita 8b, parapente, farniente et ambiance du lieu en été!
2 mois plus tard nous avions prévu de grimper en Turquie, Mike n’ayant fait qu’une voie là-bas lors du roc trip et Axel et moi étant tout simplement rentrés avant d’avoir pu y mettre les pieds. Nous voulions tester Geyikayiri et Citdibi mais c’était sans compter les mauvaises conditions météorologiques et notre équipeur préféré, j’ai nommé Nastro (Nicolas Nastorg pour les non intimes) ! Exilé là-bas depuis quelques temps, il a eu la bonne idée de nous faire la pub de sa maison du moment quelques semaines avant notre arrivée. Des photos prometteuses, moult éloges de l’endroit et un hiver pourri ont fait qu’après quelques réorganisations nous avons décidé d’aller découvrir le havre de paix d’Olivier Nicolet : Datça.
Datça est située sur la pointe sud-ouest de la Turquie. Ayant déjà des billets d’avion pour Antalya nous avons rejoint la ville en voiture (environ 5h de route), accompagnés cette fois-ci du grand Vincent Albrand et d’Albane Seassau. Dirigés par Olivier nous avons débarqué dans un univers enchanteur, un grand jardin rempli d’oliviers et de sortes de tipis plus communément appelés « bungatentes », et des parties communes en dur (douches, toilettes, cuisine salle à manger). Tout simplement magique. Ajoutez à ça les poissons au diner, fraichement pêchés par Oliv et Nastro le jour-même et vous aurez une idée de ce que peut être Datça !
Même schéma qu’à Abella, la famille Nicolet — Olivier, Valérie et leurs deux enfants — sont arrivés en Turquie en 2013, après un voyage de deux ans en camping-car. À la recherche de la future mecque de l’escalade, Olivier surfait tous les soirs sur google earth avant de tomber sur une photo d’une grotte prise par un trekkeur. En un rien de temps la famille quittait la Suisse pour s’installer en Turquie, pour notre plus grand bonheur.
Ouvreur fou il a vite été rejoint par Nastro, puis d’autres… Ils ont ouvert à ce jour environ 250 voies. A noter qu’Oliv en a équipé la moitié lui-même et a surtout tout financé de sa poche…! Même combo qu’en Espagne, les Nicolet ont ouvert leur camping tout récemment, accueillant les grimpeurs avides de nouveauté.
Dès le jour de notre arrivée, à la tombée de la nuit, nous sommes allés faire un petit repérage du spot. Rien qu’en voyant le secteur principal, Can Baba, on s’est tout de suite dits qu’on avait eu raison de venir tellement le rocher était impressionnant. Après le premier jour de grimpe, le constat était fait : quelle chance de pouvoir découvrir cette falaise tant qu’elle n’est pas encore trop connue !
Les possibilités de grimpe qu’offre ce lieu sont hallucinantes et on peut assurer sans aucun doute que Datça atteindra très vite la renommée de Kalymnos. Pour ceux qui n’aiment pas grimper lorsqu’il y a trop de monde, dépêchez-vous de réserver vos billets d’avion !
Encore une fois nous n’avons pas tant grimpé sur place. L’accident de Mike s’est produit lors du 2e jour de grimpe et il y a eu quelques soucis ensuite avec les autorités, qui nous ont empêchés de retourner grimper dans le coin. Malgré les tristes évènements on a quand même pu tester deux secteurs : Can Baba la fameuse grotte et Sucuk un plus petit secteur bien sympa.
La grotte est incroyable, tant à grimper qu’à regarder. Le rocher est magnifique, l’équipement impeccable et les voies très bien ouvertes. De petits bijoux vous attendent ! Les amateurs de colos seront servis là-bas mais il n’y a pas que ça et il y a des voies majeures dans tous les niveaux, du 5 au 9. Attention elles sont souvent longues donc il vaut mieux avoir un peu de réserve dans bras !
A côté de la grimpe la région est aussi très agréable, la mer est à deux pas, avec possibilité de faire de la planche à voile selon la saison, il y a le village de Knidos et ses ruines pour le côté touristique, la pêche, les balades pour découvrir et encore des dizaines de sites qu’il est possible d’équiper… De quoi passer un bon moment. Et pour les grimpeurs/parapentistes, qui commencent à se faire nombreux, le site mondialement connu d’Oludeniz est à mi-chemin entre Antalya et Datça!
Mention spéciale :
– le poêle, toujours pour les soirées un peu fraîches
– les bungatentes trop mignonnes qui permettent de venir sans rien puisque les matelas, draps, couettes et oreillers sont fournis.
– les douches, bien chaudes et avec plein de pression pour se remettre des grosses journées
– la grande bâche vitrée qui s’ouvre dans la salle à manger, pour les jours de beau temps !
Bref tout ça nous a énormément donné envie de revenir, on est restés sur notre faim donc on sera tous de retour là-bas dès l’année prochaine ! J’en profite pour remercier une fois de plus Olivier et Valérie qui ont été d’une efficacité hors norme lors de l’accident et qui sont à l’image des turques : accueillants, disponibles et toujours prêts à aider.
- Plus d’infos : datcaclimbing@gmail.com ou facebook d’Olivier Nicolet